Interview exclusive : Hubert Kaïda Monganga, “Le ministère doit comprendre que l’UMC n’est pas sous sa tutelle”

Rédigé le 05 novembre 2025 .
Par : la rédaction de Corbeaunews-Centrafrique (CNC).
À la suite du jugement rendu le 29 octobre 2025 par le Tribunal administratif de Bangui suspendant la note du ministère du Tourisme et de la Culture convoquant de nouvelles élections à l’Union des Musiciens Centrafricains (UMC), la rédaction du CNC a rencontré Hubert Kaïda Monganga, vice-président de l’UMC, pour en savoir davantage sur cette décision et sur la crise qui secoue depuis plusieurs semaines la communauté artistique centrafricaine.
CNC : Bonjour, pouvez-vous d’abord vous présenter à nos lecteurs ?
Hubert Kaïda Monganga : Bonjour, je m’appelle Hubert Kaïda Monganga, je suis le vice-président de l’Union des Musiciens Centrafricains (UMC). Je travaille aux côtés du président Armand Touaboy, élu à la tête de notre organisation le 30 août 2025.
CNC : Le Tribunal administratif vient d’ordonner le sursis à exécution de la note du ministère de la Culture. Quelle est votre réaction à cette décision ?
Hubert Kaïda Monganga : C’est une décision juste et rassurante. Le Tribunal a suspendu la note circulaire n°052/MACT/DIRCAB/DGAC.25 qui prévoyait de nouvelles élections à l’UMC. Cela rétablit la vérité et confirme la légitimité du bureau élu. Le droit a simplement triomphé de l’arbitraire administratif.
CNC : Comment cette crise a-t-elle commencé à l’intérieur de l’Union des Musiciens Centrafricains ?
Hubert Kaïda Monganga : Tout a commencé après notre élection du 30 août. Ce scrutin a été organisé dans le respect total de nos statuts, sous la supervision d’un comité électoral indépendant. Mais l’ancien président par intérim, Dany Ngarasso, a refusé de reconnaître le nouveau bureau mis en place.
CNC : Quel rôle le ministère a-t-il joué dans cette affaire ?
Hubert Kaïda Monganga : Malheureusement, un fonctionnaire du ministère, Philippe Bokoula, ami proche de Dany Ngarasso, a utilisé sa fonction pour soutenir son camarade. Il a même rédigé une note visant à empêcher notre élection avant qu’elle ne se tienne. Après l’échec de cette tentative, le ministère a signé une nouvelle note pour organiser des élections parallèles. C’est une ingérence claire dans les affaires internes d’une association indépendante.
CNC : Le ministère justifiait cette note par un “désaccord entre responsables” de l’UMC. Que répondez-vous à cela ?
Hubert Kaïda Monganga : Ce désaccord n’existe pas. Il s’agit d’un prétexte pour légitimer une intervention illégale. Le seul problème, c’est que Dany Ngarasso refuse d’accepter le choix des musiciens. L’administration s’est appuyée sur lui pour tenter de relancer des élections dans le but de le réinstaller, ou du moins leur propre clone à la tête de l’organisation. Ce n’est pas du tout acceptable.
CNC : Pourquoi avoir choisi de saisir la justice au lieu de régler cette affaire à l’interne ?
Hubert Kaïda Monganga : Parce que nous croyons en la loi. L’UMC est une association reconnue par le ministère de l’Administration du Territoire, pas par celui de la Culture. Ce dernier n’a donc aucune compétence légale pour organiser nos élections. Nous avons saisi le Tribunal administratif pour faire respecter notre autonomie. Et la décision rendue le 29 octobre confirme que nous avions raison.
CNC — Que contient exactement la décision du Tribunal administratif ?
Hubert Kaïda Monganga : Le Tribunal a reconnu sa compétence, jugé notre requête recevable et ordonné le sursis à exécution de la note ministérielle. En clair, les élections que le ministère voulait organiser ne peuvent pas avoir lieu. Les dépens sont mis à la charge du Trésor public. C’est un rappel fort : aucun ministère ne peut agir en dehors du cadre légal.
CNC : En quoi cette décision est-elle importante pour les autres associations culturelles du pays ?
Hubert Kaïda Monganga : Elle crée un précédent. Elle montre que la justice peut protéger les organisations contre les abus de pouvoir. Ce jugement confirme que les associations ont le droit de gérer leurs affaires sans ingérence. Cela concerne toutes les structures culturelles du pays : les musiciens, les acteurs, les peintres, les écrivains… C’est une victoire pour tout le secteur artistique.
CNC : Comment souhaitez-vous que les relations évoluent désormais avec le ministère ?
Hubert Kaïda Monganga : Nous ne sommes pas dans la confrontation. Le ministère doit simplement comprendre que l’UMC n’est pas sous sa tutelle. Nous voulons travailler en partenariat, dans le respect des lois et de l’indépendance de chacun. La collaboration est possible, mais elle doit se baser sur la légalité.
CNC : Quel message adressez-vous enfin aux musiciens centrafricains ?
Hubert Kaïda Monganga : Je leur dis de rester unis et confiants. Cette décision prouve que nous pouvons défendre nos droits sans violence. L’UMC appartient à tous les musiciens, pas à un individu. Ensemble, nous devons continuer à faire vivre la culture centrafricaine dans la transparence et le respect mutuel.
CNC : Hubert Kaïda Monganga , CNC vous remercie
Hubert Kaïda Monganga : c’est à moi de vous remercier monsieur le journaliste.
Propos recueillis par Brahim
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