Bangui joue au poker menteur avec les fonds de la BAD
La récente annonce d’un projet de centre hospitalier de cardiologie à Bangui par le gouvernement centrafricain fait débat. En effet, ce projet puiserait dans les fonds alloués par la Banque Africaine de Développement pour la construction d’un corridor de transport entre Pointe-Noire, Brazzaville, Bangui et N’Djamena. Cette décision remet en cause la gestion des financements internationaux et interroge sur la capacité du pays à mener à bien ses projets d’infrastructure. Elle dévoile également les pratiques de réaffectation des fonds, qui semblent récurrentes et problématiques pour le développement du pays.
Bangui, 26 juillet 2024.
Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique.
Bangui joue au poker menteur : une annonce inattendue.
Le ministère de l’Équipement et des Travaux Publics a publié un appel d’offres international pour la réalisation de ce centre de cardiologie. Ce projet n’était initialement pas prévu dans le cadre du financement accordé par la Banque Africaine de Développement (BAD) pour le développement du corridor de transport multimodal Pointe-Noire – Brazzaville – Bangui – N’Djamena.
Des interrogations sur l’allocation des fonds.
La BAD avait spécifiquement alloué des fonds pour la construction de ce corridor et des ponts associés. L’intention du gouvernement centrafricain d’utiliser une partie de ces fonds pour le centre de cardiologie génère des interrogations légitimes sur la gestion et l’affectation des ressources financières.
Bangui joue au poker menteur : un financement compromis.
Le projet du corridor de transport a bénéficié d’un financement conséquent de la part de la BAD. La décision du gouvernement de réaffecter une partie de ces fonds soulève de nombreuses questions. Comment l’entreprise attributaire du marché initial va-t-elle réagir face à cette réduction budgétaire inattendue ? Le montant du marché ayant été validé lors de la soumission, cette situation crée un précédent problématique. De plus, le fait qu’une autre entreprise soit pressentie pour réaliser le centre de cardiologie complique davantage la situation. Cette redistribution des fonds, sans consultation préalable des parties prenantes, risque de compromettre la réalisation du corridor de transport et de créer des tensions avec les partenaires financiers et techniques du projet.
Bangui joue au poker menteur : un phénomène récurrent.
Cette situation n’est pas sans précédent en République centrafricaine. Depuis plusieurs années, on observe des schémas similaires dans la gestion des projets d’infrastructure, particulièrement dans le domaine routier. Les fonds alloués par les institutions financières internationales comme la Banque mondiale ou la BAD sont fréquemment détournés ou réaffectés, laissant les projets inachevés ou de qualité médiocre.
Bangui joue au poker menteur : des infrastructures routières déficientes.
Les conséquences de ces pratiques sont visibles sur le terrain. L’état des routes centrafricaines demeure préoccupant, malgré les financements réguliers accordés pour leur rénovation ou leur construction. Les entreprises chargées des travaux se trouvent souvent dans l’impossibilité de les achever correctement, faute de moyens suffisants.
Des irrégularités dans l’attribution des marchés.
Des sources proches du dossier évoquent l’existence de pratiques douteuses dans l’attribution des marchés publics. Les cas de surfacturation et de rétrocommissions seraient fréquents. Dans le cadre du projet de corridor, une entreprise chinoise aurait été favorisée malgré son manque d’expérience dans ce type de chantier, ce qui alimente les soupçons de collusion.
Le projet de centre de cardiologie en question.
Bien que la construction d’un centre de cardiologie puisse répondre à un besoin réel de la population, l’intégration de ce projet au financement du corridor de transport soulève des interrogations. Le montant alloué à ce nouvel établissement de santé semble disproportionné par rapport aux ressources disponibles et aux besoins initiaux du projet de corridor.
Un endettement croissant.
Ces pratiques ont des répercussions à long terme pour le pays. La République centrafricaine contracte des dettes importantes auprès des institutions financières internationales, sans pour autant bénéficier pleinement des infrastructures censées être financées. Le pays se trouve ainsi pris dans un cycle d’endettement et de sous-développement.
Le rôle des bailleurs de fonds en question.
Face à cette situation, l’attitude des bailleurs de fonds internationaux interpelle. Malgré les détournements répétés et le manque de résultats tangibles, ils continuent d’accorder des financements à la Centrafrique. Certains observateurs s’interrogent sur les motivations réelles de ces institutions.
Vers une prise de conscience ?
L’affaire du centre de cardiologie pourrait marquer un tournant dans la perception de ces pratiques. La société civile centrafricaine et les médias commencent à s’emparer du sujet, réclamant davantage de transparence dans la gestion des fonds publics.
Perspectives d’avenir.
L’avenir du projet de centre de cardiologie, comme celui du corridor de transport, reste incertain. Cette affaire dévoile les défis profonds auxquels fait face la République centrafricaine en termes de gouvernance et de développement. Une réforme en profondeur des pratiques de gestion des fonds publics et une véritable volonté politique de lutter contre la corruption semblent nécessaires pour que le pays puisse sortir du cycle de la pauvreté et offrir de meilleures perspectives à sa population.
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