Les Exactions des FACA sur le site minier de Ziki : l’Enquête de la société civile Dévoile l’Urgence d’une Réforme Profonde

0
19

Les Exactions des FACA sur le site minier de Ziki : l’Enquête de la société civile Dévoile l’Urgence d’une Réforme Profonde

 

Les Exactions des FACA sur le site minier de Ziki : l’Enquête de la société civile Dévoile l’Urgence d’une Réforme Profonde
Capture d’écran de la vidéo sur Une jeune fille orpailleuse passée à tabac à son tour par un soldat FACA

 

 

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.

 Une vidéo montrant des militaires centrafricains brutalisant des civils à Ziki a indigné la nation toute entière. La société civile, notamment le GTSC et d’IGWE, après une brève enquête sur le lieu,  a publié un premier rapport qui va permettre de clarifier les faits et proposer des mesures correctives urgentes.

 

Le début d’une Crise Nationale

 

Dans la nuit du 8 à 9 avril 2025, une vidéo circulant sur les réseaux sociaux a jeté une lumière sur des actes de violence commis par des éléments des Forces armées centrafricaines (FACA) contre des civils, principalement des femmes, sur le site minier de Ziki, à une trentaine de kilomètres de Yaloké. Ces images, montrant des passages à tabac d’une brutalité inouïe, ont provoqué une onde de choc dans l’opinion publique. Le Forum des Femmes Parlementaires de Centrafrique a immédiatement dénoncé un acte « déshumanisant », qui non seulement ternit la réputation des FACA, mais fragilise aussi le lien de confiance entre l’armée et les citoyens.

 

Devant l’indignation générale, l’État-Major des Armées a publié un communiqué le 9 avril 2025, affirmant que les faits remontaient à plus d’un an et que les responsables avaient été sanctionnés par un conseil de discipline. Ce texte, perçu comme maladroit et arrogant, a attisé la colère populaire, notamment en raison des accusations portées contre les diffuseurs de la vidéo, qualifiés d’« ennemis de la paix ». Devant l’ampleur de la controverse, le Groupe de Travail de la Société Civile sur la Crise (GTSC) et l’association IGWE ont mandaté une mission d’observation les 14 et 15 avril 2025 sur les sites de Gomion et Ziki. Conduite par des personnalités telles que le Dr Paul-Crescent Beninga, Quentin Claver Ngbouando et Cédric Josué Yassarandji, cette délégation visait à établir les faits et à répondre aux déclarations officielles.

Une vidéo virale montrant des soldats FACA maltraitant des civils sur le site minier de Gomio, près de Yaloké, a indigné la Centrafrique. Ousna, une centrafricaine, en live sur Facebook, démonte un par un le communiqué pathétique de l’état-major, exposant ses contradictions et son mépris.
Un jeune homme orpailleur subissant ses services par les soldats FACA

Une Enquête aux Conclusions Accablantes

 

Les observations de la mission contredisent formellement les affirmations de l’État-Major. Tout d’abord, les violences, loin de dater de plus d’un an, se sont produites en août 2024, soit huit mois avant la diffusion de la vidéo. Ces actes ont eu lieu à la Base 10, près de Ziki, où 20 femmes, dont deux enceintes, et un homme ont été sauvagement battus par des militaires. Une des femmes enceintes a perdu un de ses jumeaux à la suite des coups reçus et souffre encore de séquelles physiques et psychologiques.

 

Ensuite, l’État-Major a soutenu que les exactions s’étaient déroulées sur un site minier abandonné. Or, la mission a constaté que la Base 10 est un site en pleine activité, avec des engins opérationnels et une présence militaire permanente, ce qui rend incohérente l’idée d’un lieu désaffecté. La mission des FACA sur place est précisément d’assurer la sécurité des sites en exploitation, ce qui infirme les déclarations officielles.

 

Enfin, contrairement à ce que laissait entendre le communiqué, aucune rotation complète des forces de sécurité n’a eu lieu. Seuls les militaires identifiés dans la vidéo ont été rappelés à Bangui. La mission a également appris que deux enquêtes antérieures avaient été menées : une par l’Inspection générale des armées le 3 avril 2025, incluant un atelier de formation pour les militaires, et une autre par les services de renseignement de la Présidence le 10 avril 2025, deux jours après la diffusion de la vidéo. Ces éléments suggèrent que l’État-Major était informé des faits avant leur révélation publique, laissant planer le soupçon d’une tentative de dissimulation.

 

Les Voix des Victimes et Témoignages Concordants

 

Les témoignages recueillis sur place dressent un tableau glaçant. Les victimes, en majorité des femmes, décrivent des violences quasi hebdomadaires, motivées par leur tentative de ramasser des graviers rejetés par la société minière IMC pour en extraire artisanalement de l’or. Ces déchets, interdits d’accès par les militaires, sont vendus à des personnes plus aisées pour des montants compris entre 50 000 et 100 000 FCFA. Les victimes rapportent des châtiments corporels systématiques : cinq coups de bâton aux fesses ou à la plante des pieds pour les femmes enceintes. Une femme a raconté avoir été battue une semaine avant les faits filmés, tandis qu’un habitant exhibe les cicatrices d’un coup de baïonnette. Une autre victime a été forcée de rester exposée au soleil de 9h à 13h pour avoir réclamé des graviers après avoir payé un militaire.

 

Les responsables des FACA à la Base 10, interrogés en présence de leurs subordonnés, ont admis les faits, les datant d’août 2024, et exprimé des regrets. Ils ont invoqué des ordres des chefs de village locaux, qui leur auraient demandé d’administrer des coups pour dissuader la collecte de graviers, arguant que des éboulements avaient causé 17 morts par le passé. Cette justification n’a pas été vérifiée, et la mission n’a pas pu rencontrer les chefs de village. Quoi qu’il en soit, un tel ordre serait illégal et ne saurait dédouaner les militaires de leur responsabilité.

 

Les employés centrafricains de la société IMC confirment ces récits, dénonçant eux-mêmes des actes de violence de la part des FACA. Un chauffeur a rapporté avoir été battu pour avoir appris à des jeunes à conduire des camions-bennes. Ces employés déplorent également des écarts salariaux : les travailleurs étrangers, souvent congolais ou camerounais, perçoivent 600 000 FCFA, contre 180 000 FCFA pour les nationaux, ainsi qu’un manque de formation pour les locaux.

 

Un Manquement aux Normes Juridiques et Éthiques

 

Les exactions commises à Ziki violent des engagements juridiques tant internationaux que nationaux. La République centrafricaine, ayant ratifié en 2016 la Convention contre la torture, s’est engagée à proscrire tout traitement cruel, inhumain ou dégradant. Sur le plan national, l’article 16 de la Constitution de 2023 consacre la dignité de la personne humaine, tandis que l’article 118 du Code pénal punit les actes de torture par des travaux forcés. La loi n°06.032 de 2006 offre une protection spécifique aux femmes contre les violences physiques, psychologiques ou sexuelles. Ces textes exposent les auteurs des violences à des sanctions pénales.

 

Sur le plan éthique, les militaires sont tenus à des principes de respect, de justice et de retenue. Les actes commis à Ziki traduisent une faillite de ces valeurs, aggravée par une apparente collusion entre certains militaires et chefs locaux pour monnayer l’accès aux graviers. Cette situation interroge la qualité du recrutement, de la formation et de la supervision des FACA, ainsi que l’influence indue de figures locales sur des opérations militaires.

 

Une Communauté Marginalisée

 

L’enquête met également en évidence la misère des communautés de Gomion et Ziki. L’absence d’infrastructures de base,  centres de santé, écoles dignes de ce nom, points d’eau potable,  amplifie les tensions avec la société IMC et les FACA. Ces populations, souvent à l’origine de la découverte des mines, ne tirent aucun bénéfice de l’exploitation minière, ce qui les pousse à collecter des graviers pour survivre. Cette marginalisation, combinée aux violences, a brisé la confiance envers les autorités militaires et l’entreprise minière.

 

Des Solutions pour Restaurer la Justice

 

Le rapport propose des mesures concrètes. Pour la société IMC, il recommande d’autoriser un accès gratuit et organisé aux graviers pour les communautés, de financer des campagnes de sensibilisation sur les dangers des sites miniers, et de construire des infrastructures sociales (écoles, centres de santé, points d’eau). À l’État-Major des Armées, il suggère de remplacer toutes les forces déployées, de traduire les responsables en justice militaire, de présenter des excuses publiques aux victimes et à la nation, et de former les chefs de village à une collaboration respectueuse avec l’armée. Enfin, les organisations de défense des droits humains sont appelées à fournir une assistance juridique aux victimes.

 

L’enquête du GTSC et d’IGWE sur les exactions de Ziki expose une réalité fâcheuse : des abus répétés, une communication officielle mensongère et une marginalisation des communautés locales. Ces événements exigent une refonte du fonctionnement des FACA, un audit de leur formation et un renforcement des mécanismes de justice. Parallèlement, l’amélioration des conditions de vie des riverains et une gestion équitable des ressources minières sont indispensables pour apaiser les tensions et restaurer la confiance. Ce scandale n’est pas un incident isolé ; il reflète des failles systémiques que la République centrafricaine doit affronter pour garantir la dignité et la sécurité de ses citoyens….

 

CONTACTER CORBEAU NEWS CENTRAFRIQUE

Corbeaunews Centrafrique

Tel/ WhatsApp : +236 75 72 18 21

Email: corbeaunewscentrafrique@gmail.com

Rejoignez notre communauté

Chaine officielle du CNC

Invitation à suivre la chaine du CNC

CNC Groupe 3

CNC groupe 4

CNC groupe le Soleil

Note : les deux premiers groupes sont réservés  uniquement aux publications officielles du CNC