CENTRAFRIQUE : CES ETRANGERS QUI NOUS GOUVERNENT OU PENSENT NOUS GOUVERNER
Bangui, le 1er août 2017.
Par : Isidore Dékofio, CNC.
Le ciel centrafricain ne s’éclaircie guère depuis le retour à l’ordre constitutionnel en Mars 2016. Nous Centrafricains espérâmes, avec l’avènement par les voies démocratiques au pouvoir de l’état d’une équipe prônant la rupture, la nouvelle constitution aidant, que le soleil des Centrafricains brillerait à nouveau après les quelques années d’une ténébreuse et chaotique transition.
Fort malheureusement, le quotidien des centrafricains est inexorablement des plus pires à mesure que l’on embarque, au cœur du pouvoir de l’état nombres d’étrangers, au mépris des leçons du passé et du tumulte de l’histoire récente du Centrafrique.
Il me souvient qu’au lendemain de la passation des pouvoirs en 1993, entre les présidents Kolingba et Patassé, un éminent collaborateur du premier pensait pouvoir se recycler au sein du pouvoir de Brazzaville, malgré les pressions de ses amis et frères congolais, le gros des Conseillers ont convaincu le Président Sassou-Nguesso de ce que seuls des sujets Congolais ne pouvaient servir au cœur du pouvoir de leurs pays. Ce monsieur finit avec pour lot de consolation, une fonction de consul honoraire du Congo auprès d’une ville européenne.
Quid du Centrafrique ?
La petite histoire du fait politique nous enseigne que depuis le début des années 80, les princes qui se sont succédé au pouvoir de l’état, ont systématiquement truffé les arcanes du pouvoir de sujets étrangers. C’est ainsi que l’ont verra au gouvernement, dans les cabinets de la présidence et de la primature, dans les ambassades, des Houdégbé, Bondobossou, Ganne-Befio, Durbar, Gnanga, Singaye, Pereira, Samnick, Mahamat Ousman, Leclerc, Mozer, Bolanga, Gougouei, Iannarelli, Nkouémo… Tous des noms barbares pour chacun d’eux, avec des desseins inavoués.
On ne trouve nulle part, pareil exemple de l’implication, à ce niveau de Centrafricains, au cœur du pouvoir dans les pays voisins. Est-ce alors une spécificité centrafricaine ? Quel peut être l’apport au mieux de ceux là pour le devenir du Centrafrique ? Peuvent-ils être plus patriotes que les Centrafricains eux-mêmes ?
Le phénomène de cette « légion étrangère » vaut le détour et nous interpelle en tant que Centrafricains. Non pas pour développer une espèce de xénophobie mais bien pour comprendre pourquoi des princes élus pourtant par des centrafricains, vont recruter des sujets étrangers pour les responsabiliser au cœur de leur pouvoir, ce au détriment des nationaux ?
Prenons deux exemples :
- Le cas Gougouei : Ce dernier est de nationalité Ivoirienne et occupe la fonction de Ministre-Conseiller à la présidence chargé du suivi des projets.
- Le cas Nkouémo : Ce monsieur est camerounais et occupe la fonction de conseiller auprès du 1er Ministre.
N’y a-t’il aucuns centrafricains à même de faire le suivi de projets de l’état ou de conseiller le Chef de l’état ou celui du gouvernement?
Monsieur Gougouei, Informaticien de son état ivoirien, se retrouve par le fait du Prince, chargé du suivi des projets de l’état. On attend toujours de voir les grands projets de l’ère Touadera se réaliser avec son suivi assidu.
Monsieur Nkouémo est arrivé en RCA comme Président Directeur Général d’un certain groupe Christine. Ce groupe n’a encore rien prouvé que voilà ce monsieur devenir en une nuit Conseiller du PM et promoteur des transferts d’argent avec une société dénommé PATACASH.
En une nuit encore, voilà ce monsieur décoré par le Président de la République pour « services rendus » à la nation, en raison de la mise sur pied d’une Al Jazeera camerounaise dénommée Vision 4. Que se cache-t-il derrière ce Conseiller venu du pays des Faymans ?
Les Princes ont-ils pris la mesure de ce qui se joue dans le pays en termes de désaffection de la politique, de défiance envers les politiques et les dirigeants…pour se muer en promoteur du parti de l’étranger ?
Ces étrangers qu’on amène à nous gouverner, ont-ils pris la mesure de cet ersatz de pouvoir dont ils jouissent par la corruption, la concussion et tous les abus inavoués contre un peuple qui in-fine présente toujours la facture et sait se faire payer en temps opportuns ?
Est il acceptable, au moment ou la cohésion sociale et le tissus national sont mis à mal par les nombreux soubresauts que connait le pays, que l’on fasse la part belle à des étrangers là où les exigences de patriotisme et de préférence nationale s’imposent ?
A toutes les questions qui précèdent et bien d’autres, que suscite cette situation dans notre Pays, la réponse est de toute évidence : non.
Non, les Princes n’ont pas pris la mesure de se qui se joue dans notre pays, sinon ils auraient été en phase avec leur peuple pour le mobiliser dans une marche vers une solution à la crise et ce ne serait pas Onianga(un étranger) qui pérorerait sur la situation du Pays.
Non, ces étrangers qu’on amène à nous gouverner n’ont pas pris la mesure de ce pouvoir mirifique, à eux concédé au prix d’arrangements malsains et nauséabonds, par des dirigeants ankylosés et enkystés qui, chaque jour posent des actes de défiance envers leur peuple souverain.
Non enfin, il n’est pas acceptable de permettre à qui que ce soit de mettre à mal l’unité nationale, la cohésion sociale par la promotion du « Parti de l’étranger » au lieu de patriotisme et de préférence nationale.
Pour finir, la question de la place du centrafricains dans son Pays reste et demeure ouverte, tout comme celle de l’appropriation de son destin par la jouissance pleine et entière de ses terres, ses richesses, ses ressources etc… Nous ne ferons pas l’économie de ce préalable pour laisser prospérer, une démocrature promouvant des pratiques antipatriotiques et antinationales qui contribuent au délitement de la République et de l’état, à l’évanescence de notre peuple, à la mise au ban de ses dignes filles et fils sacrifiés, par des Princes malintentionnés, sur l’autel d’intérêts égoïstes inavoués.
Le drame qui frappe le Centrafrique et les Centrafricains est d’abord le résultat de l’incurie, du manque de vision et de l’inconséquence des dirigeants successifs centrafricains. C’est aussi la conséquence de l’acceptation par ces derniers, des interventions de certains de nos voisins dans les affaires intérieures avec pour corollaire la présence au cœur des institutions, de véritables missionnaires dont les actes n’ont fait que de desservir la République et l’Etat. Cette présence étrangère au cœur de l’Etat est indubitablement une tache sur les mains des Princes centrafricains et servira de détonateur à un sursaut national dans le but de la reconquête et l’appropriation par le peuple de ses droits et de ses remparts…
A ces étrangers qui, avec leurs complices zélés, nous gouvernent et pensent, nous gouverner, de se rendre à l’évidence que la greffe ne prend pas et ne prendra pas. A eux de tirer les conclusions qui s’imposent avant qu’il ne soit trop tard.
Isidore Dékofio