L’organisation humanitaire Médecins sans frontières-Cameroun a dressé lundi dernier à son immeuble siège à Yaoundé, un bilan effarant de la crise consubstantielle à la guerre en Rca, et qui révèle au grand jour l’ampleur des violences subies par les réfugiés au cours de leur fuite.
Les réfugiés sont issus pour la plupart des zones rurales de la Rca, notamment Bouar, Bossangoa, Yaloké, Boda, Bossantélé, Baoro, précise Gervais Marcial Mbogne, infirmier à Msf. Ajoutant à l’aide de témoignages, qu’ « ils étaient obligés de parcourir de longues distances à pied pendant des mois durant, sans rien emporter avec eux, … et se contentant de consommer des racines de manioc ou de la viande des bêtes affaiblies tuées en chemin, comme nourriture ». Pire, ils sont dispersés dans les camps, et par conséquent désorganisés. Jonathan Irwin en veut pour preuve une récente mission exploratoire menée en juin dernier, qui a permis d’identifier une poche de 230 personnes installées dans un village, qui n’avait bénéficié d’aucune assistance. Ce qui complique le calcul du chiffre exact de réfugiés, et la planification de la réponse humanitaire par conséquent, poursuit-il.
Humanisme
Malgré l’afflux sans cesse croisant des réfugiés en terre camerounaise, Msf s’évertue à offrir une aide médico-sanitaire, qui allège les efforts du ministère de la Santé publique (Minsanté). C’est tout au moins la nouvelle qui a rassuré durant cet échange avec les professionnels des médias. Une couverture qui s’étend sur les zones prioritaires de Garoua-Boulai, Gado, Gbiti, Batouri, Boumba-et-Ngoko ; par le biais des équipes mobiles composées de personnel médical (médecins, infirmiers, aides-soignants) et logistique, pour mieux localiser les poches de réfugiés sans assistance. Des efforts pour lesquels le chef de mission, J. Irwin suggère une synergie avec les pouvoirs publics, l’Usaid, le Hcr, le Pam, la Croix rouge, etc. pour plus d’efficacité sur le terrain. « Il y a besoin de plus d’appuis des services de santé pour maximiser la prise en charge des réfugiés », a-t-il ajouté.
Quid de la dimension psychosociale de la prise en charge, qui fait suite aux traumatismes dont ont été victimes la plupart des réfugiés qui ont vu leurs proches se faire massacrer sous leurs yeux, ou encore leurs parents et enfants se faire décapiter. Ceux qui fuient les combats et exactions gardent les stigmates des tueries. Toutes choses qui ont permis de mettre sur pied une équipe de psychologues chargés de gérer cette fragmentation familiale et leur santé mentale. Rappelons que depuis janvier 2014, Médecins sans frontières soutient le Minsanté dans la prise en charge médicale, nutritionnelle et psychosociale des réfugiés, de même que ses actions couvrent les besoins en eau, hygiène et assainissement. Ses actions s’étendent par ailleurs au Tchad et en République Démocratique du Congo.