Amdafock : Tirs de roquettes soudanaises sur la ville, escalade majeure du conflit frontalier entre la RCA et le Soudan

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Amdafock : Tirs de roquettes soudanaises sur la ville, escalade majeure du conflit frontalier entre la RCA et le Soudan

 

Les déplacés internes fuyant leurs villages pour se regrouper devant la base de la Minusca à Amdafock, 60 kilomètres de Birao, dans la Vakaga
Les déplacés internes fuyant leurs villages pour se regrouper devant la base de la Minusca à Amdafock, 60 kilomètres de Birao, dans la Vakaga. Photo CNC

 

Rédigé le 28 septembre 2025 .

Par : la rédaction de Corbeaunews-Centrafrique (CNC). 

 Des groupes armés rebelles soudanais du FSR ont tiré deux roquettes sur Amdafock depuis la frontière, ouvrant officiellement une escalade inquiétante dans le conflit que traverse la région nord du pays.

 

La crise frontalière entre la République centrafricaine et le Soudan vient de franchir un nouveau seuil avec les premiers tirs de roquettes sur le territoire centrafricain. La semaine dernière, plus précisément le vendredi vers 13 heures, deux roquettes ont été tirées sur la ville d’Amdafock depuis le côté soudanais de la frontière, ouvrant une escalade majeure dans ce conflit qui dure depuis l’attaque des mercenaires russes du 16 septembre dernier.

 

Ngabo Nibissi Herman, habitant d’Amdafock, joint au téléphone par la rédaction du CNC, a témoigné de cet événement qui a semé la panique parmi la population locale. Les deux projectiles lancés par des “bandes armées arabes soudanaises” depuis la frontière soudanaise ont atteint leur cible centrafricaine, transformant ce qui était jusqu’alors un conflit de basse intensité en affrontement militaire direct.

 

La première roquette a touché les environs de la sous-préfecture d’Amdafock, tandis que la seconde est tombée près d’une mosquée située à proximité du marché central de la ville. Cette précision dans les tirs confirme soit une connaissance approfondie des lieux, soit l’utilisation d’armes de guerre sophistiquées par les assaillants soudanais.

 

Heureusement, ces tirs n’ont fait aucun mort selon les premières informations. Mais au-delà du bilan humain provisoire, c’est la nature même de l’attaque qui constitue un tournant dans cette crise. L’utilisation de roquettes ouvre le passage d’actions de représailles locales à une forme de guerre transfrontalière.

 

Cette escalade était prévisible après les menaces explicites proférées récemment par un général des Forces de soutien rapide soudanaises. Dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, ce responsable militaire avait promis de “brûler” Birao et Amdafock pendant la saison sèche. Les tirs de roquettes du vendredi semblent être la mise en application anticipée de ces menaces.

 

L’attaque s’inscrit dans la continuité directe du cycle de violences déclenché par les mercenaires russes le 16 septembre. Ces derniers avaient tué quatre à cinq éleveurs arabes soudanais avant de se retirer à leur base, laissant les populations civiles centrafricaines face aux conséquences de leurs actes.

 

Les représailles soudanaises s’étaient d’abord limitées à des incursions terrestres contre des villages centrafricains. Aujourd’hui, le passage aux tirs de roquettes montre une montée en puissance inquiétante des moyens mis en œuvre par les groupes soudanais.

 

Cette escalade pose des questions fondamentales sur la capacité de réaction du gouvernement centrafricain. Comment répondre à des tirs d’artillerie transfrontaliers quand on dispose d’une armée nationale aux capacités limitées ? Cette situation expose cruellement la faiblesse militaire du pays face à des adversaires mieux équipés.

 

Le choix des cibles est également révélateur. Viser la sous-préfecture et une mosquée près du marché central montre une volonté d’atteindre les symboles du pouvoir étatique et les lieux de rassemblement de la population. Cette stratégie vise autant à terroriser les civils qu’à défier l’autorité centrafricaine.

 

L’appel de Ngabo Nibissi Herman au gouvernement pour “renforcer les effectifs des forces armées centrafricaines au niveau de la frontière” résonne comme un cri de détresse. Les populations frontalières réalisent qu’elles sont abandonnées face à des adversaires qui n’hésitent plus à utiliser des armes lourdes.

 

Cette demande de renforcement militaire pousse à s’interroger. Avec quels moyens le gouvernement centrafricain pourrait-il faire face à des tirs de roquettes ? Les FACA disposent-elles d’équipements de défense antiaérienne ou de riposte à distance ? La réponse semble négative.

 

Cette impuissance militaire place le gouvernement centrafricain dans une position délicate. Il ne peut ni protéger efficacement sa frontière ni riposter de manière proportionnée aux attaques soudanaises. Cette situation d’infériorité militaire encourage probablement les groupes soudanais à poursuivre leurs actions.

 

L’utilisation de roquettes transforme aussi la nature du conflit du point de vue du droit international. Ces tirs constituent des actes d’agression caractérisés contre le territoire centrafricain qui justifieraient normalement une réaction diplomatique ferme et une saisine des instances internationales.

 

Pour les populations d’Amdafock et des villages environnants, ces tirs ouvrent l’entrée dans une nouvelle phase de terreur. Après avoir fui leurs villages face aux incursions terrestres, elles découvrent qu’elles ne sont plus en sécurité même dans les centres urbains supposés protégés.

 

Cette escalade compromet également davantage les perspectives de retour des populations déplacées. Comment convaincre les habitants des villages vidés de regagner leurs foyers quand même les villes subissent des bombardements ? L’exode risque de s’amplifier et de devenir définitif.

 

L’incident d’aujourd’hui confirme que la stratégie des mercenaires russes a parfaitement fonctionné. En attaquant puis en se retirant, ils ont créé un conflit durable qui justifie maintenant leur présence “protectrice”. Cette escalade leur offre l’opportunité de revenir en force pour “sécuriser” une région qu’ils ont eux-mêmes déstabilisée.

 

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