Corbeau News Centrafrique.
Dans l’une de nos éditions publiées sur des réseaux sociaux et site web d’origine centrafricaine, nous nous interrogions de la disparition totale du compatriote, économiste, diplomate et président d’un parti panafricain, Benoît Likiti. Notre article paru, tour à tour, chez Centrafrique-Presse le 05 et le 06 septembre chez Corbeau news Centrafrique sous le titre MAIS OU DONC EST PASSE LE PRESIDENT DE L’UNION DES DEMOCRATES POUR LE RENOUVEAU PANAFRICAIN ( UDRP ) ? a finit par faire réagir de nombreux centrafricains éparpillés dans le monde qui n’ont fait qu’apporter témoignages qui nous permettent aujourd’hui de repérer celui qui a été candidat indépendant aux élections législatives et présidentielles des 3-8 aout 1993. Par ces témoignages collectés, nous espérons pousser le pouvoir de Bangui à la lucidité, à la responsabilité et au respect de la souveraineté de l’Etat. “A chaque recul de la souveraineté populaire, à chaque disparition de la République, correspond un retour en force, franc ou dissimulé, de la justice régalienne.” Disait François Mitterrand dans Le coup d’Etat permanent. A ce propos nous avions bien pris le soin de définir dans notre dernière publication le profil idéal du politique qui doit faire preuve, entres autres, de justice, d’impartialité et d’indépendance. Nous avions dit le droit, la justice et la république sont imbriqués. L’un ne va pas sans l’autre. Ajoutons à cela la légitimité car, sans celle-ci, le pouvoir ne pourrait être appliqué dans de bonnes conditions.
Les discussions aboutissent à des lois et ces dernières doivent être appliquées et surtout acceptées : c’est la légitimité. Au final, l’homme politique tient son mandat de ses réussites. S’il échoue, il est écarté. Or à se référer à la gestion quotidienne de la transition centrafricaine, force est de constater que la jura regalia (marques de la souveraineté) s’applique par intérêts portés à un domaine par rapport à un autre. « Il n’est pas en politique d’axiome plus sûr » disait encore le politicien. Peut-être. Est-ce que la première pensée du politique français s’appose au cas Likiti Benoît « victime de la rancœur du pouvoir mis en place depuis le 21 janvier 2014 » telle que qualifie un membre du bureau du conseil national de la transition ? Une piste non négligeable qui nous amène à nous interroger sur les motivations de la présidente Catherine Samba Panza à geler la suite à donner à la nomination de Likiti Benoît au poste de contrôleur financier à la Communauté économique des Etats d’Afrique centrale (CEEAC) par l’ancien président Michel Djotodia depuis octobre 2013. Des compatriotes revenus du pays d’Ali Bongo disent soit rencontrer l’homme politique personnellement soit ont eu écho de sa présence dans la capitale gabonaise. Les témoignages reçus sur le poste de contrôleur financier à la CEEAC concordent.
La succession du contrôleur financier actuellement en poste embarrasse l’institution autant qu’elle est la pomme de discorde entre la République Centrafricaine à qui revient le poste et la République du Tchad qui approuve la décision de nomination en qualité d’état-président en exercice de l’institution sous régionale. C’est selon les textes officiels de l’institution sous-régionale. Et la présence de Likiti Benoît arrivé aussitôt à Libreville au Gabon au dernier trimestre 2013 pour prendre poste en remplacement de Gondha Jean Benoît est une évidence. Mais il ne siège pas depuis que l’homme a foulé le sol gabonais. Quel problème rencontre-t-il pour entrer en service nul ne le sait. De passage à Bangui en juin 2014, Allam-Mi Ahmad, le secrétaire général de l’institution et la présidente de la transition ont donné très peu de crédit au sujet durant leur bref entretien. Catherine Samba Panza rencontre-t-elle un problème à débloquer la situation avec son homologue tchadien ou à rapporter le décrèt de Michel Djotodia ? A la présidence centrafricaine, tous les très proches collaborateurs de la présidente de la transition sont unanimes et peinent à dire que Samba Panza ne partage pas le décret qui nomme un nouveau contrôleur financier – qui avait déjà occupé la fonction dans le passé – en remplacement l’actuel occupant du poste. D’une source encore plus proche de Catherine Samba Panza on apprend qu’à sa prise de fonction la présidente de la transition s’est absoute de tous dossiers laissés encours de traitement par ses prédécesseurs François Bozizé, Michel Djotodia, Ferdinand Nguendé. Or le dossier CEEAC impliquant les deux contrôleurs financiers nommés engageaient Bozizé et Djotodia. Du côté du gouvernement centrafricain, le ministère des affaires étrangères ne suit le décret qui nomme Likiti Benoît à la CEEAC de Libreville. L’inertie du MAE centrafricain dans le traitement de ce genre d’affaire oblige à se demander dans quelle condition vit le diplomate centrafricain au pays des Bongo.
Tout se passe entre la présidence centrafricaine et le gouvernement comme si tout va bien côté CEEAC alors que chaque jour qui passe conforte l’impasse dans lequel se trouve la souveraineté nationale. Nous y reviendrons.
Housnou Philémon