l’ancien président de transition Michel Djotodia gravement malade au Bénin

l’aérodrome de Bria le dimanche 3 octobre 2020
Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.
Au Bénin, Michel Djotodia, ex-président centrafricain de transition, souffre d’une grave maladie depuis des semaines. Il espère une prise en charge à l’étranger, mais le retard de son évacuation sanitaire aggrave son calvaire.
Depuis quelques semaines, l’état de santé de Michel Djotodia, exilé au Bénin depuis 2014, s’est brutalement dégradé. Il a demandé une évacuation sanitaire vers un pays étranger pour des soins adaptés, mais le dossier traîne sans raison apparente. Pourtant, cet ancien président de transition, qui a dirigé la Centrafrique de mars 2013 à janvier 2014, reste une figure marquante de son pays.
Un retour sur son parcours au pouvoir Pour comprendre l’ironie de cette situation, il faut remonter à 2013. Michel Djotodia prend les rênes du pays le 24 mars de cette année-là, après que les rebelles de la Séléka, qu’il dirigeait, ont renversé le président François Bozizé. Avant cela, Bozizé, dans une tentative de calmer la rébellion, l’avait nommé ministre de la Défense début février 2013, dans le cadre des accords de Libreville. Mais ce geste n’a pas suffi. Quelques semaines plus tard, les Séléka entrent dans Bangui, Bozizé s’enfuit au Cameroun, et Djotodia s’autoproclame président de transition.
Son règne, qui dure à peine dix mois, est marqué par un chaos profond. Les exactions des rebelles Séléka, majoritairement musulmans, provoquent une riposte violente des milices anti-balaka, composées principalement de chrétiens. Le pays sombre dans une guerre intercommunautaire. Pourtant, malgré cette instabilité, Djotodia parvient à maintenir l’électricité et l’eau dans la capitale, un exploit rare dans un contexte aussi troublé. À Bimbo ou dans le septième arrondissement, des zones jusque-là privées de courant voient la lumière en seulement deux jours après sa prise de pouvoir. Beaucoup de Centrafricains, encore aujourd’hui, saluent cette capacité à assurer des services de base, un contraste saisissant avec la situation actuelle.
Sous la pression internationale, notamment des chefs d’État de la Communauté économique des États d’Afrique centrale (CEEAC), il démissionne le 10 janvier 2014 lors d’un sommet à N’Djaména, au Tchad. Un départ volontaire, une première dans l’histoire du pays, qui ouvre la voie à Catherine Samba-Panza comme présidente de transition. Djotodia s’exile alors au Bénin, laissant derrière lui un pays fracturé mais aussi des souvenirs d’une gestion paradoxalement efficace sur certains aspects.
Par ailleurs, Djotodia a toujours été un fervent partisan de Faustin-Archange Touadéra, l’actuel président. Il a même mené des campagnes actives au sein de sa communauté pour soutenir les deux mandats de Touadéra, mobilisant ses réseaux pour assurer son succès électoral.
Mais aujourd’hui, cet engagement semble oublié. Alors que Djotodia lutte pour sa survie au Benin, Touadéra et son gouvernement lui tournent le dos, laissant son dossier sanitaire dans l’impasse. Ce silence est d’autant plus troublant que Djotodia a joué un rôle clé dans l’ascension de l’actuel président.
Pendant ce temps, la Centrafrique sous Faustin-Archange Touadéra, président depuis 2016, s’enfonce dans une stagnation désespérante. Des milliards de dollars, injectés par l’Union européenne et d’autres partenaires internationaux, semblent s’être évaporés sans laisser de traces concrètes. Les routes sont défoncées, les coupures d’électricité rythment le quotidien, et l’eau potable reste un luxe dans bien des quartiers. Bangui, la capitale, est loin de la transformation promise par certains optimistes à l’époque de Djotodia. Au lieu de progrès, on voit des immeubles pousser, propriété de Touadéra et de son entourage, pendant que le reste du pays croupit dans le chaos.
Comparé aux dix mois de Djotodia, où les services de base tenaient bon malgré la guerre, le bilan de Touadéra est accablant. Les Centrafricains, qui attendaient un renouveau après des années de crises, se sentent trahis. Les groupes armés continuent de sévir, les infrastructures s’effritent, et la population vit dans une précarité aggravée. Pendant ce temps, l’ancien président de transition, malade et oublié, incarne un paradoxe : un homme qui, malgré ses échecs, avait su maintenir un semblant d’ordre là où l’actuel gouvernement échoue lamentablement….
CONTACTER CORBEAU NEWS CENTRAFRIQUE
Tel/ WhatsApp : +236 75 72 18 21
Email: corbeaunewscentrafrique@gmail.com
Rejoignez notre communauté
Chaine officielle du CNC
Invitation à suivre la chaine du CNC
Note : les deux premiers groupes sont réservés uniquement aux publications officielles du CNC