Bouar : arrestation précipitée de quatre journaliers de la Minusca par la police suite à la disparition de quatre batteries au sein de la base

Rédigé le 11 décembre 2025 .
Par : la rédaction de Corbeaunews-Centrafrique (CNC).
Les tensions entre les travailleurs expatriés et les travailleurs nationaux au sein de la Minusca viennent de franchir un cap supplémentaire à Bouar, dans la préfecture de la Nana-Mambéré. Ce jeudi 11 décembre, peu avant midi, quatre journaliers centrafricains se retrouvent emprisonnés au commissariat de Bouar sur simple accusation, sans preuve ni procédure légale respectée. La disparition de quatre batteries suffit désormais pour détruire des vies.
En effet, comme nous ne cessons de le dire, les relations de travail au sein de la mission onusienne traversent une période de plus en plus difficile depuis 2023.
Depuis des années, les employés centrafricains de la Minusca dénoncent des pratiques discriminatoires et un traitement inéquitable comparé à celui réservé aux travailleurs expatriés. Les événements survenus cette semaine à Bouar viennent de renforcer ces inquiétudes de manière spectaculaire.
Ce qui s’est passé ce jeudi au sein de la Minusca de Bouar dépasse l’entendement. Tout s’est passé normalement jusqu’à 11 heures quand une colonne des policiers faisaient leur entrée dans la base de la Minusca pour procéder à l’arrestation des quatre journaliers été arrêtés et placés en détention. Menottes attachées à la main, plaqués au sol dans le pick-up de la police, ces quatre journaliers ont rapidement été placés en détention au commissariat de police. La raison invoquée ?Disparition de quatre batteries de marque Narada 12HTB de 150 ampères. Ces équipements, stockés dans les installations de la base, se sont volatilisés sans laisser de traces.Et la découverte a été faite ce jeudi dans la matinée.

Et face à cette situation, Madame Fleurie Boko, cheffe de la section de sécurité de la base de Bouar, de nationalité béninoise, a rapidement désigné quatre journaliers comme responsables. Parmi eux figurent deux électriciens qui, de par leur fonction, avaient accès aux locaux techniques. Cette désignation a suffi pour déclencher une intervention policière sur ordre de la béninoise Fleurie Boko.
La responsable de sécurité n’a pas attendu longtemps avant de faire appel aux policiers. Elle a contacté le commissariat de police de Bouar pour demander l’interpellation des suspects. Les forces de l’ordre ont répondu avec célérité à cette sollicitation.
Les policiers se sont donc rendus immédiatement aux domiciles des quatre employés accusés pour y mener des perquisitions. Ils ont fouillé méticuleusement chaque recoin, examiné les moindres espaces de rangement, inspecté les cours et les dépendances. Malgré ces recherches approfondies, aucune batterie n’a été découverte. Pas le moindre indice matériel ne reliait ces personnes au vol présumé.

Cette absence totale d’éléments compromettants n’a pourtant pas changé le cours des événements. Les policiers, après avoir constaté que les domiciles ne contenaient rien de suspect, ont décidé de procéder quand même aux arrestations des 4 suspects sur le lieu de leur travail vers 11 heures. Ils ont emmené les quatre journaliers au commissariat où ceux-ci ont été immédiatement placés en garde à vue.
Le déroulement de cette opération comporte néanmoins une irrégularité majeure qui en dit long sur les méthodes employées par la Minusca dans le pays. Le mandat de perquisition, document juridique indispensable pour autoriser légalement une fouille domiciliaire, n’est arrivé qu’aux alentours de 17 heures. Or les perquisitions avaient déjà été effectuées plusieurs heures auparavant, vers 11 heures. Les enquêteurs ont donc agi en dehors de tout cadre légal sur la demande précipitée de la Minusca.
Les quatre hommes sont toujours détenus au commissariat de Bouar. Aucune inculpation formelle n’a été notifiée, et aucune preuve nouvelle n’a été versée au dossier depuis leur arrestation.
Cette affaire relance les critiques internes visant la gestion de la base de la Minusca à Bouar. Le nom d’Antoine Raphaël, chef de base de nationalité haïtienne, est régulièrement cité par des employés locaux pour des faits de vol, de mauvaise gestion et d’abus d’autorité signalés depuis plusieurs mois. Aucune enquête officielle n’a été ouverte à son encontre.
Antoine Raphaël est arrivé à Bouar mercredi, soit la veille des arrestations. Il continue d’exercer ses fonctions normalement. Cette situation contraste avec le traitement réservé aux quatre journaliers, privés de liberté en quelques heures sur la base d’une accusation non étayée.
À ce stade, les batteries restent introuvables. L’enquête ne dispose d’aucun élément matériel permettant d’identifier les auteurs de la disparition. Les familles des détenus dénoncent une détention arbitraire et s’interrogent sur la légalité de la procédure engagée.
Les quatre journaliers passent leur deuxième nuit en cellule, sans perspective claire sur la suite judiciaire de leur dossier, alors qu’aucun fait tangible ne vient établir leur responsabilité.
Par Brahim….
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