Agro-industrie : les 50 usines fantômes des promesses électorales de Touadéra en 2020, délire ou calcul ?

En 2020, Faustin-Archange Touadéra promettait 50 usines de transformation et 10 zones agro-industrielles modernes. Cinq ans plus tard, pas une seule machine n’a été installée, pas un seul chantier n’a démarré. Comment peut-on promettre 50 usines quand le pays n’en possède même pas 5 fonctionnelles ?
Rédigé le 27 décembre 2025 .
Par : la rédaction de Corbeaunews-Centrafrique (CNC).
Naturellement, dans son programme présidentiel, Touadéra voulait incarner l’image d’un bâtisseur moderne et visionnaire. L’agro-industrie figurait comme l’un des piliers de son projet économique : cinquante usines flambant neuves, dix zones agro-industrielles réparties sur le territoire, et une transformation locale massive des produits agricoles centrafricains. Ces annonces, lancées avec une assurance déconcertante, semblaient ouvrir la voie vers un développement industriel tant attendu depuis l’indépendance. Mais elles n’étaient qu’un décor de campagne électorale, une mise en scène destinée à éblouir des électeurs habitués aux promesses creuses. Où étaient les études de faisabilité ? Où étaient les partenaires industriels ? Où était le financement de ces 50 usines ? Nulle part, car tout cela sortait directement de l’imagination présidentielle.
Or, la République centrafricaine n’a jamais posé la première pierre de ces soi-disant usines révolutionnaires. Aucune zone agro-industrielle n’a été identifiée sur le terrain, aucun financement n’a été mobilisé auprès des bailleurs, aucun plan de construction n’a été publié par les ministères compétents. Construire 50 usines de transformation nécessite au minimum 2 milliards de francs CFA par unité, soit 100 milliards au total. Le budget industriel de la Centrafrique ne dépasse pas 5 milliards par an. Les mathématiques élémentaires suffisaient à comprendre l’impossibilité de cette promesse démagogique. La promesse se limitait donc à des mots creux, tandis que les agriculteurs continuaient de vendre leurs récoltes brutes, à vil prix, faute de toute transformation locale organisée.
Concrètement, aujourd’hui encore, le manioc, l’arachide ou le maïs produits par les paysans centrafricains pourrissent dans les champs ou sur les marchés locaux. Les quelques tentatives artisanales de transformation se limitent à des moulins manuels vétustes, héritage de l’époque coloniale. À Bossembélé, principale zone de production d’arachide, les femmes continuent de piler à la main pour extraire l’huile. Aucune machine moderne, aucune chaîne de production, aucune usine digne de ce nom. Les importations alimentaires, elles, ne cessent d’augmenter chaque année. Le pays achète son huile de palme en République démocratique du Congo, son sucre au Brésil, son riz en Asie, preuve accablante de l’échec total de ce rêve d’industrialisation locale. Comment promettre 50 usines de transformation quand on importe ce qu’on pourrait produire sur place ?
Simultanément, cette absence d’industries de transformation condamne les producteurs nationaux à la pauvreté chronique. Sans possibilité de valoriser leurs récoltes, ils vendent leur cacao produit dans la Sanga-Mbaéré à 50 francs le kilo alors qu’il se revend 300 francs une fois transformé à l’étranger. Cette plus-value échappe entièrement à l’économie centrafricaine et enrichit les pays voisins comme le Cameroun qui possèdent, eux, de vraies unités industrielles. Marie, présidente d’un groupement de productrices à Bouar, témoigne avec amertume : “Nos produits partent brutes au Cameroun et nous reviennent transformés trois fois plus chères. Le président nous promettait 50 usines, mais nous n’avons même pas un pressoir électrique.”
Paradoxalement, ces cinquante usines inexistantes ne sont qu’un symbole supplémentaire de la méthode Touadéra : des promesses mirobolantes, sans études préalables ni moyens réels, destinées uniquement à tromper un électorat fatigué d’attendre des changements concrets. En prétendant vouloir industrialiser le pays du jour au lendemain, le régime n’a fait que renforcer sa dépendance extérieure et prolonger la misère des producteurs ruraux. Cette stratégie de communication politique remplace désormais toute politique industrielle sérieuse.
Finalement, l’agro-industrie devait être la locomotive du développement économique centrafricain. Elle s’est transformée en fantasme politique, en promesse vide de sens, en mensonge électoral de plus ajouté au long catalogue d’illusions présidentielles. Les 50 usines de Touadéra rejoignent ses 2000 écoles imaginaires, ses 100 hôpitaux fantômes et son million d’hectares inexistant dans le musée des supercheries électorales. Cette accumulation de fausses promesses industrielles pose une question légitime : Touadéra souffre-t-il de délire de grandeur ou manipule-t-il consciemment l’espoir de tout un peuple ? Dans les deux cas, le résultat reste identique : l’industrie centrafricaine n’avance pas d’un millimètre.
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