Bangui (République centrafricaine) – Deux chefs de milice et 29 de leurs hommes sont jugés depuis mercredi 15 janvier à la Cour d’Appel de Bangui pour leur responsabilité dans le massacre en 2017 de nombreux civils et le meurtre de 10 casques bleus, dans le sud-est de la Centrafrique à Bangassou.
C’est l’un des procès tant attendus en Centrafrique, deux chefs redoutables des milices armées de Bangassou ayant commis des graves crimes en 2017 sont enfin devant la cour criminelle de Bangui. Il s’agit de Crépin Wakanam et Kevin Béré-Béré, surnommés “Pino Pino” et “Béré Béré” ainsi que 29 de leurs hommes qui sont devant la cour depuis le mercredi 15 janvier, pour être jugés pour différents crimes, notamment le meurtre d’une dizaine de casques bleus (Marocains et Cambodgiens) ou l’attaque du quartier de Tokoyo à Bangassou qui a fait plusieurs dizaines de morts et des centaines de déplacés.
Pour rappel, le général Pino Pino” et le “lieutenant Béré Béré” étaient à la tête d’un groupe armé qui a notamment attaqué le 13 mai 2017 le quartier de Tokoyo et une base de l’ONU dans la localité de Bangassou.
Face aux accusations portées par Eric Didier Tambo, Procureur Général, Pino-Pino a tout nié en bloc. Il n’a jamais été chef de milice, a-t-il affirmé, il était médiateur dans cette ville en crise. « J’ai vu mon nom partout, disant que je suis l’auteur de ce qui s’est passé à Bangassou, s’est-il défendu. « On dit que je fais partie des généraux mais c’est faux. Je ne reconnais pas ces faits », une ligne de défense adoptée par le présumé qui est similaire à celle d’Andjilo.
Le procureur général, Eric Didier Tambo, a rappelé les conditions de sa capitulation à la Minusca, la mission de l’ONU en Centrafrique, preuve, selon lui, de son appartenance à un groupe armé. « Jusqu’à sa reddition, il a demandé qu’il soit pris en compte avec ses 52 éléments, a-t-il précisé. Ils sont trois à se constituer prisonniers au niveau de la Minusca parce que les autres factions voulaient en découdre avec lui. Alors qu’ils ne viennent pas faire les malins. Ils seront jugés », rappelle l’accusation.
Selon l’ONU, les violences de Bangassou pour lesquelles ces hommes sont poursuivis avaient fait 72 morts, 76 blessés et 4.400 déplacés.
Mais la présence des chefs antibalaka devant les instances judiciaires nationale tant qu’internationale ne plait pas du tout aux centrafricains qui reprochent aux autorités centrafricaines une « justice sélective » alors que les principaux chefs Séléka, auteurs de graves crimes, sont libres et continuent d’endeuiller les familles centrafricaines.
Cédric Wa-Gomba
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