Frappées, violées, réduites au silence : les femmes centrafricaines face à l’horreur quotidienne
Par la rédaction de Corbeaunews-Centrafrique.
Dans la salle d’attente du centre de santé de Gobongo à Bangui, Marie-Claire cache ses bleus sous un pagne coloré. Ses yeux racontent une histoire que sa bouche n’ose plus dire. À 32 ans, cette mère de trois enfants vient d’être battue pour la énième fois. “Cette fois-ci, j’ai décidé de parler”, murmure-t-elle. “Même si je sais que personne ne m’écoutera vraiment.”
Comme Marie-Claire, des milliers de femmes centrafricaines vivent dans l’ombre de la violence. Dans les quartiers de Bangui comme dans les provinces, les coups pleuvent, les viols se multiplient, et le silence reste la règle. Une violence devenue si banale qu’elle ne fait même plus la une des journaux à Bangui.
À Bambari, Sylvie garde les cicatrices de son calvaire. “Quand les hommes armés sont entrés chez moi, ils n’ont pas vu une femme, ils ont vu un objet”, raconte-t-elle, la voix tremblante. “Après, mon mari m’a répudiée. Dans notre société, une femme violée devient une femme souillée”.
Les chiffres donnent le vertige. Rien qu’à Rafaï, une ville du Haut-Mbomou, plus de 6000 cas de violences basées sur le genre ont été recensés en trois mois. Derrière ces statistiques glaciales se cachent des visages, des vies brisées, des destins fracassés contre le mur de l’indifférence.
“Le pire, ce n’est pas la violence”, confie Honorine, assistante sociale à Bossangoa. “C’est l’impunité. Les agresseurs de ces femmes centrafricaines se promènent librement, parfois ils narguent même leurs victimes. La justice existe sur le papier, mais dans la réalité…”
Pourtant, certaines femmes centrafricaines se lèvent. Dans chaque quartier, des réseaux de solidarité se tissent en silence. Des mains se tendent, des portes s’ouvrent pour accueillir celles qui fuient les coups. À Bouar, un groupe de “mamans courage” accompagne les victimes jusqu’au tribunal, défiant les regards désapprobateurs.
“On nous dit de nous taire, que c’est normal, que c’est notre culture”, s’insurge Béatrice, leader d’une association de femmes centrafricaines à Bria. “Mais depuis quand la souffrance est-elle devenue notre culture ? Depuis quand accepter d’être détruites fait-il partie de nos traditions ?”
Le combat est quotidien, épuisant, parfois décourageant. Mais chaque femme qui ose dire non, chaque victime qui trouve la force de porter plainte, chaque survivante qui témoigne fait vaciller les murs du silence. Dans cette guerre contre les violences faites aux femmes, chaque petite victoire compte, même si le chemin vers la justice reste encore long et semé d’embûches.
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