Centrafrique : À Mobaye, le viol sur mineures en plein essor
Bangui, 05 septembre 2023 (CNC) – Dans la paisible ville de Mobaye, située dans la préfecture de la Basse-Kotto en République centrafricaine, un fléau insidieux ronge la confiance en la justice : la lenteur dans le traitement des affaires de viols sur mineurs, qui prennent malheureusement de l’ampleur au sein de la communauté. Les parents des jeunes victimes s’angoissent de plus en plus, car ils estiment que les auteurs de ces crimes échappent à toute forme de poursuite.
Basile Chukuzu, le visage empreint de colère, tient un certificat médical dans sa main gauche, alors que sa main droite repose sous sa tête, accablé par le poids de l’injustice. Il vient de quitter les locaux de la brigade de gendarmerie de Mobaye, où il a déposé une plainte déchirante : “Cela fait quatre jours que ma fillette de quatre ans a été victime d’un acte odieux. J’ai déposé ma plainte à la gendarmerie, mais depuis, tout n’est que procrastination. Aucune confrontation n’a eu lieu avec le présumé auteur du viol. C’est cela qui m’indigne profondément.”
Anastasie Zingas, une autre mère au cœur brisé, partage les mêmes sentiments d’impuissance face à la lenteur de la justice. Sa fille de treize ans a subi le traumatisme d’un viol il y a quelques mois. “Nous avons fait un examen médical, et j’ai annexé le certificat à ma plainte déposée à la gendarmerie depuis juin dernier. Cependant, aujourd’hui encore, un silence de plomb persiste, malgré la douleur que cela inflige à nos enfants.”*
L’organisation non-gouvernementale Espérance, qui lutte contre les violences basées sur le genre à Mobaye, confirme la montée alarmante des viols sur mineures dans la ville. Jean Likambaka, agent psychosocial au sein de cette ONG, souligne l’ampleur du problème : “Nous avons recensé pas moins de 68 cas de violences basées sur le genre, et le viol sur mineurs est malheureusement en constante augmentation. Ces crimes touchent des enfants âgés de 4 à 13 ans, une réalité effroyable.”
Face à cette situation désolante, le président de la délégation spéciale de la ville de Mobaye reconnaît les inquiétudes de la population et leur profonde frustration. Néanmoins, il appelle à la patience : “Je suis conscient des violences perpétrées contre les mineurs. J’admets que l’attente de la population, restée sans réponse, peut avoir des conséquences négatives. Toutefois, je tiens à rassurer la population, les enjoignant à ne pas céder à la colère. Notre personnel judiciaire va s’occuper de leurs problèmes.”
Cependant, ni les autorités judiciaires locales de Mobaye, ni les responsables de la brigade de gendarmerie de la ville, n’ont encore réagi aux plaintes désespérées de la population. Qui plus est, la sous-préfecture de Mobaye se trouve depuis plus de trois ans sans maisons d’arrêt, une situation qui ne fait qu’accentuer l’impression de désespoir.
Le silence de la justice face à ces actes abominables ne fait qu’accroître la détresse des victimes et de leurs familles. L’inaction actuelle menace de transformer ce fléau silencieux en une tragédie criante. Les citoyens de Mobaye méritent mieux : une justice rapide, équitable, et surtout, protectrice des plus vulnérables.*
Il est temps que Mobaye, cette belle ville, se dresse contre cette injustice. La voix des victimes et de leurs familles doit être entendue, et la lumière doit être faite sur ces crimes atroces. La lenteur de la justice ne doit plus être tolérée, car chaque jour d’attente est un jour de souffrance pour les plus innocents parmi nous.
Mais pour l’instant, l’horloge de la justice à Mobaye continue de tourner, laissant les victimes dans l’obscurité de l’incertitude, attendant désespérément que la lumière de la vérité brille enfin sur leurs douleurs incommensurables.
Par Bertrand Yékoua
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