(Corbeau News Centrafrique)
DÉSARMEMENT UNE DISCUSSION FRANCHE ET PARTICIPATIVE S’IMPOSE.
Par: Bertrand SELEMBY DOUDOU (Producteur indépendant)
Le cconseilde sécurité de l’ONU à travers la résolution 2281 avait prolongé le mandat des forces des Nations Unies en Centrafrique en redéfinissant leurs missions. Ce mandat arrive à échéance au 31 juillet 2016. Depuis son investiture, le President de la République a montré des signes de bonnes volonté pour procéder au désarmement des groupes armés mais sa méthode de fermeté absolue semble s’essouffler, s’embourber et pas adapter à la situation centrafricaine. Ainsi, on assiste à un dialogue de sourd entre les protagonistes de la crise et même les groupes armés se permettent de défier l’autorité de l’Etat en brandissant au passage des menaces de reprise des hostilités militaires. Peut-on régler une crise militaro-politique avec une fermeté absolue ?
La logique d’une négociation suppose des concessions, des compromis assortis de conditions. La jurisprudence africaine des discussions post-conflit privilégie traditionnellement des solutions politiques au détriment des solutions juridiques. Le désarmement des groupes armés c’est à dire la Séléka et les anti-balaka est un enjeu important et une condition indispensable à une paix durable. Ne perdons pas de vue que ces groupes militaires étaient seulement cantonnés mais pas désarmés, leur chaîne de commandement militaire est structurée, hiérarchisée et personne n’ignore les limites et le jeu ambigu des forces internationales : alors une discussion franche avec les groupes armés s’impose tout en préservant l’autorité de l’Etat dans toute sa rigueur. Le programme DDRR s’inscrit dans la logique de la consolidation de la paix après un conflit armée ou une guerre. Ce processus doit faire appel au rassemblement, identification et enregistrement des combattants, la destruction des armes récoltés, la réinsertion et la réintégration sociale des ex combattants sans oublier le rapatriement des mercenaires et combattants étrangers dans leurs pays respectifs. Il faut noter que ce programme ne fait pas de l’ombre à la mise en place de la cour pénale spéciale pour la Centrafrique et la réparation des préjudices subis par la population.
Nous sommes unanimes sur le principe que c’est le cœur qu’il faut désarmer et non les combattants. S’ils ne sont pas désarmer dans la tête, le désarmement forcé même avec l’appui des meilleures armées au monde sera voué à l’échec. Compte tenu de la santé économique et financière de notre pays, le programme de désarmement dépend substantiellement d’un financement de la communauté internationale et de se poser les bonnes questions : que vont devenir les enfants soldats ? Les femmes enrôlées ? Pourquoi les désarmements ont réussi ailleurs ? Pourquoi ne pas s’inspirer du modèle des autres ? En conséquence de ce qui précède, nous exhortons le President de la République à s’investir personnellement en mettant en place un comité de pilotage qui peut favoriser une discussion directe avec les délégués représentatifs des groupes armés. Le President de la République ne doit pas se laisser guider ou influencer par les médias, la société civile et des injonctions de quelconque nature de la communauté internationale. Il doit prendre ses responsabilités avec courage et fermeté relative car c’est un problème centrafricain qui ne peut être réglé que par des centrafricains. Nous sommes d’avis que le pouvoir central affiche une fermeté en laissant quelques brèches aux groupes armés en privilégiant une issue politique que juridique. Le pouvoir central peut leur proposer de se muer en partis politiques, de prendre part activement et positivement à la vie politique centrafricaine. Cette démarche permettra d’intégrer les paramètres socio-économiques et surtout de prendre en compte les causes de la crise. Mais attention, ne le dites à personne. Si on vous demande, ne dites pas que c’est moi.
Paris le 22 juillet 2016.
Bernard SELEMBY DOUDOU
Juriste, Administrateur des Elections