Bangui étouffe sous le bruit des lieux de culte : L’État reste sourd aux appels des citoyens
Par la rédaction de Corbeaunews-Centrafrique.
Une cacophonie assourdissante déchire le silence nocturne près de l’hôpital communautaire de Bangui. Des haut-parleurs puissants diffusent des prières et des chants jusqu’à trois heures du matin, sans égard pour les malades. Cette scène, devenue banale dans la capitale centrafricaine, traduit l’anarchie qui règne autour des activités des lieux de culte.
Une prolifération incontrôlée des lieux de culte à Bangui
Les chiffres exacts manquent, mais chaque quartier de Bangui compte désormais des dizaines d’églises et de mosquées. Ces établissements religieux poussent comme des champignons, souvent sans autorisation préalable du ministère de l’Administration du territoire. “Beaucoup de pasteurs s’autoproclament et créent leurs églises selon leur bon vouloir”, note Serge Bayombo, membre du parti URCA.
Le phénomène touche particulièrement les quartiers populaires, où des maisons d’habitation se transforment du jour au lendemain en lieux de culte. Ces installations sauvages ignorent toute réglementation sur le voisinage des écoles ou des centres de santé.
Un cadre légal existant mais inappliqué
Pourtant, l’arsenal juridique existe dans les placards du ministère de l’administration du territoire à Bangui. La loi n°07.018 du 28 décembre 2007 portant code de l’environnement stipule clairement dans son article 60 : “Sont interdites les émissions de bruit susceptibles de nuire à la santé de l’homme, de constituer une gêne excessive pour le voisinage et de porter atteinte à l’environnement“.
Le ministère de l’Administration du territoire dispose également d’une réglementation précise sur l’ouverture des lieux de culte. “Des procédures existent pour obtenir les autorisations nécessaires”, explique William Ndjapou, conseiller juridique. “Le problème se situe au niveau du suivi et du contrôle.”
Impact sur la santé publique, même à Bangui
Les conséquences de cette situation affectent directement la population. Les médecins signalent une augmentation des troubles du sommeil et du stress, particulièrement chez les enfants et les personnes âgées. Les élèves habitant près des lieux de culte peinent à se concentrer sur leurs devoirs.
“Ces nuisances sonores permanentes perturbent le développement cérébral des enfants”, alerte un neurologue de l’hôpital communautaire de Bangui. “Nous constatons aussi une hausse des cas de dépression liée au manque de repos“.
Une administration aux abonnés absents
Devant ce problème croissant, l’administration reste curieusement passive. Les services du ministère de l’Administration du territoire, pourtant chargés de la régulation des lieux de culte, brillent par leur absence sur le terrain. Les demandes d’interview adressées au ministre sont restées sans suite pendant deux semaines.
“Les techniciens qui doivent réglementer le fonctionnement de ces églises ne font pas leur travail”, déplore Elisée Nguimalé, coordinateur de l’Observatoire pour la Bonne Gouvernance. “C’est un laisser-aller total au vu et au su des autorités à Bangui“.
Des solutions qui tardent
Des initiatives ont pourtant existé par le passé. Sous la présidence Bozizé, le ministre Malonga avait tenté d’encadrer les activités des églises. Plus récemment, le ministre Yangana a initié une démarche similaire. Ces tentatives sont restées sans lendemain.
Le Rwanda montre pourtant qu’une régulation est possible. Le président Kagame a récemment imposé un strict contrôle des lieux de culte, exigeant des normes précises sur leur implantation et la qualification des responsables religieux.
Pour sortir de l’impasse, plusieurs pistes existent : contrôle systématique des sites d’implantation, vérification des qualifications théologiques des pasteurs, limitation des horaires d’activité. Mais leur mise en œuvre nécessite une volonté politique qui fait aujourd’hui défaut.
La liberté de culte, garantie par la Constitution centrafricaine, ne peut justifier des atteintes répétées à la tranquillité publique. Entre le droit de pratiquer sa religion et celui de vivre paisiblement, un équilibre reste à trouver. La balle est dans le camp des autorités.
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