Bangui (Centrafrique) – 2,1 milliards de Frans CFA c’est le montant empoché plus ou moins en toute légalité par deux entreprises des travaux publics pour la réhabilitation mécanisée de l’axe routier Sibut-Bambari depuis 2018.
Si le marché d’entretien de l’axe Sibut-Grimari a été attribué à la société libanaise SAT pour un montant de 1,2 milliard de francs CFA, la semence, quant à elle, récolte quelque 900 millions de francs CFA pour les mêmes travaux sur l’axe Grimari-Bambari.
Alors que dans les cahiers de charges il était question de la remise en état des axes Sibut-Grimari (120 kilomètres) et Grimari-Bambari (80 kilomètres) par des moyens mécaniques avec des reprofilages légers, voir lourds avec le rechargement d’une bonne couche de roulement en matériaux latéritiques, force est de constater que seulement 40 kilomètres sur 120 qui séparent Sibut-Grimari avaient été bourrés légèrement des matériaux latéritiques, tandis que le reste de 80 kilomètres sont encore dans son état initial totalement délabré avant l’exécution du contrat.
Par contre sur l’axe Grimari-Bambari, la société Semence, qui a empoché les 900 millions de ce contrat, sous-traite pour une valeur de 300 millions de francs CFA à l’Office national des matériels (ONM) qui tente malgré tout de faire ces travaux avec des moyens de bord depuis 2018.
Sur ce dossier, le pasteur apostolique, propriétaire de l’entreprise Semence, ne veut pas commenter cette affaire.
Par contre, pour les travaux de route Bouar-Bozoum, une équipe de la société Semence vient d’arriver sur place pour recoller les morceaux.
Entre temps, lors de notre enquête sur la mafia des BTP en République centrafricaine, nous avons remarqué que bon nombre des sociétés privées, ayant souscrit au moins un contrat d’exécution publique avec l’État, versent malheureusement une forte somme d’argent à titre de rétrocommission à certaines personnalités politiques au pouvoir. Ce qui fait que ces sociétés semblent avoir une bonne marge de manœuvre pour faire tout ce qu’elles veulent.
À titre d’exemple, la villa duplexe de l’ancien Premier ministre Simplice Mathieu SARANDJI au PK11, y compris celle en construction derrière le pont de PK10 sont construites gratuitement par la société Semence dans le cadre des contrats publics qui lui sont attribués par le gouvernement. Et ce n’est qu’une partie visible.
En même temps, ce vendredi 17 mai 2019, le président de la République Faustin Archange TOUADERA, qui a présidé une réunion au palais de la Renaissance avec les cadres du ministère des Finances et des Travaux publics, a instruit le ministre des Finances Henri Mari Dondra et les fonds d’entretien routier à débloquer des fonds pour la réhabilitation des pistes urbaines et rurales.
« C’est clair, le chef de l’État, à l’approche des élections générales, tente de pomper des frics au trésor public pour sa campagne électorale », explique un cadre du ministère des Finances, sous couvert de l’anonymat.
D’autre part, Wizalli, un professeur d’école explique pour sa part que le chef de l’État a besoin des grands projets utopiques pour tromper le peuple à l’approche des élections.
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