Bangui, République centrafricaine, lundi, 30 août 2021, 02 :15:57 ( Corbeaunews-Centrafrique ). Les recettes douanières représentent près d’un tiers du budget de l’État centrafricain, mais les partenaires techniques et financiers pointent régulièrement des problèmes d’organisation et de corruption. Le 7 mai dernier, un accord douanier a été signé entre la mission économique russe et le ministère des Finances du pays. Mais cet accord ne cesse de provoquer des débats. En effet, selon les douaniers centrafricains « […] les soi-disant experts douaniers russes, qui travaillent pour le compte de la société Wagner en Centrafrique sont complètement hors dudit accord. Ils ne respectent rien ».
Un accord aux détriments des Centrafricains
Officiellement, il s’agit d’un accord de coopération technique par lequel la mission économique russe est censée aider à lutter contre la fraude en matière de transit et améliorer le niveau des recettes perçues par l’Etat centrafricain.
Cet accord permet aux agents russes de contrôler pleinement les flux de marchandises au détriment des douaniers centrafricains de la DGDDI. Dans un tel contexte, cette situation génère de nombreuses frustrations au sein de la fonction publique et des entreprises de transports locaux. Les partenaires clés du pays également ne voient pas d’un très bon œil cette tutelle des douanes par les russes au profit du groupe paramilitaire WAGNER. Les mercenaires russes ne font en réalité que prendre le travail des douaniers centrafricains sans respecter les règles exigées par la DGDDI, et inventer de nouvelles taxes afin de se financer au détriment de l’Etat centrafricain.
Les voix locales s’élèvent contre les douaniers russes
Si l’objectif principal était de lutter contre les fraudes douanières, ceci est un véritable échec. En effet, les mercenaires russes contrôlent totalement les frontières et les contrôles douaniers, et ce sont eux, qui, désormais, détournent les finances douanières. C’est le cas sur les postes de Beloko, où les douaniers centrafricains ont demandé aux transporteurs de manifester contre les contrôles effectués par les russes. Mais aussi à Douala (Cameroun), où les douaniers locaux et les transporteurs ont constaté que les Russes repassaient derrière eux pour ajouter des taxes supplémentaires variables.
Dans ce domaine, la société Bollore située au Cameroun est un bel exemple de la désapprobation de cette nouvelle organisation. La société spécialisée dans le transport et la logistique de marchandise, d’aides humanitaires, de denrées alimentaires a fait connaître son mécontentement. Ces problématiques ont contribué au blocage des échanges économiques entre la Centrafrique et ses partenaires, et ainsi déstabilisent la situation économique du pays, en le faisant retomber dans un état de pauvreté extrême, ce qui ne fait qu’empirer une situation déjà fragile.
On peut donc voir qu’après leur ingérence dans le système politique centrafricain, et leur prise de possession de nombreux sites miniers en Centrafrique, les mercenaires russes font désormais main basse sur le système douanier du pays, afin de contrôler à la fois les ressources et leur exportation. Mais où est le bénéfice pour les Centrafricains ? Plus d’emplois ? Le retour de l’économie florissante ? Un partage équitable des ressources naturelles du pays ? NON…C’est un exemple de plus de la volonté de cette société privée étrangère de s’auto-financer, au détriment du peuple centrafricain, et de l’indépendance de son pays.
Par Adama Bria
Journaliste rédacteur
Alain Nzilo
Directeur de publications
Tel/ WhatsApp : +236 75 72 18 21
E-mail : alainnzilo@gmail.com