Affaire Fatime Alim : quand le ministre de la justice Arnaud Djoubaye Abazène transforme la justice centrafricaine en marché aux enchères

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Affaire Fatime Alim : quand le ministre de la justice Arnaud Djoubaye Abazène transforme la justice centrafricaine en marché aux enchères

 

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Le ministre centrafricain de la Justice, Arnaud Djoubaye Abazene Screenshot

 

Rédigé le 09 novembre 2025 .

Par : la rédaction de Corbeaunews-Centrafrique (CNC). 

L’affaire qui secoue en ce moment le système judiciaire du pays dépasse l’entendement. Elle montre un système où les décisions judiciaires s’achètent et se vendent comme de vulgaires marchandises, et où le ministre de la Justice, un grand mafieux trafiquant,  dirige ce trafic en toute impunité.

 

 

Au cœur de ce scandale : Fatime Alim, fille de l’homme d’affaires Ali Babolo, connu pour avoir construit la célèbre mosquée Ali Babolo du KM5, aujourd’hui victime d’une machination judiciaire montée de toutes pièces par le ministre de la justice lui-même.

 

C’est un véritable pactole de l’héritage qui attise les convoitises des mafieux criminels de la capitale. En effet, tout a commencé avec le décès, au début de cette année, d’un riche homme d’affaires d’origine nigériane, Alhadji Biri, propriétaire d’un  empire commercial dans la capitale et de la célèbre boutique Africa Auto installées partout à Bangui. Cet entrepreneur, qui brassait des milliards, laisse derrière lui quatre enfants issus de différentes unions et un patrimoine considérable réparti entre la Centrafrique et le Nigeria.

 

Fatime Alim, sa dernière compagne avec qui, selon elle, il a eu un enfant, décide de réclamer sa part d’héritage. Résidant au Cameroun, elle se rend à Bangui et dépose plainte au tribunal pour faire valoir ses droits et ceux de son enfant.

 

Justement à ce moment là précis que le ministre Arnaud Djoubaye Abazène entre en scène, et débute le marchandage.

 

Ce konon, de son vrai nom Arnaud Djoubaye Abazène, attiré par la beauté incroyable de la jeune femme très belle, commence à lui poser de question sans détour : “Si je fais pencher l’affaire en ta faveur, qu’est-ce que tu va me donner ?”

 

Fatime Alim, naïve ou désespérée, accepte le deal. Elle propose, en cas du succès dans l’affaire, au ministre une concession du riche homme d’affaire situé au centre-ville de Bangui, un bien qui vaut des centaines de millions de francs CFA. En réponse, le ministre donne son accord. Il lui demande même de ramener l’enfant du Cameroun à Bangui pour renforcer son dossier devant la justice.

 

Pour faciliter les transactions, le ministre utilise les services d’un intermédiaire : monsieur Ndongossindo. C’est ce dernier qui récupère l’argent et les promesses de biens entre les mains des parties pour les amener au ministre Arnaud Djoubaye Abazène. Un système bien installé qui permet au ministre de garder ses mains propres en apparence.

 

Mais les enchères ne font que commencer. La famille du défunt homme d’affaires, informée de la manœuvre, décide de jouer le même jeu. Ses membres se présentent devant le ministre et lui proposent un marché bien plus juteux : trois fois ce que Fatime Alim avait offert au ministre au départ. Deux terrains au centre-ville, au kilomètre 5, et des sommes importantes en liquide.

 

Le ministre Arnaud Djoubaye Abazène n’hésite pas une seconde. Il change complètement de camp et se retourne désormais contre Fatime Alim. La voilà désormais accusée de faux et usage de faux, d’escroquerie, et même de détournement de mineur.

 

Ainsi, le 13 mai 2025, le Tribunal de Grande Instance de Bangui, lors d’un procès express,  condamne Fatime Alim à trois ans d’emprisonnement. Elle fait appel de cette décision. Le 3 septembre 2025, lors de l’audience à la Cour d’Appel, le parquet général, suivant les instructions du ministre, ajoute une nouvelle accusation : détournement de mineur, une infraction qui dépend normalement de la cour criminelle.

 

Mais le 10 septembre 2025, la Chambre correctionnelle de la Cour d’Appel de Bangui rend son arrêt. Elle relaxe Fatime Alim des accusations de détournement de mineur et d’escroquerie. Elle ne retient que le faux et usage de faux, et réduit considérablement la peine : huit mois d’emprisonnement et 100.000 francs CFA d’amende.

 

Fatime Alim est incarcérée à la maison centrale de Bimbo. Elle purge sa peine. Le 5 novembre 2025, elle doit retrouver la liberté. Sa détention aura pris fin.

 

Mais le ministre de la Justice ne l’entend pas ainsi. Il ne peut accepter que sa “marchandise” lui échappe sans avoir payé. Le 11 septembre 2025, par un simple message porté, le parquet général, sous la pression du ministre Abazène,  ordonne au régisseur de la maison d’arrêt de Bimbo de maintenir Fatime Alim en détention “jusqu’à nouvel ordre”, prétextant une “erreur judiciaire”.

 

Ce mercredi 5 novembre 2025, jour où elle devait sortir, Fatime Alim reste derrière les barreaux. Sans base légale. En violation totale de l’arrêt de la Cour d’Appel.

 

Pendant ce temps, le Directeur Général des services pénitentiaires, Alfred Ndakala, a rédigé un rapport détaillé daté du 3 novembre 2025, adressé au ministre de la Justice. Ce document, dont Corbeau News-Centrafrique a obtenu copie, est sans appel.

 

Le magistrat y explique point par point l’illégalité de cette détention. Il rappelle que l’article 422 du code de procédure pénale liste de manière limitative les titres en vertu desquels une personne peut être détenue : un arrêt ou jugement de condamnation, une ordonnance de prise de corps, un mandat de dépôt ou d’arrêt. Un simple message porté du parquet général ne figure pas dans cette liste.

 

“Le message porté du 11 septembre 2025, mesure purement administrative, ne constitue pas un titre de détention”, écrit le directeur général. Il ajoute que “le maintien en détention à l’expiration de sa peine est arbitraire” et rappelle que toute personne qui détient quelqu’un sans titre légal peut être “poursuivie et punie comme coupable de détention arbitraire”.

 

Le rapport précise également que l’administration pénitentiaire n’a reçu aucune notification d’un pourvoi en cassation qui serait le seul motif légal pour prolonger la détention, puisque le pourvoi en cassation a un effet suspensif en matière pénale.

 

Cette affaire montre à quel point la justice centrafricaine est devenue un “grand marché ouvert”, pour reprendre les termes utilisés dans les milieux judiciaires de Bangui. Les magistrats, les procureurs, et même le ministre de la Justice vendent leurs services au plus offrant, sans aucune considération pour le droit ou la justice.

 

Pendant ce temps, les autorités centrafricaines, du président au porte-parole du gouvernement, continuent de proclamer que “le pays est un pays de droits où tout fonctionne bien”. La réalité dans les prisons et les tribunaux raconte une histoire bien différente.

 

Fatime Alim, qui aurait dû être libre mercredi 5 novembre 2025, croupit toujours en prison. Victime non pas de la justice, mais d’un système corrompu jusqu’à la moelle, où les puissants font et défont les lois selon leurs intérêts personnels.

 

L’empire commercial laissé par le défunt homme d’affaires Alhadji Biri continue de générer des milliards. Mais sa dernière compagne, mère de son dernier enfant, paie le prix d’avoir cru qu’elle pouvait obtenir justice dans un pays où la justice elle-même s’est vendue au plus offrant.

 

Igor Passi….

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