Chers Camarades militants et sympathisants,
Cela finira par devenir une habitude, me diriez-vous, mais je vous prie de m’excuser une fois de plus, de n’avoir pas tenu depuis un certain temps , mon engagement de vous adresser régulièrement cette lettre.
L’actualité politique de notre pays avec son cortège de réunions et de déplacements, ainsi que la préparation de la prochaine session du Conseil Politique National, instance suprême de notre Parti, et celle du Congrès extraordinaire, me laissent objectivement très peu de temps. Je ferai au mieux à l’avenir.
L’avenir immédiat pour notre pays, c’est le prochain déploiement, le 15 septembre prochain, des Casques Bleus des Nations Unies. Il vous souviendra que suite à l’appel lancé du haut de la tribune des Nations Unies le 15 mai 2013, par le Premier Ministre d’alors, Me Nicolas Tiangaye, pour demander l’intervention armée de la communauté internationale aux côtés de la MISCA pour sauver notre pays et notre peuple, notre Parti a relayé ce discours par des contacts de terrain pour la rendre possible. Nous saluons à nouveau la mobilisation de nos camarades partout dans le monde pour défendre la cause de notre pays. Un hommage mérité doit être rendu au Président François Hollande qui s’est personnellement impliqué pour obtenir ces résultats, aux Chefs d ‘Etat de la CEMAC, de la CEEAC et aux trois personnalités religieuses centrafricaines – Mgr Dieudonné Nzapalainga, l’Imam Kobine Layama et le Pasteur Nicolas Grékoyamé – sans lesquelles la mobilisation internationale aurait été plus laborieuse.
Merci à nos camarades socialistes français Harlem Désir et Jean-Christophe Cambadélis, ainsi qu’à toutes leurs équipes. Merci à nos camarades de la Fondation Jean-Jaurès. J’associe à ces remerciements toute la grande famille de l’Internationale socialiste et notre Secrétaire Général le camarade Luis Ayala à Londres, ainsi que le Président de son Comité Afrique Emmanuel Golou.
L’arrivée très prochaine des Casques Bleus dans notre pays sera un déclic important pour un retour à la paix, pour la très simple raison que notre situation est plus grave que celle des autres pays en conflit, puisque nous n’avons ni armée, ni police ni gendarmerie opérationnelles sur lesquelles pouvoir compter.
Depuis le forum de Brazzaville en effet, tout se passe comme si les ennemis de la paix se sont donné le mot pour multiplier les incidents meurtriers sur le terrain: Dékoa, Batangafo, Bouca, Mbrés, Bambari , Boda, le km5, Boy-Rabe, etc. C’est par dizaine que des vies humaines sont fauchées, et les forces internationales sont mises à rude épreuve.
Nous sommes à la croisée des chemins, et au carrefour de la vie de notre pays. Nos difficultés politiques récurrentes sont la conséquence de la profonde crise éthique, politique et de gouvernance de notre pays, et leur résilience trouve ses fondements dans notre rapport laborieux avec les normes, mais aussi avec l’altérité.
Là où nous en sommes aujourd’hui, nous n’avons plus le choix. Soit nous remportons une victoire contre nos propres pesanteurs, et nous sauvons notre pays, soit nous continuons à faire comme si de rien n’était , et nous continuerons à vivre cette situation d’une extrême gravité : notre Etat est à genoux, balloté au gré d’intérêts catégoriels inavouables, sans administration civile ni militaire, sans armée opérationnelle, avec une bonne partie de nos compatriotes déplacés internes et réfugiés dans les pays voisins, et une économie et des finances en état de mort clinique.
Le Mouvement de Libération du Peuple Centrafricain, parti issu de notre peuple dans les affres de la dictature implacable de 1979, ne doit ménager aucun effort, ni ici au pays ni ailleurs, pour œuvrer, aux côtés des autres forces politiques et sociales, afin que notre pays, de fait divisé, se réunisse dans la paix, dans la tolérance et dans le bien -vivre ensemble, quelles que soient nos opinions, nos origines et nos croyances.
Virgile, dans l’Enéide, disait il y a plus de deux mille ans: “Timeo Danaos et dona ferentes…”, il n’y a pas de cadeaux à attendre par le peuple centrafricain, de qui que ce soit.
Seule notre engagement et notre vigilance républicaine nous permettront d’œuvrer pour sauver notre pays, afin que la parole revienne à notre peuple souverain.
Victoire Camarades, seule la lutte libère!
Bangui 28 août 2014
Martin ZIGUELE