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CENTRAFRIQUE : PAR SOUCI DE RESPECTER LE DÉLAI CONSTITUTIONNEL, FAUT-IL BÂCLER LE PROCESSUS ÉLECTORAL AU RISQUE DE PROVOQUER UNE CRISE POST-ELECTORALE ? 

Monsieur Bernard Selembi Doudou, l'auteur de l'article. Photo de courtoisie.
Monsieur Bernard Selembi Doudou, l’auteur de l’article. Photo de courtoisie.

 

Bangui, Réppublique centrafricaine, samedi 19 septembre 2020 ( Corbeaunews-Centrafrique). Aux termes d’un mandat tumultueux et peu glorieux de cinq ans,  des élections présidentielles et législatives doivent être organisées pour désigner le nouveau locataire du palais de la renaissance ainsi que de renouveler l’assemblée nationale. Selon les dispositions de l’article 144 de la constitution confirmé par l’article 44 du code électoral, cette noble mission d’organiser les élections générales est confiée à l’Autorité Nationale des Élections (ANE), une institution républicaine pérenne qui jouit théoriquement d’une autonomie de gestion. Pour des raisons d’insécurité chronique associée aux effets multiformes de la pandémie du coronavirus, l’Autorité Nationale des Élections rencontre des difficultés d’ordre technique, matériel et humain avec des incidences évidentes sur le chronogramme électoral initialement établi.

 

En effet, l’enrôlement des centrafricains de la diaspora est encore en cours et certaines préfectures sur le territoire national ne sont pas encore enrôlés. Au delà du retard générateur de craintes et de doutes sur la faisabilité du processus dans le délai constitutionnel, on relève avec regret le silence à desseins da la loi n* 19.012 du 20 août 2020 portant code électoral sur le vote des réfugiés centrafricains dans des pays limitrophes et des déplacés internes. Alors qu’à la lecture du chronogramme initial, le président de la république devrait par décret convoquer le corps électoral au plus tard le 27 septembre et pour remédier aux difficultés rencontrées sur le terrain, l’Autorité Nationale des Élections propose au gouvernement de décaler techniquement les délais légaux tout en conservant le délai constitutionnel c’est à dire maintenir les élections groupées au 27 décembre 2020.

En réponse à cette demande, un conseil de ministre extraordinaire a été convoqué et un projet de loi modifiant certaines dispositions du code électoral notamment les articles 4, 6-2, 12 et 15 alinéa 1 a été transmis hors session à l’assemblée nationale pour autoriser la modification des délais légaux.

Parallèlement à cette démarche, l’opposition démocratique y entrevoit une manœuvre de fraude massive et accuse le pouvoir de vouloir bâcler le processus électoral en passant en force. En l’absence de concertation proposée par la Cour constitutionnelle, les deux blocs s’observent en chiens de faïence et progressivement et de manière évidente le ciel s’assombrit sur l’avenir du peuple centrafricain.

Dans l’impasse, le citoyen lambda victime de la politique égoïste des élites qui appartiennent à une génération démodée s’interroge :

Le délai supplémentaire réclamé par l’ANE sera t-il suffisant pour organiser une élection apaisée et acceptée ? S’entêter à organiser les élections dans les conditions actuelles n’ouvre t-elle pas la voie à un désordre dans le pays ? Sommes-nous déjà au point de blocage dans le processus électoral ? Existe t-il de calculs politiciens autour de ce pseudo blocage ? Quelle est la part de responsabilité de la communauté internationale dans ce bâclage du processus électoral ? Une élection bâclée n’amenuise t-elle pas les chances de sortie de crise ? Dans les conditions actuelles, l’opposition démocratique rassemblée dans le COD 2020 va t-elle boycotter les élections ? Le centrafricain est-il encore et toujours le maître de son destin ? En décalant Les délais légaux sans impacté le délai constitutionnel, les quatre vingt dix (90) jours prévus par les textes pour convoquer le corps électoral ne seront-ils pas mathématiquement réduits ?

Au delà de ces multiples questionnements, l’opinion publique se trouve confronter à un désordre organisé car en voulant agir précipitamment, le pouvoir mélange les pinceaux. Alors que la communauté internationale et le cadre de concertation plaident pour le vote des étrangers et les déplacés internes, l’ordre du jour du décret n* 20.340 du 16 septembre 2020 portant convocation de l’assemblée nationale en session extraordinaire du 18 au 23 septembre 2020 ignore majestueusement les réfugiés et ne mentionne que la modification des délais légaux.

Pour finir, il est important de souligner que depuis les indépendances, notre patrimoine commun a toujours souffert de crise de légitimité des institutions politiques.

En conséquence de ce qui précède, une élection crédible et apaisée s’impose en vue d’enraciner notre jeune démocratie et de s’inscrire dans l’ère de l’émergence.

Mais attention, ne le dites à personne. Si on vous demande, ne dites surtout pas que c’est moi.

 

Paris le 18 septembre 2020.

Bernard SELEMBY DOUDOU.

Juriste, Administrateur des élections.

Tel : 0666830062.

 

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