CENTRAFRIQUE : QUAND L’ENTOURAGE DU CHEF DE L’ÉTAT NOURRIT AUSSI DES AMBITIONS PRÉSIDENTIELLES POUR LES ÉCHÉANCES ÉLECTORALES DE 2021.
Bangui, le 8 juin 2018.
Par : Bernard Selemby Doudou, CNC.
Les élections couplées post crise se sont déroulées dans des conditions peu acceptables avec le concours de la communauté internationale et la docilité des groupes armés non conventionnels. Un président de la république a été démocratiquement, légitimement élu au suffrage universel direct et une nouvelle constitution promulguée. Le processus d’un retour à l’ordre constitutionnel fut enclenché avec la mise en place des institutions républicaines prévues par la constitution du 30 mars 2016. L’espoir et le rêve ont repris leur droit et les lueurs du vivre ensemble ainsi que de la cohésion sociale se pointent au zénith.
Le président de la république fait usage de son pouvoir discrétionnaire prévu par l’article 33 de la constitution pour nommer aux postes civils, militaires, la nomination du premier ministre ainsi que de son gouvernement. Le pouvoir discrétionnaire du président de la république est la liberté d’appréciation laissée à la discrétion d’une personne ou d’une Administration. Ce pouvoir discrétionnaire à la caractéristique d’échapper au contrôle du juge mais dans certaines circonstances il peut faire l’objet d’abus préjudiciable à certains principes généraux de droit. Ainsi, l’entourage du président de la république ou du moins ses proches collaborateurs sont constitués selon la volonté et l’agrément du chef de l’Etat.
L’entourage du président de la république a la particularité d’être constitué du cercle familial où l’amateurisme et l’incompétence sont les règles. Très vite, un climat de concurrence s’installe entre les élus du président de la république qui prennent en retour ce dernier en otage au point d’influence ses décisions et orientations politiques. Ce cercle vicieux composé de parvenus, d’amateurs en manque d’inspiration et de personnalités atteintes de cécité intellectuelle, des opportunistes patentés, des allocataires des Assédics et autres aides sociales de France.
Ils se distinguent tous par le fait qu’ils sont pressés d’être au sommet en un temps record c’est à dire avoir de belles voitures, de belles villas et un train de vie élevé sans faire recours à un quelconque prêt bancaire. Certains se permettent même de façon informelle d’instaurer de passe-droits pour bénéficier d’audiences avec leur mentor. Autoproclamés nouveaux riches de Bangui, d’autres commencent à nourrir, cultiver ou murmurer des ambitions présidentielles pour les échéances électorales de 2021 au point de débrayer au lieu d’aider utilement le président de la république à soigner son bilan, condition sine qua non d’une éventuelle réélection.
Bientôt la liste des dissidents va s’allonger, les opportunistes saisonniers vont débarquer du navire et les « ignorés » du régime vont se coaliser pour se consoler. On assistera in fine à l’implosion du bloc. Désormais les batailles du couloir et les guerres fratricides internes seront publiques au grand étonnement du citoyen lambda qui s’interroge : Que fait concrètement l’entourage du président de la république pour l’aider à endiguer durablement la crise ? Comment cet entourage bourré d’ambitions présidentielles s’attellera t-il pour aider à la réélection du président de la république ?
Peut-on soutenir avec ardeur les actions du président de la république tandis qu’on lorgne en même temps le fauteuil présidentiel ? Cette pléthore de collaborateurs issue majoritairement des outsiders caractérisés par l’incompétence et l’amateurisme est-elle encore utile pour assumer la vision politique du chef de l’Etat ? L’avenir sécuritaire des centrafricains est-il otage des ambitions personnelles des nouveaux riches de Bangui ? Le jeu malsain de l’entourage présidentiel est-il la résultante de la politique de l’autruche basée sur le mensonge ? A ce stade, l’entourage ne constitue t-il pas un frein ou un poison aux initiatives novatrices du président de la république ? Est-ce le début du processus de la fin ? Le président de la république a t-il encore des énergies ou des ressources pour redresser la barre avant le naufrage ? Qu’en est-il de la création de son parti politique pour relancer sa politique ? Ira t-il encore aux échéances électorales de 2021 sans parti politique ?
A presque mi mandat, l’heure est venue de briser les rêves olympiques de ces vautours qui pactisent avec tous les régimes qui se succèdent dans le seul but d’asservir et de se servir au détriment d’un peuple agonisant. Ainsi, il apparaît irréversible de procéder à une purge chirurgicale en vue d’assainir l’entourage du président de la république. Déjà isolé au niveau sous régional et boudé par l’ancienne puissance coloniale, le président de la république devient aveugle dépendant de son entourage et déconnecté des réalités socio-économiques du pays.
Fort de ce qui précède et après analyse, l’opinion nationale commence à comprendre pourquoi le président de la république hallucine et voit des manœuvres de déstabilisation du régime partout. Mais attention, ne le dites à personne. Si on vous demande, ne dites pas que c’est moi.
Paris le 08 juin 2018. Bernard SELEMBY DOUDOU. Juriste, Administrateur des élections. Tel : 0666830062