Bangui : La police ouvre le feu au lycée de Gbaloko, un champ de bataille en plein établissement scolaire
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Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.
Le lycée de Gbaloko s’est transformé en une zone de guerre le 11 février dernier après l’intervention violente de la police. Face à des élèves en colère dénonçant un racket organisé par l’administration scolaire, les forces de l’ordre ont répliqué par des tirs à balles réelles. Cris, détonations et chaos ont rythmé cette journée où l’éducation a laissé place à la terreur. Des élèves traumatisés racontent un climat de peur indescriptible.
Un racket du jamais vu dans le système éducatif centrafricain
Depuis plusieurs mois, la rédaction de CNC a dénoncé à plusieurs reprises les dérives du système éducatif centrafricain, où chaque examen, chaque devoir, chaque cours devient une source de profit pour ceux censés encadrer les élèves. Au lycée de Gbaloko, les élèves doivent s’acquitter de 100 francs CFA pour pouvoir simplement pratiquer l’éducation physique et sportive (EPS). Une somme qui s’ajoute aux nombreux autres paiements exigés tout au long de l’année :
- Frais pour la participation aux examens et devoirs : Les enseignants imposent aux élèves des paiements allant de 100 à 300 francs CFA sous prétexte d’acheter des copies d’examen.
- Frais supplémentaires pour les matières spécialisées : En économie familiale, les élèves doivent verser entre 500 et 1 000 francs CFA pour assister aux cours.
- Taxes illégales sur les bulletins scolaires : Chaque trimestre, les parents doivent payer entre 750 et 800 francs CFA pour retirer le bulletin de notes de leur enfant.
Le proviseur du lycée, racketteur des racketteurs, joue également un rôle central dans cette logique prédatrice. Il rajoute des frais sur les droits d’examen du brevet du collège et du baccalauréat, augmentant de 750 à 1 000 francs CFA les montants normalement exigés par le ministère. Une ponction qui pèse lourd sur les familles déjà précarisées.
Un système éducatif en ruine et une autorité de tutelle silencieuse
Le racket des élèves ne se limite pas au lycée de Gbaloko. Du lycée de Gobongo au lycée de Fatima, en passant par le lycée technique et Boganda, le même schéma se répète. À Bangui, le système éducatif est gangrené par des pratiques dignes d’une mafia organisée.
Dans ce contexte, le ministère de l’Éducation nationale reste muet. Depuis une année, un ministre d’État prétend réformer l’enseignement, mais les faits sur le terrain prouvent l’inverse. Alors que le niveau des élèves s’effondre, les enseignants eux-mêmes présentent des lacunes inquiétantes. Au lycée de Gb Gbaloko, un professeur de mathématique écrit “TEDE” au lieu de “TD” (Travaux Dirigés), illustrant le niveau désastreux du corps enseignant.
Un soulèvement lycéen réprimé dans la violence
Devant de tels abus, les élèves du lycée de Gbaloko ont décidé de se révolter. Exaspérés par les frais abusifs imposés à chaque examen et chaque cours, ils ont organisé une grève, bloquant le proviseur dans son bureau. En réponse, ce dernier a fait appel aux forces de l’ordre.
Ce qui aurait pu rester une simple manifestation lycéenne a viré au cauchemar. La police, équipée d’armes automatiques, est intervenue avec une barbarie inouïe. Des tirs à balles réelles ont semé la panique dans l’établissement, forçant des élèves à se réfugier derrières les cuisines des particuliers ou dans des toilettes. Plusieurs témoins parlent d’un véritable champ de bataille au sein même du lycée, une situation inimaginable dans un établissement scolaire.
Une colère qui pourrait s’étendre
Ce n’est pas la première fois que la jeunesse centrafricaine exprime son mécontentement face aux abus des autorités. En novembre 2024, des manifestations avaient éclaté à Bambari contre la présence des paramilitaires russes. Aujourd’hui, la colère gronde dans les lycées de Gbaloko.
L’affaire du lycée de Gbaloko envoie un signal clair au régime de Baba Kongoboro : à force de pressuriser une population, celle-ci finit par se lever un jour. Faustin-Archange Touadéra et son gouvernement devraient méditer sur ce nouvel épisode de révolte. Le peuple peut rester silencieux un temps, mais lorsqu’il décide de se réveiller, aucune répression ne peut l’arrêter.
Le ministère de l’Éducation nationale, de son côté, persiste dans le déni. Pendant ce temps, les lycées centrafricains, censés être des lieux de savoir et d’émancipation, deviennent des zones de non-droit où règnent corruption, abus et violence.
La question reste entière : combien de temps encore les autorités pourront-elles fermer les yeux sur cette faillite totale du système éducatif ?
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