Centrafrique : le communiqué honteux de l’état-major, un déni grotesque face à la violence des FACA….

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.
Une vidéo circule à nouveau sur les réseaux sociaux, relançant l’indignation générale. On y voit des soldats des Forces Armées Centrafricaines (FACA) frapper sauvagement, à coups de bâton, une vingtaine de personnes, hommes et femmes, allongées au sol, pendant que des enfants hurlent de détresse à leurs côtés. Publiée ce 9 avril 2025 par l’activiste centrafricaine Parfaite Champagne sur ses plateformes, cette séquence a enflammé les débats en République centrafricaine. Elle aurait été tournée, selon les témoignages concordants, entre la ville de Yaloké et Zawa, notamment sur le chantier minier de Gomio, à 10 kilomètres de Yaloké, dans la préfecture de L’Ombella-Mpoko. Mais l’état-major des armées, dans un communiqué consternant, tente de nier l’évidence avec une maladresse et une malhonnêteté qui frisent le ridicule….
Le texte officiel de l’État-major, signé prétendument par le général d’armée Zéphirin Mamadou, chef d’état-major et commandant de la Zone de Défense Autonome de Bangui, est une comédie . Rédigé dans un français laborieux, oscillant entre approximations grammaticales et tournures dignes d’un brouillon d’écolier, ce document ose affirmer que la vidéo, devenue virale, date de plus d’un an et concernerait des événements survenus à Zawa, dans la sous-préfecture de Yaloké. L’état-major va plus loin : il prétend que ces images ont été récupérées par des « ennemis de la paix » pour salir l’image d’une armée en reconstruction. Quelle audace ! Quelle fable grotesque …!

La vérité, elle, crève les yeux. Cette vidéo ne montre pas un vague incident vieux d’un an à Zawa, mais une scène récente, filmée à Gomio, où des véhicules, moteurs ronflants, tracteurs bien visibles, apparaissent en arrière-plan, contredisant l’idée d’un site minier abandonné, comme le soutient le communiqué. L’état-major évoque des effondrements mortels survenus en 2024 dans d’anciennes mines interdites d’accès, où 17 personnes auraient péri, pour justifier l’intervention des militaires. Mais cette explication ne tient pas une seconde face aux images : les victimes ne sont pas des mineurs clandestins pris en flagrant délit, mais des civils brutalisés sans retenue par des soldats déchaînés….
En visualisant la vidéo partagée par madame Parfaite Champagne, les séquences donnent toute la mesure de l’horreur : des jeunes femmes, des jeunes hommes, des pères, sont allongés sur le sol d’un site minier, un terrain sablonneux jonché de graviers, entourée des autres soldats qui regardent la scène. Pendant ce temps, un soldat FACA, bien visible dans son uniforme, frappe un par un les victimes, hommes comme femmes avec un bâton, le bras levé pour cogner encore. En arrière-plan, des bulldozers et des camions, rappellent bien qu’on est sur une zone d’exploitation d’or à Yaloké , notamment à Gomio. La scène est brute, presque irréelle dans sa cruauté. Par exemple, une femme à terre, un militaire qui tape, des machines qui stationnent derrière. Ce n’est pas un moment de chaos imprévu, c’est une punition qui a l’air habituel, appliquée avec un calme qui fait froid dans le dos….

Rappelons que dans ces zones, les coopératives minières exploitent les rivières pour extraire de l’or, laissant derrière elles des graviers et des sables que les villageois, privés de leurs moyens de subsistance traditionnels, récupèrent pour survivre. Une pratique de désespoir, un ultime recours pour ramasser quelques miettes d’or et nourrir leurs familles. Mais pour les soldats FACA, ces graviers représentent une manne financière qu’ils entendent contrôler. Alors, quand la population s’approche, les militaires frappent. Ils frappent fort, sans distinction, comme pour marquer leur territoire…….
Et que dire des suites données à cette barbarie par l’État-major ? Rien. Pas une arrestation, pas une sanction, pas la moindre enquête annoncée contre les auteurs de ces violences. L’état-major, par son silence sur ce point, semble cautionner ces actes, voire les encourager. Un tel déni est criminel. Pire, il illustre l’incapacité – ou le refus – des autorités militaires à assumer leurs responsabilités face à des exactions qui ternissent chaque jour davantage l’image du pays….
Ce n’est pas la première fois que de telles manœuvres de diversion est organisée. Rappelons les déclarations du ministre-conseiller Fidel Ngouandjika, qui, sur les ondes de sa radio, a repris la même rengaine éculée : « C’est une vieille vidéo, une manipulation ». On connaît le refrain. En 2022, face à une vidéo montrant six soldats FACA en train d’égorger deux jeunes Peuls , identifiés par leurs collègues, leurs proches, leurs voisins , mais Fidèle Gouandjika avait déjà nié l’évidence, jurant que ces atrocités n’avaient pas eu lieu en Centrafrique. Plus récemment, quand des mercenaires russes ont égorgé deux civils à Bouka, le porte-parole du gouvernement, Maxime Balalou, a balayé les faits d’un revers de main, accusant des « ennemis du peuple » d’avoir fabriqué l’histoire. À chaque fois, le même scénario : des preuves accablantes, des visages reconnaissables, et des démentis pathétiques servis avec un culot sidérant….
Le communiqué de l’état-major ne fait que prolonger cette tradition de mensonges. En prétendant que sur ce chantier de Zawa, que les victimes sont des intrus sur un site minier désaffecté, que la vidéo est une relique manipulée, il insulte l’intelligence des Centrafricains. Les généraux, drapés dans leurs titres ronflants, incapables d’écrire un texte cohérent ou de confronter la réalité, préfèrent se cacher derrière des excuses bancales. Où est la dignité dans cette armée censée incarner l’unité et le travail, comme le proclame la devise nationale ? Où est la justice pour ces femmes, ces hommes, ces enfants livrés à la brutalité de ceux qui devraient les protéger ?
Cette affaire dévoile une vérité implacable : l’état-major et le gouvernement ne cherchent pas à réformer ou à reconstruire quoi que ce soit. Ils s’enlisent dans une spirale de déni, de violence et d’incompétence. Les organisations des droits humains ? Silencieuses. La MINUSCA ? Muette. Pendant ce temps, les victimes pleurent, les bourreaux prospèrent, et le peuple assiste, impuissant, à cette parodie de pouvoir. Honteux, indigne, révoltant : les mots manquent pour qualifier ce fiasco….
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