Une ambition sécessionniste dans le sud-est de la Centrafrique : les miliciens Azandé rêvent d’un État fédéral

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Une ambition sécessionniste dans le sud-est de la Centrafrique : les miliciens Azandé rêvent d’un État fédéral

 

Une ambition sécessionniste dans le sud-est de la Centrafrique : les miliciens Azandé rêvent d’un État fédéral
Les Miliciens Azandés avec leurs instructeurs russes du groupe Wagner

 

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.

 Un État Azandé indépendant ?  Oui! En effet, dans le sud-est de la Centrafrique, depuis quelques mois, des miliciens Azandé rêvent d’un État fédéral autonome, un projet né après des années de combats et d’alliances fragiles avec des mercenaires russes du groupe Wagner.

 

Au sud-Est de la République centrafricaine, dans la préfecture du Haut-Mbomou, une idée qui semble folle pour beaucoup de citoyens ordinaires prend forme  . dans l’esprit de certains miliciens de l’ethnie Azandé : la création d’un État fédéral autonome. Ce projet, porté par des combattants revenus du Sud-Soudan en 2023 après un entraînement aux côtés de leurs homologues sud-soudanais, s’inscrit dans une dynamique violente et complexe, mêlant rivalités ethniques, combats contre des groupes rebelles et alliances opportunistes avec des mercenaires russes. Mais derrière les affrontements, un objectif plus profond se dessine : chasser toute présence extérieure pour établir une entité indépendante regroupant les Azandé de RCA, du Sud-Soudan et de la République démocratique du Congo (RDC).

 

Voici le récit d’une ambition qui, pour l’instant, reste dans l’ombre mais avance à pas déterminés.

Une ambition sécessionniste dans le sud-est de la Centrafrique : les miliciens Azandé rêvent d’un État fédéral
Les mercenaires russes du groupe Wagner avec leurs alliés Azandé dans le Haut-Mbomou

 

Un retour armé et des combats acharnés

 

Tout commence en 2023, lorsque des miliciens Azandé, formés et renforcés par des combattants sud-soudanais, reviennent dans le sud-est de la RCA. Leur cible principale : les rebelles de l’Union pour la paix en Centrafrique (UPC), dirigés par Ali Darassa, un groupe armé majoritairement composé de Peuls et actif dans la région depuis des années. Les affrontements sont féroces. Les miliciens Azandé, soutenus par leurs alliés transfrontaliers, mènent une guerre sans merci contre l’UPC. Mais malgré leur détermination, les rebelles résistent, rendant chaque bataille plus épuisante que la précédente.

 

La donne change en 2024 avec l’arrivée des mercenaires russes à Obo, chef-lieu de ladite préfecture. Ces derniers, liés au groupe Wagner, proposent une alliance aux miliciens Azandé : une formation militaire et un appui logistique pour reprendre les villes occupées par l’UPC. Des centaines de combattants sont alors encadrés par les Russes. En mai 2024, une offensive est lancée. Mboki, Zemio, Rafaï, Djema: une à une, ces localités tombent sous le contrôle des miliciens et de leurs alliés russes. Face à cette puissance de feu, les rebelles de l’UPC battent en retraite, abandonnant leurs positions.

 

Une ambition qui se dévoile

 

Mais une fois les villes conquises, les véritables intentions des miliciens Azandé se font jour. Leur combat ne visait pas seulement à déloger l’UPC. Leur but, disent-ils, est bien plus vaste : établir un État fédéral Azandé, une zone autonome englobant les territoires occupés par cette ethnie en RCA, au Sud-Soudan et en RDC. La première étape – chasser les rebelles – est un succès. La deuxième phase, en cours, est plus sombre : expulser toute présence non désirée, qu’il s’agisse des musulmans, souvent associés à l’UPC, des forces de l’ordre centrafricaines (FACA, police, gendarmerie) ou même des mercenaires russes qui les ont aidés.

 

Les signes de cette ambition ne trompent pas. Dans les zones qu’ils contrôlent, les miliciens ont déjà hissé leur propre drapeau et composé un hymne national. Ces symboles, loin d’être improvisés, montrent une préparation minutieuse. Les combats, eux, se poursuivent. Les miliciens ciblent désormais les musulmans, qu’ils accusent de collusion avec l’UPC, et s’en prennent aux soldats FACA, aux policiers et aux gendarmes, symboles de l’État centrafricains. Mais cette lutte est loin d’être gagnée : les affrontements sont rudes, et leurs adversaires ne cèdent pas facilement.

Une ambition sécessionniste dans le sud-est de la Centrafrique : les miliciens Azandé rêvent d’un État fédéral
nouvel ecusson Wagner ti Azande produit par les mercenaires russes

Un écho à une vieille menace de partition

 

Ce projet résonne avec une déclaration faite il y a dix ans, en 2014, par Abakar Sabone, alors conseiller du président de transition Michel Djotodia. À l’époque, en pleine guerre civile entre les Séléka (majoritairement musulmans) et les anti-balaka (majoritairement chrétiens), Sabone avait averti que si les violences contre la communauté musulmane persistaient, celle-ci pourrait se replier dans le nord du pays et proclamer son propre État. Une décennie plus tard, ce ne sont pas les musulmans mais les miliciens Azandé qui reprennent ce rêve sécessionniste, cherchant à quitter la RCA pour fonder leur propre nation.

 

Une menace qui reste, pour l’instant,  dans l’ombre

 

Pour l’instant, ce projet reste clandestin. Les miliciens en parlent entre eux, partagent leurs plans, mais peu osent l’évoquer publiquement. Dans les cercles locaux, certains élus de la région, comme les députés de Haut-Mbomou, semblent au courant. Pourtant, ils gardent le silence, conscients de la sensibilité du sujet. En RCA, où l’unité nationale est fragile après des années de conflit, une tentative de sécession est un sujet explosif.

 

Au Sud-Soudan, des dynamiques similaires existent. Les Azandé de ce pays, qui ont obtenu leur indépendance en 2011 après des décennies de guerre, soutiennent leurs frères centrafricains dans cette quête. En RDC, en revanche, aucun mouvement comparable n’a encore émergé, bien que des liens ethniques pourraient un jour changer la donne.

 

Une équation complexe pour Bangui

 

Pour le gouvernement centrafricain, cette situation pose un défi majeur. Les miliciens Azandé, en s’alliant temporairement avec les mercenaires russes, ont réussi à affaiblir l’UPC, un ennemi commun. Mais leur véritable objectif menace désormais l’intégrité territoriale du pays. La deuxième phase de leur plan :  expulser les forces loyalistes et les communautés musulmanes,  pourrait plonger le sud-est dans une nouvelle spirale de violence. Quant à la troisième étape, la proclamation officielle de leur État, elle reste pour l’instant hors de portée, mais pas inimaginable.

 

Dans un pays déjà fracturé par des années de guerre civile, cette ambition sécessionniste, aussi discrète soit-elle pour le moment, ajoute une couche de tension. Les autorités de Bangui, les Nations unies et les partenaires internationaux devront suivre de près cette évolution. Car si les miliciens Azandé parviennent à leurs fins, la RCA pourrait faire face à une crise sans précédent, dix ans après avoir frôlé la partition. Pour l’heure, le drapeau Azandé flotte dans quelques villages reculés, et l’hymne résonne dans le secret. Mais jusqu’où iront-ils ? L’avenir le dira….

 

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