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CENTRAFRIQUE: LA DÉSUÉTUDE DES ACCORDS DE PAIX DE KHARTOUM FAIT ÉTERNUER LES PRINCIPAUX PROTAGONISTES  DE LA CRISE.

Monsieur Bernard Selembi Doudou, l’auteur de l’article. Photo de courtoisie.

 

Bangui (République centrafricaine) – A l’orée du premier anniversaire des accords de paix de Khartoum signés à Bangui entre le gouvernement centrafricain et les groupes armés, un état des lieux s’avère nécessaire pour évaluer les différentes avancées significatives, les obstacles et les défis à relever en vue d’un éventuel réajustement de trajectoire.

 

Cet accord bien réfléchi et imposé par l’Union Africaine (UA) et qui a fait l’objet d’interminables polémiques était devenu la pierre angulaire de la deuxième moitié du quinquennat du président de la république. Ce dernier a également suscité beaucoup d’espoirs pour un peuple meurtri, lassé, exaspéré, fatigué qui n’aspire qu’à la paix nonobstant le prix.

Très vite, l’opinion nationale commence à s’inquiéter du manque de progrès où les espoirs se muent en désillusions. On assiste à l’effondrement de l’autorité de l’état caractérisé une hypocrisie chronique des groupes armés qui ne cessent de narguer les autorités établies.

Un rapport des experts onusiens a confirmé de multiples violations des accords de paix de Khartoum qui se matérialisent par des violations permanentes des droits fondamentaux, des intimidations, la perception illégale des taxes, des zones de non-droit comme le démontrent les dernières tueries d’Alindao, des provocations, des meurtres alors que la quintessence de l’accord se résume à la formule suivante

“les cocontractants s’engagent à renoncer à tout recours à la force armée”. En marge de cette cacophonie, le gouvernement accuse les groupes armés de violer les termes de l’accord tandis que ces derniers dénoncent des irrégularités et la gestion opaque dans la mise en exécution de l’accord.

Perdu et sans repères dans ce bourbier centrafricain, le citoyen lambda s’interroge :

Existe t-il un seuil d’hypocrisie de la part des groupes armés pour faire réagir le gouvernement ? Dans ce climat de défiance et de violence aveugle, cet accord a t-il encore une chance de réussir ? A défaut de réussir, comment les autorités légitimes vont s’y prendre pour organiser sereinement les élections générales qui se profilent à l’horizon ? Que dit réellement l’article 35 du dit accord en cas de non respect des engagements pris ? Pourquoi certains volets de l’accord de Khartoum comme le DDRR ne connaissent-ils toujours pas un début d’exécution ? Pourquoi il n’y a toujours pas de clarification sur la question de l’amnistie ainsi que des poursuites judiciaires ? Quel sera ainsi l’avenir de la budgétivore cour pénale spéciale ?

En conséquence de toutes ces interrogations, s’achemine t-on vers un report des échéances électorales ? L’on se souvient encore du président de la république qui déclarait à Lyon en France qu’il était prêt de remettre un autre accord de ce genre si l’occasion se présentait. Cette arrogance permanente d’avoir toujours raison sur les autres entités centrafricaines commence à s’essouffler et à montrer ses limites.

A ce stade, il est également important de souligner l’étonnante passivité de la Minusca pourtant dotée d’une robuste résolution du conseil de sécurité de l’ONU pour protéger la population et l’érosion progressive, programmée du rôle de l’union africaine qui est le garant de la bonne exécution des engagements scellés dans cet accord. Il nous revient ainsi de droit de rappeler au pouvoir établi qu’il n’y a jamais de paix sans une ferme volonté politique car les violations répétées des dispositions de l’accord ne sont que des signes avant coureurs qui confirment sans équivoque ce le monde craint…l’échec.

D’ailleurs, le mémorandum des principaux groupes armés adressé aux garants et qui dresse un constat accablant synonyme d’échec mettant en cause la partie gouvernementale le justifie.

Pour finir, nous rappelons à l’opinion que c’est le respect des engagements pris qui garantit le succès ou la réussite d’un accord de paix. Au delà, l’idéale des solutions reste le recours à la force synonyme de faire la guerre. A défaut de choisir l’option militaire, le Président de la république ne sera pas crédible de se présenter aux prochaines élections présidentielles.

Mais attention, ne le dites à personne. Si on vous demande, ne dites pas que c’est moi.

 

Paris le 17 janvier 2020.

Bernard SELEMBY DOUDOU.

Juriste, Administrateur des élections.

Tel : 0666830062.

 

 

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