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Centrafrique : Bozoum entre colère en psychose

Centrafrique : Bozoum entre colère en psychose

 

Les miliciens dans une rue de Bouar le 14 septembre 2017. CopyrightCNC
Les miliciens dans une rue de Bouar le 14 septembre 2017. CopyrightCNC

 

Bangui, le 29 septembre 2017.

Par : Fred Krock, CNC.

 

Le sentiment anti-Minusca qui se développe dans le pays, contrairement à l’appel au renforcement fait par le Président Touadera devant les Nations unies, tend à devenir une règle générale pour beaucoup de Centrafricains. Il est démontré, à plusieurs reprises, qu’une ville calme qui accueille une patrouille des casques bleus pour une première fois, est immédiatement visitée par les éléments Séléka pour foutre la merde. A Bozoum, une tentative échouée d’incursion d’une patrouille de la Minusca crée la psychose dans cette ville, les gens craignent le pire.

Le sentiment anti-Munisca est manifeste, à ce jour ! On dirait même que l’heure est grave ! Il suffit de suivre les propos liminaires de Mme Uwolowulakana Ikavi-Gbétanou, Porte-parole de la Minusca par intérim, lors de sa conférence de presse du mercredi dernier, pour se rendre à l’évidence : « La Minusca condamne fermement l’attaque contre sa force dans l’après-midi du 23 septembre, à proximité de Gambo [dans le Sud-est (préfecture du Mbomou)] où les casques bleus étaient pris à parti par des groupes armés assimilés à des Anti-balaka au cours d’une mission d’escorte de convois. Un casque bleu [du contingent marocain] a été grièvement blessé durant les échanges de coups de feu et évacué pour une prise en charge médicale », a-t-elle affirmé.

Le comble, c’est qu’elle poursuit en citant un autre cas d’attaque contre la Minusca, le même jour, mais dans une autre partie du territoire. C’était dans la même journée du 23 septembre, aux environs de 17h 40, à proximité du village de Yarandji, près de Kaga Bandoro, un casque bleu Burundais a été encore grièvement blessé.

Rien que ces deux faits quasi-simultanés confirmés par la Porte-parole intérimaire approuvent largement l’idée de sentiment de rejet que la population exprime vis-à-vis de la Minusca. Alors que d’autres exemples plus cruels sont là. Le massacre du 5 août 2017 à Gambo par des peulhs a été mystérieusement précédé d’une incursion de la Minusca dans la localité. Quasiment tous les témoignages recoupés confirment qu’à partir de 13 heures de la même journée, une patrouille de la Minusca a foulé Gambo et une heure seulement après, les peulhs sont rentrés à leur tour pour massacrer la paisible population. Pareil à Boda, la population se dise soulagée par le retrait des éléments de la Minusca et le déploiement d’une pette unité de la Gendarmerie et de la Police nationale, ce qui a permis le retour rapide à la stabilité, au vivre ensemble et à la cohésion sociale.

Outre cet aspect insolite où le malheur succède toujours à la présence des patrouilles de la Minusca dans l’arrière-pays, il y a le fait que ces éléments, malgré les moyens dont ils disposent et le robuste mandat des Nations unies, ils ne font absolument rien pour éviter le pire. Le cas présent de Bocaranga est bien patent où les 3R ont d’abord annoncé leur attaque sur la ville et l’ont confirmé, alors que la Minusca était sur-place. On déplore aujourd’hui des blessés et plus de 23 000 personnes déplacées, selon OCHA, ayant trouvé refuge en brousse ou dans les villes environnantes, précisément à Bozoum située à 127 kilomètres.

Diantre ! Tirant les leçons du passé récent et des autres localités, la population de Bozoum, chef-lieu de la préfecture de l’Ouham-Pendé, elle-aussi sous la menace des rebelles des 3R du camerounais Abass Sidiki, a dit niet à une quelconque présence de la Minusca dans leur localité. D’ailleurs, mardi dernier, une patrouille de la mission de l’Onu qui a tenté cette aventure de ce genre à Bozoum, a frôlé le lynchage populaire. Il leur a été formellement interdit de rentrer dans la ville. Hués et couverts de honte, ces éléments de la Minusca ont dû se précipiter pour rebrousser chemin vers Bossangoa. Leur aiguille indicatrice de la mort n’a pu s’arrêter sur Bozoum.

Depuis Bangui, le Commandant Armel Mingatoloum Sayo, leader du mouvement de résistance ‘’Révolution-justice (RJ)’’- mouvement qui contrôle jadis la localité, exige sans condition le retrait de Abass Sidiki et ses rebelles de la zone de l’Ouham-Pendé. Il a sommé le gouvernement et la Minusca de prendre leurs responsabilités avant qu’il ne soit vraiment trop tard. Une manière de soutenir la population de Bozoum d’assurer la veille contre tout mouvement de déstabilisation de la ville, y compris les manœuvres machiavéliques de la Minusca.

Toutefois, la ville de Bozoum qui est surpeuplée par l’arrivée massive des déplacés de Bocaranga et Niem-Yéléwa reste en veille, mais surtout dans la psychose d’une probable attaque des 3R. Cela a été le même cas pour Bouar qui s’était mise en alerte maximale lorsque la Minusca avait laissé tomber Bocaranga entre les mains des 3R.

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