Après les hommes, c’est le tour des femmes : la débandade générale dans la Nana-Mambéré, les 3R sèment la pagaille

Rédigé le 23 décembre 2025 .
Par : la rédaction de Corbeaunews-Centrafrique (CNC).
La préfecture de la Nana-Mambéré assiste à un nouvel exode de la population villageoise. Après avoir vu partir leurs maris et leurs fils, voilà que les femmes des villages d’Abba Mogani et Bangarèm prennent aussi la fuite. En cause : les anciens rebelles des 3R, devenus auxiliaires du gouvernement, multiplient les agressions sexuelles dans ces localités situées à une soixantaine de kilomètres de Bouar.
Cette situation découle directement de la présence de ces ex-combattants qui ont paraphé un accord de paix avec les autorités le 19 avril dernier à N’Djamena, capitale du Tchad. Ces éléments armés, devenus désormais un instrument déstabilisateur de Touadera et de son clan mafieux, occupent plusieurs positions dans cette région du nord-ouest. Une partie d’entre eux suit une formation militaire pour rejoindre l’armée régulière, d’autres retournent à la vie civile, tandis qu’un troisième groupe reçoit son entraînement directement des Wagner, ceux qu’on appelle les “Russes noirs”.
Installés à Abba Mogani et Bangarèm, ces hommes en armes ont d’abord multiplié les débordements : tirs en l’air, perquisitions musclées sous prétexte de traquer les miliciens anti-balaka. Mais l’absence de combattants ennemis les a poussés à se tourner vers d’autres cibles. Désormais, ce sont les femmes qui subissent leurs assauts. Les agressions sexuelles se multiplient, sans distinction aucune. Qu’elles soient mariées ou non ne change rien à l’affaire. Peu leur importe le statut des victimes.
Face à cette menace permanente, de nombreuses villageoises ont pris la fuite. Certaines se sont enfoncées dans la brousse, d’autres ont rejoint des localités voisines où elles espèrent trouver refuge. Bangarèm se trouve à environ soixante kilomètres de Bouar, chef-lieu de la préfecture. C’est précisément dans ces zones que le groupe Wagner a déployé les éléments des 3R, officiellement pour garantir la sécurité des populations, mais dans la réalité, l’objectif est de terroriser les populations civiles à l’approche des élections.
Mais une autre réalité sur le terrain confirme autre chose. Pour ces combattants des 3R, la présence féminine représente désormais leur principale objectif, non pour la protéger, mais pour l’agresser. Les épouses, les mères, les jeunes filles : personne n’est à l’abri de leurs avances forcées. L’impunité règne dans ces villages de la Nana-Mambéré. Les mécanismes de protection n’existent plus, si tant est qu’ils aient jamais fonctionné dans ces territoires éloignés du pouvoir de Bangui. D’ailleurs même si c’est le cas, la situation va rester la même dans la capitale, car le pouvoir de Bangui qui l’a même autorisé.
Les témoignages recueillis par la rédaction du CNC parlent d’une atmosphère de terreur. Les femmes n’osent plus sortir, même en plein jour. Les déplacements vers les champs ou les points d’eau deviennent des expéditions risquées. Chaque sortie peut tourner au cauchemar. Le tissu social se déchire progressivement. Les familles se dispersent. Les villages se vident de leur population féminine, laissant derrière elles des habitations vides et des champs abandonnés.
L’accord signé avec pompe à N’Djamena n’a rien changé au quotidien de ces populations. Pire encore, il a légitimé la présence de ceux-là mêmes qui terrorisent les communautés. Les 3R, hier rebelles pourchassés, aujourd’hui auxiliaires du pouvoir, continuent d’imposer leur loi par la violence et l’intimidation. Leur intégration progressive dans les structures étatiques ne s’accompagne d’aucun contrôle réel sur leurs comportements.
D’autres villages de la préfecture pourraient bientôt connaître le même sort. La région entière semble basculer dans une spirale où la violence sexuelle devient un mode de contrôle des populations. Ce qui devait être un retour à la paix se transforme en cauchemar pour les habitantes de Nana-Mambéré. Les hommes sont partis en premier, chassés par les exactions. Maintenant, ce sont leurs femmes qui prennent le même chemin, fuyant vers des destinations incertaines avec l’espoir de retrouver un peu de sécurité
Par Arsène Nambéré.
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