Quand la communication gouvernementale vire au délire collectif

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Quand la communication gouvernementale vire au délire collectif

 

Quand la communication gouvernementale vire au délire collectif
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Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.

 Depuis plusieurs semaines, les membres du gouvernement se succèdent sur les plateaux de radio et de télévision, enchaînant les discours et les promesses. Ernest Mada, ministre en charge du Secrétariat général du gouvernement, s’est récemment illustré dans cet exercice en vantant la modernisation du Journal Officiel, la digitalisation de l’administration et la montée en puissance des FACA. Mais au lieu d’un véritable bilan, c’est encore un flot de propagande qui est déversé. Le Journal Officiel reste introuvable, l’administration ne fonctionne toujours pas et les forces armées peinent à contenir les groupes rebelles. Pendant ce temps, le gouvernement continue de saturer l’espace médiatique avec des promesses sans lendemain.

 

Une émission dédiée à la propagande

 

L’intervention d’Ernest Mada s’est faite dans le cadre de l’émission Parole au gouvernement, un programme spécialement conçu par le Conseil des ministres pour permettre à chaque membre du gouvernement d’exposer son bilan et ses projets. Officiellement, l’objectif est d’informer les citoyens. En réalité, il s’agit d’un exercice de propagande où les ministres se succèdent pour vendre des réussites imaginaires et détourner l’attention des véritables problèmes du pays.

 

Depuis près de dix ans, aucun bilan sérieux n’a été présenté à la population. Les discours restent les mêmes : des annonces, des chiffres exagérés, des projets à venir, mais rien de concret. Pendant que Wagner multiplie les menaces délirante pour saturer les cerveaux des centrafricains pour rien en brandissant au passage l’épouvantail du coup d’État, le gouvernement, de son côté,  sature les médias nationaux avec des interventions creuses, espérant embrouiller les Centrafricains. Mais la supercherie ne fonctionne pas : ces émissions sont très peu suivies. Moins de deux pour cent de banguissois s’y intéresse réellement. La télévision nationale ne couvre même pas l’ensemble de Bangui, encore moins les provinces. Quant aux radios, elles ont une portée limitée, et les journaux écrits sont complètement déconnectés du terrain.

 

Le Journal Officiel : un outil fantôme

 

Ernest Mada a longuement insisté sur le rôle central du Journal Officiel, garant de la publication des lois et règlements. Pourtant, il suffit de poser une question simple : qui a vu une seule édition de ce journal depuis l’arrivée de Faustin-Archange Touadéra au pouvoir ?

 

Les Centrafricains eux-mêmes, cherchant des décrets publiés, sont repartis bredouilles. Fouiller les archives ? Une mission impossible. Ce journal, censé être la référence juridique du pays, semble avoir disparu. Mais voilà que Ernest Mada annonce sa modernisation, sa digitalisation, son accès en ligne… Un discours usé jusqu’à la corde.

 

“Digitalisation” : un mot fourre-tout pour masquer l’inaction

 

Le ministre Ernest Mada ne s’est pas arrêté là. Il a évoqué la digitalisation des travaux du Conseil des ministres, la digitalisation du Journal Officiel… Un terme devenu un mantra pour un gouvernement qui, en réalité, ne parvient même pas à garantir un accès stable à l’électricité.

 

Justement, l’exemple le plus scandaleux vient de l’ENERCA elle – même. Une panne  grave a été provoquée par un détournement visible : l’épouse du ministre de l’Énergie, Bertrand Arthur Piri, a vendu un faux liquide lubrifiant à la société sous tutelle du ministère de son mari. En réalité, elle a simplement vendu de l’eau pure à l’ENERCA. Un cas de conflit d’intérêts manifeste, où l’épouse d’un ministre passe des marchés avec une entreprise publique relevant directement de son ministère.

 

Les agents de l’ENERCA, ne vérifiant pas le contenu du bidon, ont versé cette eau directement dans le moteur d’une centrale sur le site de Boali. Résultat ? Une panne majeure qui a aggravé les coupures d’électricité dans le pays. Mais au lieu d’admettre cette arnaque, le gouvernement et la direction générale de l’ÉNERCA ont préféré détourner l’attention en déclarant que l’ENERCA était en train de « digitaliser son système ». Une justification grotesque pour masquer une affaire de corruption évidente.

 

Des projets absurdes : tribunes fixes et parade militaire

 

Parmi les annonces du ministre, on trouve aussi la construction de tribunes fixes pour les défilés. À quoi bon investir dans ce type d’infrastructure alors que l’accès aux services de base est un cauchemar quotidien pour les citoyens ?

 

Le défilé militaire du 1er décembre 2024 a été présenté par le ministre Ernest Mada comme une démonstration de souveraineté retrouvée. Mada s’est enorgueilli d’une armée nationale passée à 23 000 soldats. Mais dans les faits, cette montée en effectifs ne change rien sur le terrain. Une armée gonflée en chiffres, mais incapable d’assurer une réelle sécurité.

 

Emplois des jeunes : un mensonge électoraliste

 

Le ministre a aussi parlé de l’intégration de 6 000 jeunes dans la fonction publique. Un chiffre balancé à la va-vite, sans aucune transparence. En réalité, à l’annonce de cette intégration dans la fonction publique, plus de 24 000 jeunes ont déposé leur candidature, espérant un poste. Mais depuis, silence total.

 

À chaque Conseil des ministres, le gouvernement sort de nouveaux chiffres. Un jour, il annonce 2 000 intégrations, un autre jour, 3 000… Des promesses lancées au hasard, sans publication officielle des listes, sans preuve que ces jeunes ont réellement été recrutés. C’est une opération de communication pure, destinée à faire patienter la population jusqu’aux élections. Car dans les faits, aucun des 6 000 postes promis en 2022-2023 n’a été totalement pourvu.

 

Des repris de justice aux commandes de la communication

 

L’émission Parole au gouvernement n’est qu’un outil de propagande parmi d’autres. Avant Ernest Mada, c’était Maxime Balalou, ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, qui occupait les ondes avec les mêmes promesses creuses. Lui aussi traîne un passé judiciaire lourd. Ancien fonctionnaire du ministère des Finances, il a été emprisonné pour détournement de fonds avant d’être repêché par Touadéra à la primature et placé comme son ministre conseiller d’alors. Le duo continue après l’arrivée de Touadera à la tête du pays en 2016, le plaçant de suite membre du gouvernement.

 

Après le délire médiatique de Balalou, c’est au tour de Ernest Mada de jouer sa partition. Et à ce rythme, chaque ministre viendra à tour de rôle polluer les ondes avec les mêmes éléments de langage creux et sans fondement.

 

Un exercice de propagande voué sans doute à l’échec

 

La présence de Mada sur les ondes n’aura été qu’une tentative maladroite d’occuper l’espace médiatique avec des discours vide de sens. Mais la population n’est pas dupe. Derrière les annonces et les chiffres flatteurs, la réalité quotidienne est caractérisée par la misère, l’insécurité et l’absence totale de perspectives.

 

Les Centrafricains savent ce qu’ils vivent. Ils n’ont pas besoin de ministres pour leur raconter une fiction où tout irait bien. À quelques mois des élections, cette propagande grossière ne convainc personne.

 

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