Akandji-Kombé : Touadéra a transformé la Centrafrique en goulag tropical vendu à Wagner

Rédigé le 12 novembre 2025 .
Par : la rédaction de Corbeaunews-Centrafrique (CNC).
Dans une émission exceptionnelle sur la chaîne gabonaise SIBIKAN MEDIA, Martin Ziguélé et Jean-François Akandji-Kombé ont dressé un réquisitoire accablant contre dix ans de présidence Touadéra. Leur diagnostic converge : la Centrafrique est devenue un “goulag tropical” où une milice étrangère contrôle tout pendant que la population s’enfonce dans la misère.
Avec un bilant économique totalement catastrophique. Martin Ziguélé s’appuie sur les chiffres de la Banque mondiale : “Quand le président Touadéra est arrivé au pouvoir en 2016, il y avait 53% des Centrafricains qui vivaient en dessous du seuil de pauvreté. Dix ans après, cette proportion est passée à 67%. Sous Touadéra, la population s’est appauvrie de 15 points de plus. C’est sans appel”.
L’ancien Premier ministre compare avec d’autres pays africains : “En Côte d’Ivoire, au Cameroun, au Congo, les présidents qui modifient la constitution construisent des routes, des infrastructures. Vous arrivez en Centrafrique, c’est l’inverse : la pauvreté augmente, il n’y a pas de route.”
Le constat sur les infrastructures est accablant : “Depuis que Touadéra est au pouvoir, il n’a pas reconstruit 10 kilomètres de route sur le budget national”. Martin Ziguélé raconte : “De Sibut à Bambari, 200 kilomètres, ils ont fait 16 heures. Une route qui se pratiquait en 3 heures.”
En plus, c’est un pays sans vision. Au lieu d’investir dans les routes, les écoles, les hôpitaux, le régime lance des projets fantaisistes : “Qu’est-ce que le gouvernement fait ? De la crypto-monnaie. Le sango coin, le meme coin. Cette fébrilité cache l’impuissance et l’absence de vision”.
Dans l’éducation, malgré le profil universitaire du président : “Au bout de dix ans, pas une seule université construite à l’intérieur du pays”. Dans la santé : “Pas un seul grand hôpital. C’est Dieu qui protège les Centrafricains, ce n’est pas le système de santé.”
Wagner : le mal total pour la Centrafrique. Le Professeur Akandji-Kombé qualifie Wagner de “mal total” : “Cette milice privée est comme un monstre qui a jeté ses tentacules sur la République Centrafricaine et qui aspire tout. La politique, l’économie, la sécurité”.
Le professeur décrit la condition des Centrafricains : “Dans toutes les régions où il y a la présence massive de Wagner, les Centrafricains sont réduits à l’esclavage. Il faut se souvenir de la colonisation avec des sociétés concessionnaires qui avaient droit de vie ou de mort sur les populations. C’est aujourd’hui la situation dans les provinces”.
Ziguélé dénonce un “schéma colonial” : “Wagner fonctionne dans l’économie de traite, l’économie de rente. Ils sont le centre, nous sommes la périphérie. Ils exploitent l’or, le diamant directement sans investir pour transformer”.
Avec une armée nationale sous contrôle étranger. Akandji-Kombé s’insurge : “Notre armée nationale est sous les ordres de Wagner. Il faut manquer de dignité, de sens de l’État pour accepter que ce qui représente notre sécurité dépende d’un groupuscule d’hommes sans foi ni loi”.
Pour Ziguélé, cette situation résulte d’un “poker menteur” : “La fédération de Russie nous a donné des mercenaires à la place des conseillers militaires. Aujourd’hui, c’est le chef de guerre ici.”
Pour ne pas aller loin, c’est tout simplement un président anti-national. Akandji-Kombé porte une accusation grave : “Il y a à la tête de notre pays un pouvoir anti-national par ses actions et par sa politique. Touadéra se met à vendre à la découpe son pays. Ses meilleurs amis sont tous les prédateurs du monde entier. Il est plus à l’aise dans les palais des pays du Golfe parce qu’il va vendre notre pays à vil prix”.
Ziguélé complète : “Moi, je n’arrêterai jamais de dénoncer le silence de tous par rapport à cette recolonisation de notre pays par le groupe Wagner. C’est comme le virus du sida : il entre dans les gènes, les transforme, pour affaiblir l’État, désosser l’État, désarticuler l’État”.
En fin, le pays est devenu un goulag tropical. Ziguélé emploie une métaphore forte : “Nous sommes dans un goulag, une sorte de goulag tropical. Moi je suis interdit d’expression sur la radio de mon propre pays, interdit de participation à un débat à la télévision d’État.”
L’ancien Premier ministre décrit la régression : “Regardez le chemin parcouru en renversant l’Empire, en restaurant la République, en instaurant la démocratie, en créant une alternance démocratique. Et regardez le recul aujourd’hui”.
Les médias publics sont “transformés en radio-collines” selon Ziguélé, référence aux médias rwandais qui ont diffusé la propagande du génocide.
Une Constitution taillée pour l’impunité. Akandji-Kombé dénonce la Constitution de 2023 : “On a enterré la constitution de 2016 non pas au profit d’un nouvel état de droit mais au profit d’un no man’s land juridique”.
Ziguélé précise : “Cette Constitution parle de Centrafricains d’origine, donc il y en aurait d’autres qui ne seraient pas d’origine. Elle est inacceptable”.
Le dialogue, seule issue. Face à cette situation, les deux hommes appellent au dialogue. Ziguélé : “Notre demande de dialogue n’est pas tactique. Elle va à l’essence même de la République et de la Nation. Il nous faut nous réconcilier.”
Akandji-Kombé insiste sur l’urgence : “Il y a urgence à restaurer notre pays, à le libérer. Ce que les Centrafricains vivent est un retour au temps de la colonisation. Le défi, c’est de reprendre notre destin en main.”
Ziguélé conclut par un message d’espoir : “Quelle que soit la longueur de la nuit, le jour se lève toujours. Les graines que nous semons pousseront et donneront de bons fruits. Dieu nous a tout donné. Il reste que nous devons travailler sur le capital humain. Mais cela n’est possible que si nous nous faisons confiance, que si nous sommes unis, réconciliés”.
Cette intervention croisée de Ziguélé et Akandji-Kombé dresse le portrait d’un pays à la dérive sous contrôle étranger, où un président sans vision vend les ressources nationales pendant que sa population s’appauvrit massivement et que l’espace démocratique se ferme totalement.
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