ACFPE : Quand le projet ICOMPETE, destinés aux jeunes déscolarisés et financés par la Banque mondiale, vire au scandale de détournement et de mauvaise gestion

0
25

ACFPE : Quand le projet ICOMPETE, destinés aux jeunes déscolarisés et financés par la Banque mondiale, vire au scandale de détournement et de mauvaise gestion

 

ACFPE : Quand le projet ICOMPETE, destinés aux jeunes déscolarisés et financés par la Banque mondiale, vire au scandale de détournement et de mauvaise gestion
La Directrice générale de l’ACFPE, Madame Renée Bimbo

 

Rédigé le 12 novembre 2025 .

Par : la rédaction de Corbeaunews-Centrafrique (CNC). 

Des millions de la Banque mondiale dilapidés dans un chaos administratif du jamais vu à l’Agence dirigée par la sœur de la ministre du Travail, madame René Bimbo.

 

 

Le projet ICOMPETE (Projet d’Investissement de Compétitivité des Entreprises pour l’Emploi), financé par la Banque mondiale et destiné à former des milliers de jeunes centrafricains déscolarisés, est devenu le terrain d’un scandale de détournement et de mauvaise gestion à l’Agence Centrafricaine pour la Formation Professionnelle et l’Emploi (ACFPE). Une enquête menée par le service d’investigation du CNC montre clairement l’ampleur d’un désastre organisationnel qui prive des milliers de jeunes d’une opportunité de formation tout en enrichissant une poignée de responsables corrompus.

 

Un projet vital transformé en machine à cash….

Le projet ICOMPETE devait être une bouée de sauvetage pour les jeunes centrafricains. Son objectif : former 2 000 jeunes déscolarisés âgés de 18 à 25 ans, ayant au moins le niveau CM1 jusqu’à la classe de cinquième, dans des métiers porteurs comme la menuiserie, la couture, le carrelage ou la mécanique. Ces formations devaient permettre à une génération sacrifiée par les crises successives du pays de se reconstruire un avenir.

 

Mais au lieu d’un programme d’insertion sociale, c’est une véritable mafia qui s’est organisée au sein de l’ACFPE, dirigée par Renée Bimbo, sœur cadette de la ministre du Travail Annie-Michelle Mouanga. Sous couvert d’un projet financé par la Banque mondiale, plusieurs responsables ont transformé cette initiative en un système de prédation financière sophistiqué.

 

Une communication sabotée dès le départ….

Le premier maillon de cette chaîne de dysfonctionnements se nomme Mbalanga Evodie, cheffe de Service de la Communication du projet ICOMPETE. Placée à ce poste grâce à la bénédiction d’Aristide Ganabo, chargé de mission au ministère du Travail, cette dernière ne cache pas son incompétence. “Tout le monde sait qu’elle ne vaut rien, mais elle est protégée par Ganabo, c’est pourquoi elle fait les choses à sa façon sans avoir peur”, confie un cadre de l’ACFPE sous couvert d’anonymat.

 

Le projet prévoyait pourtant une communication massive : sensibilisation dans les quartiers via des ONG nationales, campagnes radio, affichages publics. La Banque mondiale a débloqué des millions de francs CFA pour cette composante essentielle. Résultat : zéro communication digne de ce nom.

 

Au lieu d’une campagne de plusieurs semaines permettant aux jeunes vulnérables de se préparer, Mbalanga Evodie a bâclé son travail. Le délai de dépôt des candidatures ? Moins d’une semaine. Trois à cinq jours tout au plus. Un timing aberrant pour un projet censé toucher les populations des quartiers les plus reculés de Bangui.

 

Les conséquences de cette légèreté criminelle se sont fait sentir immédiatement. Alors que les dossiers avaient été clôturés en catastrophe, plus de 500 jeunes se sont encore présentés le lundi suivant la composition pour déposer leur candidature, ignorant que le délai était dépassé. Ces centaines de jeunes, déjà frappés par la galère, se sont vu refuser une chance de formation à cause d’une communication défaillante.

 

La mafia de la saisie : 500 FCFA par candidat….

Si la communication a été un désastre, la phase de traitement des candidatures a viré au scandale pur et simple. Sur les quelque 11 000 dossiers reçus dans ce délai éclair, la direction de la Formation, menée par Monga Aubin, Directeur de la Formation et du Conseil en Organisation, a instrumenté un détournement de fonds méthodique.

 

Le scénario était bien calculé : officiellement, l’ACFPE aurait recruté un “cabinet informatique” pour saisir les noms des candidats et traiter les dossiers. Dans les faits, Monga Aubin et son équipe ont recruté quelques agents de saisie à la volée dans les quartiers, puis se sont enfermés dans les bureaux pour effectuer eux-mêmes la majorité du travail.

 

La raison de cette monopolisation ? Une manne financière alléchante. Chaque fiche de candidat saisi rapporte 500 FCFA. Avec 11 000 candidatures, c’est un pactole de 5,5 millions de francs CFA qui était en jeu. Les cadres de la direction de la Formation, pourtant bien rémunérés, n’ont pas résisté à l’appât du gain. Ils ont écarté les autres agents de l’ACFPE et se sont partagé le gâteau entre amis et complices.

 

Pire encore, les quelques agents externes qu’ils avaient recrutés se sont fait duper. On leur avait promis 500 FCFA par fiche, mais au moment du paiement, ils n’ont reçu que 350 FCFA. Une différence de 150 FCFA empochée par les organisateurs de cette fraude. Une fausseté pure qui transforme un projet humanitaire en racket organisé.

 

Parmi les acteurs de cette dérive, on retrouve également Kizima Guy, chef de service de la Formation Continue, complice de ce système de captation des fonds. Le chef de projet ICOMPETE, nouvellement recruté et inexpérimenté, a été complètement manipulé et écarté par ces vieux routiers de la corruption administrative.

 

Un affichage dans le chaos : samedi 11h pour composer dimanche….

Après des heures de saisie clandestine dans les bureaux fermés de la direction de la Formation, le samedi précédent, vers 11 heures du matin, l’ACFPE a finalement affiché la liste des candidats admis à composer. Mais au lieu de respecter les procédures habituelles qui exigent un affichage trois à quatre jours avant le test, et surtout un affichage dans tous les centres de composition, la direction a choisi le chaos.

 

Un seul point d’affichage : le siège de l’ACFPE au centre-ville de Bangui. Des centaines de jeunes, arrivés dès 6 heures du matin, ont dû attendre cinq heures sous le soleil pour découvrir si leur nom figurait sur les listes. Certains agents ont finalement pris l’initiative d’aller afficher les listes dans quelques lycées (Boganda, Bimbo, Miskine) dans l’après-midi, mais le mal était fait.

 

Et la composition ? Fixée au dimanche, soit moins de 24 heures après l’affichage. Un délai dérisoire qui traduit l’improvisation totale de l’organisation. C’est également le samedi, à la dernière minute, que les responsables de l’ACFPE sont allés négocier avec les proviseurs de lycées pour obtenir des salles de classe. Aucun contrat n’avait été signé au préalable, aucune préparation n’avait été faite.

 

Résultat : les candidats se sont retrouvés dans des salles sales, non nettoyées. Les récentes pluies avaient rendu les locaux boueux et insalubres. Normalement, les établissements scolaires auraient eu le temps de préparer leurs installations, de nettoyer les tables et les chaises. Mais avec un préavis de quelques heures, impossible d’assurer des conditions décentes de composition.

 

Des listes catastrophiques : même numéro pour cinq candidats….

Lorsque les candidats ont pu consulter les listes, l’horreur a continué. Les noms n’étaient pas classés par ordre alphabétique. Pour vérifier si son nom figurait, un candidat dont le patronyme commence par “B” devait parcourir l’intégralité de la liste, car les noms étaient mélangés dans un désordre absolu : A, puis Z, puis E, puis P…

 

Comment un service informatique peut-il produire un tel résultat ? C’est la question que se posent encore aujourd’hui les agents de l’ACFPE écartés du processus. La réponse est simple : ceux qui ont effectué la saisie dans la précipitation et le secret n’avaient qu’un objectif, toucher leur 500 FCFA par fiche, pas produire un travail de qualité.

 

Autre aberration qui défie l’entendement : plusieurs candidats se sont retrouvés avec le même numéro d’enregistrement. Dans certains cas, quatre à cinq personnes portaient le numéro 555, par exemple. Une situation du jamais vue qui traduit l’amateurisme total du système mis en place.

 

Les omissions ont été massives. Des milliers de candidats qui avaient déposé leur dossier dans les délais ne figuraient nulle part sur les listes. Face à l’afflux de réclamations, l’ACFPE a dû créer en catastrophe un service de contentieux. Ces jeunes omis ont été autorisés à composer, mais leur avenir reste incertain : leurs noms ayant été exclus du système, rien ne garantit que leurs copies seront prises en compte lors de la correction.

 

Le dimanche de la honte : des candidats perdus dans Bangui….

Le jour de la composition a été le théâtre d’un chaos indescriptible. Les candidats ont couru dans tous les sens, cherchant désespérément leur centre d’examen. Les listes mal organisées ne précisaient pas clairement les affectations. Des jeunes habitant du quartier Bimbo ont dû parcourir 10 kilomètres pour se retrouver à Boganda, d’autres de Ouango  ou Kassaï se sont retrouvés au PK16. Sans information claire, sans organisation logique par quartier de résidence, le dimanche s’est transformé en calvaire pour ces candidats déjà éprouvés par la vie.

 

Dans les centres de composition, le spectacle était tout aussi désolant. Salles bondées, bureaux sales, désorganisation totale. Monga Aubin, directeur de la Formation, au lieu de rassurer les candidats perdus et stressés, s’est montré agressif. Au lieu d’apaiser les tensions et de reconnaître les défaillances du système, il s’en est pris aux jeunes qui cherchaient leurs noms, grondant même sur certains personnels de l’ACFPE tentant de gérer le chaos.

 

Népotisme et complaisance : un projet familial….

Derrière ce désastre organisationnel se cache une réalité bien connue en Centrafrique : le népotisme et la gestion clanique des institutions publiques. Le projet ICOMPETE n’échappe pas à cette règle. Les postes clés sont occupés par des proches de la directrice générale Renée Bimbo et de sa sœur, la ministre Annie-Michelle Mouanga.

 

Mbalanga Evodie tient son poste uniquement grâce à sa relation avec Aristide Ganabo. Les membres de l’équipe du projet sont des amis, des parents, des obligés. Le mérite et la compétence n’entrent pas en ligne de compte. Ce qui compte, c’est la proximité avec le pouvoir et la possibilité de s’enrichir rapidement sur le dos d’un projet financé par la Banque mondiale.

 

Les véritables agents de l’ACFPE, ceux qui connaissent les procédures et qui auraient pu assurer une gestion saine du projet, ont été écartés. Ils n’ont pas été associés au processus, car leur présence aurait rendu plus difficile les détournements et les magouilles. Le personnel qualifié a été mis à l’écart pendant que des incompétents et des corrompus se partageaient le butin.

 

La correction : un nouveau scandale en gestation ?

Depuis le lundi suivant la composition, la phase de correction a débuté. Mais après le chaos de la saisie, de l’affichage et de la composition, peut-on espérer une correction impartiale ? Les mêmes personnes qui ont monopolisé la saisie dans leurs bureaux vont-elles assurer une correction transparente ?

 

Les questions se multiplient. Comment seront traitées les copies des candidats omis qui ont finalement composé ? Leurs noms n’étant pas dans le système, leurs résultats seront-ils validés ? Ou servira-t-on la pirouette habituelle : “Désolé, vous n’avez pas réussi” ?

 

Les milliers de jeunes qui se sont présentés après la clôture du délai, victimes d’une communication défaillante, seront-ils purement et simplement oubliés ? L’ACFPE prendra-t-elle la responsabilité de rouvrir un second cycle d’inscription avec une communication digne de ce nom ?

 

L’indifférence coupable de la hiérarchie….

Face à cette accumulation de dysfonctionnements, d’irrégularités et de détournements, la direction de l’ACFPE et le ministère du Travail brillent par leur silence. Renée Bimbo et sa sœur Annie-Michelle Mouanga n’ont pris aucune mesure corrective. Aucune enquête interne n’a été diligentée. Aucun responsable n’a été sanctionné.

 

Au contraire, le vendredi précédant la composition chaotique, après une réunion avec les représentants syndicaux de l’ACFPE, la direction a infligé une mise à pied de huit jours à cinq délégués du personnel. Ces représentants, qui défendent les droits des agents de l’ACFPE et dénoncent les dérives, ont été punis. Une mise à pied qui aura des conséquences financières sur leurs salaires, alors que les véritables responsables du chaos – Mbalanga Evodie, Monga Aubin, Kizima Guy et leurs complices – continuent de travailler tranquillement, protégés par leurs réseaux.

 

Cette inversion des sanctions est révélatrice d’un système où les lanceurs d’alerte sont punis pendant que les corrompus sont récompensés.

 

Un gâchis humain et financier….

Le projet ICOMPETE devait être une chance pour des milliers de jeunes centrafricains. Avec les crises successives qui ont déchiré le pays, des générations entières ont été privées d’éducation. Beaucoup errent dans les rues de Bangui, sans perspectives, sans avenir. Ce projet de formation professionnelle était une opportunité de leur donner des compétences, de leur ouvrir des portes, de leur redonner espoir.

 

Au lieu de cela, l’incompétence, la corruption et le népotisme ont transformé cette initiative en une farce tragique. Les jeunes ont été humiliés, baladés, exclus. Les millions de la Banque mondiale ont été détournés pour enrichir quelques individus sans scrupules. Les 500 FCFA par fiche de candidat, les pots-de-vin sur les contrats de location des salles, les faux cabinets informatiques : autant de petites et grandes magouilles qui, mises bout à bout, représentent des sommes considérables.

 

Par Alain Nzilo….

Directeur de publications du CNC…

Rejoignez notre communauté

Chaine officielle du CNC

Invitation à suivre la chaine du CNC

CNC Groupe 3

CNC groupe 4

CNC groupe le Soleil

Note : les deux premiers groupes sont réservés  uniquement aux publications officielles du CNC