Centrafrique : Retour à la stabilité à Boda grâce au déploiement des forces de sécurité intérieures
Bangui, le 5 août 2017.
Par : Fred Krock, CNC.
La ville de Boda a retrouvé sa totale quiétude d’avant la crise. Alors que depuis près de trois mois, aucune force internationale n’est opérationnelle sur-place. La population salue le fait que seules les forces de sécurité intérieures (Gendarmerie et Police) quand bien même limitées en moyens et en hommes, ont réussi à stabiliser la ville et permettre que Boda devienne le « symbole de la cohésion sociale », comme l’a remarqué le Ministre de l’Education Moukadas Noure, de passage dans la localité.
De quoi croire encore en ceux qui estiment que la présente crise en RCA est centrafricaine et que sa solution ne pourrait qu’être centrafricaine. La ville de Boda située à 196 km à l’Ouest de Bangui a été l’une des villes les plus touchées par la dernière crise, surtout par sa connotation intercommunautaire. Musulmans et Chrétiens se sont affrontés à sang et à mort, ceci après le départ de la Séléka dans la localité.
En effet, et selon Boniface Katta, Maire de Boda, jusqu’au 15 septembre 2014, Boda a enregistré plus de 7000 déplacés ; 1283 maisons détruites ; 158 personnes tuées dans la crise intercommunautaire. Le tissu social est complètement en lambeau. Le clou de cette situation aura été que la fréquentation de l’école publique par les enfants musulmans a véritablement posé problème au moment où des efforts sont consentis pour le retour à la cohésion sociale.
Cela n’aura que trop duré. La population, deux communautés confondues n’est plus que jamais déterminée à enterrer la hache de guerre et de se faire une paix durable.
A ce jour, les indicateurs sont ramenés au vert. « Boda, cette ville de la préfecture de la Lobaye est devenue un symbole de cohésion sociale aujourd’hui. Sur les idéaux du Père Fondateur Barthelemy Baganda, je dis que si nous parlons de Chrétiens et Musulmans aujourd’hui, demain nous ne parlerons que de Centrafricains. Le Gouvernement ne ménage aucun effort pour rétablir la paix et la cohésion sociale dans tout le territoire de notre pays », a fait remarquer le Ministre Moukadas Noure qui, en courte visite de travail dans la localité qui a pu palper ce retour à la paix et à la cohésion sociale.
Evidemment, le brassage de la population est visible. Les quartiers non-musulmans sont devenus fréquentables pour le musulmans et vice-versa. Ce qui a permis la reprise des activités socio-économiques dans tous les secteurs. Ali Bouba, Imam de la Mosquée centrale, Secrétaire général de la Communauté islamique de Boda attribue cet inversement rapide de tendance par l’absence des éléments de la MINUSCA et leur remplacement systématique par les Forces de sécurité intérieures. « Depuis près de trois mois, il n’y a plus de force onusienne à Boda, ce sont les forces de sécurité intérieures, gendarmerie nationale et la police centrafricaine, malgré la limite de leurs moyens en matériels et en effectif, qui ont assuré la sécurité et rétablir la paix véritable à Boda. Cela a été rendu possible grâce également à la détermination des deux communautés qui ont dit non à la guerre et résolues à faire la paix », a indiqué l’homme de Dieu.
En exemple, l’Imam cite le cas de la fête de Tabaski célébrée à Boda sous le signe de cicatrisation des plaies occasionnées par la crise intercommunautaire. En effet, les quelques dix milles musulmans de Boda habitant les quartiers Ali, Sarakporo, Clair et Kpéténé, autour de leur Imam ont partagé le repas de Tabaski avec leurs frères non musulmans de la ville, en signe du retour effectif de la cohésion sociale.
« Comme tous les musulmans du monde entier, nous les musulmans de Boda sommes dans la grande fête de Tabaski aujourd’hui. La célébration de cette année est toute particulière parce qu’elle intervient à un moment où le vivre ensemble est redevenu une réalité à Boda après que nous ayant traversé une longue et douloureuse période de crise entre les deux communautés musulmanes et chrétiennes », a fait savoir l’Imam. Et de se faire compléter par Thierry Kobada, Membre de l’Organisation de la jeunesse de Boda qui affirme : « Nous le savons que la crise que nous avons connue est comme un vent maléfique qui a soufflé sur notre pays. A Boda, la situation a été plus grave avec un conflit opposant les deux communautés. Finalement, nous avons compris que nous étions manipulés, mais nous ne pouvons pas continuer à détruire notre propre pays. Nous avons décidé d’enterrer la hache de la guerre et créer un environnement propice pour l’avenir de nos enfants. Tout est en train d’être mise en œuvre pour que demain en arrivant à Boda, que personne ne remarque que notre belle ville a connu de crise ».
Assim Soulé, 13 ans est élève en classe de CM2 à l’Ecole publique de Samboli. Lui-aussi note avec satisfaction le rétablissement rapide de la cohésion sociale à Boda : « Auparavant, les enfants chrétiens comme musulmans, nous fréquentons le même établissement. Mais, cela n’était pas possible pendant la période de conflit quand les enfants musulmans ne pouvaient plus circuler librement et ne pouvaient pas aller à l’école publique. Aujourd’hui, grâce au travail inlassable de cohésion sociale des autorités de notre pays et les notables musulmanes et chrétiens de Boda, je fréquente l’école publique de Samboli ».
En somme, la marque du retour à la cohésion sociale et à la paix à Boda inspire quant à l’intervention des forces étrangères dans le pays. Le leader religieux cité ci-haut a ouvertement doigté des « manipulateurs » qui veulent que la crise de termine pas. Il justifie cela par l’heureuse coïncidence entre le départ des éléments de la MINUSCA à Boda et le rétablissement rapide de la paix. Que cette fois, la vigilance puisse présider à la clairvoyance des Centrafricains de ne plus céder à la manipulation, mais de veiller à la reconstruction post-crise en cours dans le pays.