Au Tchad, des milliers de réfugiés pris au piège
Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique.
Le soleil se couche sur le quartier Chagoua de N’Djamena. Dans une petite maison aux murs écaillés, Laurent Ragba sort une pile de documents jaunis par le temps. Ces papiers racontent l’histoire de milliers de vies suspendues entre deux mondes : celui qu’ils ont fui et celui qui peine à les accueillir. Au Tchad, terre d’asile pour plus de 400 000 réfugiés, l’aide humanitaire devait être une bouée de sauvetage. Elle est devenue, pour beaucoup, source d’angoisse et d’incompréhension. Entre promesses d’assistance et réalité du terrain, ces hommes et ces femmes livrent un combat quotidien pour leur survie et leur dignité.
En effet, ces hommes et ces femmes qui ont tout quitté pour venir au Tchad comme réfugiés dépendent largement de l’aide humanitaire pour survivre. Une aide mensuelle de 30 000 FCFA par famille, à peine suffisante pour acheter de quoi manger. Dans les camps comme dans les zones urbaines, la vie s’organise tant bien que mal. Les enfants vont à l’école quand c’est possible, les parents cherchent du travail, mais les obstacles restent nombreux.
Les relations entre réfugiés et organisations humanitaires sont parfois tendues. Certains bénéficiaires parlent de traitements arbitraires, de décisions inexpliquées, de droits bafoués. La loi tchadienne de 2020 sur l’asile garantit pourtant des droits fondamentaux aux réfugiés. Mais entre les textes et la réalité du terrain, le fossé se creuse.
L’histoire de Laurent Ragba Foutour en est un exemple frappant. Ce réfugié centrafricain de 68 ans vit à N’Djamena depuis 2014. En janvier 2020, son allocation mensuelle est subitement coupée après une altercation avec un agent du HCR. Sa fille Noura, veuve avec quatre enfants, subit le même sort. Malgré ses nombreuses démarches auprès des autorités, ses lettres au Premier Ministre, ses rendez-vous à la Commission Nationale d’Accueil des Réfugiés (CNARR), rien ne bouge.
“On nous traite comme si nous n’avions aucune valeur”, confie Laurent, les yeux brillants de colère contenue. Ancien cadre politique dans son pays, il refuse de baisser les bras. Avec l’aide d’un avocat, il a décidé de porter l’affaire devant la justice tchadienne. Le montant des allocations impayées dépasse aujourd’hui 1,5 million de FCFA.
Au Tchad, cette situation n’est pas isolée. D’autres réfugiés témoignent de difficultés similaires. Les organisations humanitaires, débordées par l’ampleur des besoins et confrontées à des contraintes budgétaires, peinent parfois à assurer un suivi personnalisé de chaque dossier.
Pour beaucoup de réfugiés, l’espoir d’un retour au pays s’éloigne. Les conflits qui secouent la région s’enlisent. En attendant, ils doivent composer avec une aide humanitaire parfois défaillante et un statut précaire. Une situation qui questionne l’efficacité du système d’assistance aux réfugiés en Afrique centrale.
Des réunions se tiennent, des rapports s’écrivent, mais sur le terrain, des familles comme celle de Laurent continuent d’attendre. Attendre que leurs droits soient reconnus, que leur dignité soit respectée. Attendre, tout simplement, de pouvoir vivre normalement.
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