Célébration stratégique du 56ème anniversaire de la proclamation de la République centrafricaine
Tant bien que mal, le peuple centrafricain a célébré le 1er Décembre, date anniversaire de la proclamation de la République. 1er Décembre 1958 – 1er Décembre 2014, voilà 56 ans que l’Oubangui-Chari est devenu la République centrafricaine. Fête nationale et occasion de jouissance populaire, où le peuple centrafricain d’Obo à Nola, de Ndélé à Mongoumba célèbre toujours ensemble le fruit de ses efforts, le 1er décembre 2014 n’a pas tenu le pari habituel. Le gigantesque défilé traditionnel a été retiré des manifestations. A Bangui, seuls les officies religieux la veille et une cérémonie de remise des décorations sur l’Avenue des Martyrs ont marqué la célébration.
Toutefois, la célébration de cette année reste stratégique à deux niveaux, à savoir au niveau politique et au niveau de l’approche de la résolution de la crise en cours. Sur le plan politique, le gouvernement de transition, malgré les conditions sécuritaires et humanitaires hostiles, a bien voulu maintenir cette fête afin de donner à espérer au peuple que l’Etat peut toutefois renaitre de ses cendres. Evidemment, tous les offices religieux se sont très bien déroulé et ont connu une forte mobilisation des fidèles, que ce soit à la Mosquée centrale, à la Cathédrale Notre dame de l’Immaculé conception, à l’église Baptiste de Grémboutou. Sur l’avenu des Martyrs, des milliers de centrafricains se sont déplacé pour congratuler leurs proches heureux récipiendaires ayant arboré des mains des membres du gouvernement dont Bounadélé Koumba des Finances, Aristide Sokambi de la Défense et Eugénie Yarafa des Affaires sociales, des distinctions honorifiques décernés à cette occasion.
Sur le plan de l’approche de la réconciliation nationale, la présidente de la transition, Catherine Samba Panza a déployé tous les ministres résidents à l’intérieur du pays où ils ont la triple mission d’abord, de célébrer le 1er Décembre avec les centrafricains de leurs préfectures de juridiction, ensuite de livrer un message fort à ces derniers et enfin, engager in-situ, le dialogue à la base. S’agissant de ce dernier aspect, le ministère de la Réconciliation nationale a initié un séminaire gouvernemental en amant, à l’occasion duquel, Mme Jeannette Déthoua ministre en charge de la réconciliation a déclaré : « D’ici début janvier, se tiendra le forum national de Bangui où toutes les entités sont conviées à y participer. En prélude à ce forum, le Chef de l’Etat de transition a pris l’initiative d’envoyer les ministres résidents dans leurs préfectures pour passer la fête du 1er Décembre. Cette descente sera l’occasion pour passer un message fort à la population à la base sur ce forum national pour permettre aux délégués qui viendront à ce forum de Bangui d’émettre déjà leurs préoccupations à prendre en compte dans ce forum. Quant à ce séminaire, il doit permettre aux membres du gouvernement de s’approprier effectivement du processus de réconciliation nationale avant de descendre dans l’arrière-pays. Dans tous les pays au monde, lorsqu’il y a la crise, il est indispensable d’écouter les uns et les autres et à tous les niveaux. »
Somme toute, même si l’aspect festif n’est pas au rendez-vous, la sollicitude stratégique du gouvernement l’est à plus d’un titre, car le déploiement de certains ministres à l’intérieur du pays a obligé certains directeurs des services décentralisés de l’Etat confinés à Bangui pour cause d’insécurité à repartir dans leurs zones de juridiction, afin de redonner vie à l’autorité de l’Etat sur l’étendue du territoire national. Autrement dit, ce 1er décembre 2014 aura eu le mérite d’avoir impulsé le redéploiement de l’administration. Il suffit qu’avec le concours des forces étrangères, cet acquis soit maintenu et sauvegardé pour que la vie renaisse progressivement en province.
Bangui / Jacob LEREST / Corbeau News Centrafrique