Centrafrique : les leaders religieux appellent les centrafricains à préserver la cohésion sociale.
Bangui 20 septembre 2016.
Par: Eric NGABA
La situation encore incertaine de que connait la République Centrafricaine continue interpeller les acteurs de la paix et du vivre ensemble dans le pays. Les leaders de la plateforme des confessions religieuses de Centrafrique interpellent les Centrafricains à préserver les acquis de la cohésion sociale. Un appel lancé le 18 septembre 2016 à travers la presse, dès le retour de ces leaders religieux dont l’Archevêque de Bangui Dieudonné Nzapalaïnga, et l’Imam Kobine Layama, après une mission au Rwanda où ils ont pris part au Congrès panafricain des Evêques de l’Afrique et de Madagascar.
La République Centrafricaine continue de traverser des moments difficiles en dépit des élections réussies ayant permet au pays de se faire une place dans le concert des nations. Les groupes armés qui attendent le programme du DDRR, continuent d’handicaper les efforts consentis dans le processus de la paix dans le pays. À défaut du désarment des groupes armés qui tarde à se concrétiser, la population demeure encore sous l’emprise des hors la loi qui écument tout le territoire national en lieu et place de l’armée nationale en restructuration.
A cet effet, les acteurs de la paix ne cessent de poursuivre le chemin de la paix en Centrafrique. Après leur retour de Kigali au Congrès des Evêques de l’Afrique et de Madagascar, l’Archevêque de Bangui, Dieudonné Nzapalaïnga et le président de la Communauté Islamique en Centrafrique (CICA) Kobine Layama, appellent les Centrafricains de toutes les communautés à sauvegarder la cohésion sociale afin d’éviter le pire aux valeurs de la République.
« Nous devons rester unis pour préserver les acquis, pour ne pas dire les valeurs qui constituent la République Centrafricaine. Certains, nous avons eu des différends, de bagarres, de violences, la haine, de vengeances qui nous ont écarté des uns et des autres. Mais le moment est venu, comme les autres peuples, de nous mettre ensemble afin de bâtir notre pays. Cela veut dire que le moment est venu de tendre la main à l’autre pour recevoir son pardon et nous réconcilier. Je ne bâtirais jamais ce pays seul, mais avec mes frères centrafricains», a déclaré à la presse, l’Archevêque de Bangui, Dieudonné Nzapalaïnga.
Au congrès des évêques au Rwanda, les leaders religieux centrafricains ont partagé leur expérience de vivre ensemble entre les communautés à leurs pairs de l’Afrique. C’est un modèle que l’on voit en eux, lorsqu’on sait que ces leaders religieux centrafricains se sont réunis au sein d’une plateforme constituée des Catholiques, des Musulmans, et des Protestants pour sensibiliser leurs communautés déchirées par les effets pervers de conflits armés. Au cours de ce congrès, ils ont démontré ce qu’ils ont pu faire ensemble et travailler pour sauver des vies en République Centrafricaine durant le conflit.
« Même les gens du Rwanda nous l’ont dit : ce que nous avons vécu en Centrafrique, si au Rwanda, ils ont eu des leaders religieux qui s’étaient mis ensemble pour parler d’un même langage, peut-être qu’ils auraient préservé des vies. Et en nous engageant sur cette voie, nous avons préservé et sauvé des vies. C’est aussi une contribution au niveau africain et mondial », a témoigné Monseigneur Dieudonné Nzapalaïnga.
D’après lui, l’expérience rwandaise peut servir aussi de modèle à la République Centrafricaine. Car selon lui, il y a une volonté manifeste de travailler ensemble et de bâtir le pays avec un esprit patriotique qui existe dans la mentalité des Rwandais. C’est ce qui fait le Rwanda qui a connu un moment de déchirement, présente aujourd’hui une autre image que ce qu’il a vécu par le passé.
« Nous devons aimer notre pays. Au Rwanda, nous avons vu les gens qui aiment leur pays et qui s’engagent. Ils ont des portions de terre très petites, mais ils investissent à fond pour transformer. Je pense que nous devons copier ce genre d’exemple qui constitue le socle pour bâtir une nation », a renchéri l’Archevêque de Bangui.
Cette mission d’une semaine à Rwanda a permis aux leaders religieux de Centrafrique de renforcer leur capacité à œuvrer dans les communautés. Car à leur retour au bercail, ils entendent organiser une rencontre avec tous les acteurs communautaires pour une mobilisation globale de ces acteurs[three_fourth last=”no”]…[/three_fourth] du processus de la cohésion sociale afin de prévenir le déchirement communautaire. Les derniers évènements malheureux dans la localité de Kaga-Bandoro, les a également interpellés. Ils appellent tous les belligérants à opter pour la voie de consensus, de dialogue et de la concertation qui sont, d’après ces leaders religieux, des voies loyales permettant de régler des différends.
« Attention ! Ce pays ne restera pas tout le temps dans l’obscurité. Un jour viendra la justice. Elle fera son travail sur toi qui tue, qui verse le sang de ton frère. Il est temps d’arrêter. Nous sommes des frères, nous devons plutôt nous tendre la main ; nous devons chercher à bâtir notre pays. Nous devons dialoguer. Nous disons non à la violence. Asseyons-nous et discutons, l’arbre à palabre existe en Afrique pour que nous puissions dialoguer », a-t-il ajouté.