Comment l’exploitation chinoise de la Sanga asphyxie la ville de Nola

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.
L’exploitation minière chinoise paralyse la navigation sur la Sanga, isolant Nola et provoquant une crise économique majeure dans cette ville forestière de la RCA.
La rivière Sanga agonise sous les coups de boutoir de l’exploitation minière chinoise. À Nola, située à 720 kilomètres de Bangui, cette mort annoncée d’une voie navigable stratégique plonge 45 000 habitants dans un isolement économique sans précédent. Le rétrécissement progressif du cours d’eau, causé par les activités extractives, a définitivement fermé la liaison fluviale Brazzaville-Nola via Salo, condamnant cette ville forestière à l’asphyxie commerciale.
Aloïse Mokomitobi, chef de quartier, observe impuissant la transformation de sa ville. Les bateaux qui approvisionnaient régulièrement la zone depuis le Congo ont disparu du paysage. Cette rupture des échanges commerciaux provoque une flambée des prix vertigineuse. Une palette de poissons, vendue 50 000 FCFA il y a quelques années, atteint aujourd’hui 250 000 FCFA. Le carburant devient une denrée de luxe. Odette Mwangimba, commerçante locale, témoigne de cette transformation: “Avant, nous vivions bien grâce au commerce fluvial. Aujourd’hui, tout manque”.
L’exploitation minière chinoise détruit méthodiquement l’écosystème fluvial. Les dragages intensifs modifient la morphologie de la Sanga, créent des bancs de sable et réduisent la profondeur navigable. Cette activité industrielle, menée sans contraintes environnementales, transforme un fleuve en obstacle. Les autorités centrafricaines, pourtant garantes de la souveraineté nationale sur les ressources naturelles selon l’article 9 de la Constitution de 2023, restent silencieuses face à cette destruction programmée.
Le port pétrolier de Salo, deuxième réserve énergétique du pays, symbolise cet abandon institutionnel. Cette infrastructure stratégique, capable de dynamiser l’économie régionale, demeure inexploitée. L’État centrafricain, qui devrait valoriser ce potentiel pour le bien-être de ses citoyens, laisse cette richesse nationale en friche pendant que des intérêts étrangers pillent d’autres secteurs.
L’effondrement de la navigation fluviale expose la fragilité des infrastructures nationales. Les routes reliant Nola à Bangui, dans un état de délabrement avancé, ne compensent pas la fermeture de la voie d’eau. Cette situation crée un cercle vicieux : l’isolement géographique aggrave la crise économique, qui à son tour empêche tout investissement dans les infrastructures de transport. Les habitants se retrouvent prisonniers de leur propre territoire.
Les services des voies navigables tentent de maintenir une activité minimale. Achille Poulzy et Arnaud-Serge Guy Akoumung-Pamako évoquent des opérations de balisage et d’entretien, mais leurs moyens restent dérisoires face à l’ampleur des dégâts. Les brigades de Bommassa et Ubongi, censées surveiller le trafic fluvial, manquent d’équipements et de personnel. Cette situation témoigne d’un désengagement de l’État de ses missions régaliennes.
La fermeture des sociétés forestières Efbaka, Karambua et Sésame a porté un coup supplémentaire à l’économie locale. Ces entreprises généraient des emplois et maintenaient une activité commerciale. Leur disparition, combinée aux difficultés de transport, transforme Nola en zone économiquement sinistrée. Les jeunes partent chercher des opportunités ailleurs, vidant la ville de ses forces vives.
Cette crise de la Sanga dépasse le cadre local. Elle illustre la incapacité de l’État centrafricain à protéger ses ressources naturelles et à garantir le développement équilibré de son territoire. Pendant que Bangui se concentre sur les enjeux politiques nationaux, les villes de province comme Nola sombrent dans l’oubli, abandonnées aux appétits des exploitants étrangers.
L’avenir de Nola dépend d’une prise de conscience urgente. La restauration de la navigation sur la Sanga nécessite des investissements massifs et une régulation stricte des activités minières. L’État doit reprendre le contrôle de ses ressources hydrographiques et imposer des normes environnementales aux entreprises étrangères. Sans cette réaction, Nola continuera de s’enfoncer dans l’isolement, victime d’un système qui sacrifie les populations locales sur l’autel des intérêts économiques extérieurs….
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