Centrafrique : “Le pays n’est pas gouverné”, affirme Anicet Georges Dologuélé
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Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique.
Dans un entretien approfondi sur la situation en République centrafricaine, l’ancien Premier ministre Anicet Georges Dologuélé, surnommé “AGD”, dresse un constat alarmant de l’état du pays. Il révèle une détérioration marquée des conditions de vie des Centrafricains sous la présidence de Faustin Archange Touadéra.
“Ce qui m’a marqué par rapport aux autres années, je veux dire par rapport à depuis 2016, c’est l’expression collective de la détresse par la population centrafricaine. Aujourd’hui, vous vous adressez à quelqu’un, c’est des plaintes, c’est la détresse. Et ça à tel niveau que les gens n’ont plus la pudeur qu’ils avaient pour en parler”, déclare l’opposant qui voyage régulièrement dans le pays.
Pour Anicet Georges Dologuélé, cette situation marque un tournant : “Le temps de la résignation est terminé. On est en forme des êtres humains, vous ne pouvez pas réduire un être humain au stade d’animal et puis il va continuer à l’accepter tout le temps. Il arrive un moment où il se dit trop, c’est trop et il l’exprime”.
Sur la question important de l’accès à l’eau et à l’électricité, l’ancien Premier ministre Anicet Georges Dologuélé dénonce l’inaction du gouvernement : “Quand on accède à des fonctions gouvernementales, quand on veut prendre en charge le destin du pays, c’est pour résoudre des problèmes pratiques pour la population. La population a droit à de l’eau potable, elle a droit à de l’électricité. Les solutions existent“.
Concernant les projets hydroélectriques annoncés par le président Touadéra, Anicet Georges Dologuélé rappelle son propre engagement passé : “J’avais envoyé une mission ici en Centrafrique qui avait fait le tour de tous ces sites et qui avait adressé un rapport au gouvernement avec des précisions sur l’exploitation de ces sites pour avoir plus de fournitures en électricité dans le pays. Ça fait plus de 15 ans“.
Sur le plan sécuritaire, l’opposant Anicet Georges Dologuélé s’interroge sur l’efficacité des forces présentes : “Aujourd’hui, nous avons dans le pays, le président de la République a annoncé 23 000 FACA. Il y a environ 14 000 casques bleus. Il y a les accords avec des bilatéraux russes et rwandais. Si vous faites le total, on a pas moins de entre 40 et 50 000 hommes en armes qui ont le pouvoir de mettre la sécurité dans le pays“.
Anicet Georges Dologuélé affirme avec conviction : “Si je l’avais été [président] en 2016, on n’aurait plus entendu parler d’insécurité du tout dans le pays. En 2016, tous les groupes armés étaient préparés à déposer les armes. Ils n’étaient pas nombreux“.
Concernant le dialogue politique réclamé par l’opposition avant les élections de 2025, l’ancien Premier ministre Anicet Georges Dologuélé rejette le “dialogue républicain” organisé précédemment : “Les compatriotes qui sont au pouvoir ont préféré faire quelque chose qui leur fasse plaisir. Mettre beaucoup de gens dans une pièce qui sentent leur gloire“.
Il critique vivement la nouvelle Constitution adoptée en 2023 : “On a massacré ce texte pour faire un texte à sa gloire, pour le permettre d’évoluer sans concurrence, d’évoluer sans garde-fou, de faire ce qu’il veut quand il veut. Nous faisons de la politique pour les 6 millions de centrafricains. Cette constitution va à l’encontre des intérêts de ces centrafricains-là“.
Pour 2025, Anicet Georges Dologuélé appelle à un changement politique, citant des exemples régionaux : “Je souhaite que 2025 soit le début d’une année d’alternance politique. C’est ainsi le cycle de la démocratie. Vous avez vu au Ghana comment ça s’est passé. Vous avez vu dans d’autres pays, le Sénégal. Le président Macky Sall avait pourtant bien construit le pays, bien rempli ses deux mandats. Quand il a voulu faire un troisième mandat, les Sénégalais l’ont rappelé avec insistance les textes qui régissent le pays“.
Cette interview survient dans un contexte tendu, alors que la Centrafrique se prépare à des élections importantes cette année, sous l’égide d’une nouvelle Constitution qui a supprimé la limitation des mandats présidentiels.
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