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CENTRAFRIQUE : FAUDRA-T-IL UN GOUVERNEMENT D’UNION NATIONALE POUR RAMENER LA PAIX ?

CENTRAFRIQUE : FAUDRA-T-IL UN GOUVERNEMENT DUNION NATIONALE POUR RAMENER LA PAIX ?

 

 

Le Premier ministre Simplice Mathieu Sarandji le 23 février 2018. Pho to : Cyrille Jefferson Yapéndé. CopyrightCNC.

 

 

 

Bangui, le 4 mars 2018.

Par : Akouissonne de Kitiki,CNC.

 

UNE AUTRE POLITIQUE

         

Depuis près de quatre ans, la situation catastrophique qui prévaut en Centrafrique semble inextricable. Pour tenter de ramener la paix, des conférences se sont succédé, sans succès. Les massacres, massifs, n’ont jamais cessé. Les villages sont incendiés. Par milliers, des Centrafricains ont quitté leur terre pour devenir des parias dans les pays limitrophes. Des provinces séparatistes ont fleuri un peu partout sur le territoire, dirigées par des prédateurs arrogants. Les forces internationales, dépêchées au chevet d’un pays à la renverse, n’ont encore rien pu faire. Le déploiement récent des FACAS et des Forces de Sécurité va-t-il changer la donne ? Espérons-le !

                 Jusqu’à présent, les multiples tentatives de recherche d’une paix (SIRIRI) en Centrafrique ont échoué. Le gouvernement a été incapable de défendre les populations et le territoire. Les Centrafricains ne savent plus à quel saint se vouer. On a l’insupportable impression que le président centrafricain, démocratiquement élu, est dépassé par le chaos qui sévit dans le pays. Le second gouvernement Sarandji ne fonctionne pas. Les luttes intestines qui minent les rouages du pouvoir ne font que s’aggraver, au détriment du relèvement du pays.

Aujourd’hui, il est temps que tous les acteurs du drame centrafricain changent leur fusil d’épaule. Il faut qu’ils adoptent une autre politique et une autre stratégie sur le terrain. Les FACAS et la MINUSCA doivent recevoir des missions précises, des ordres clairs, pour que les zones occupées par les rebelles puissent être enfin libérées.

          Il faut une politique volontariste et patriote pour combattre les rebelles et abréger les souffrances du peuple centrafricain. On peut peut-être en voir le signe avant-coureur dans la condamnation de plusieurs séditieux aux travaux forcés à perpétuité : il faut saluer ce jugement, symboliquement fort. La justice passe donc à l’action.

          Toutefois, c’est devant la Cour Pénale Spéciale de Bangui que ces criminels de guerre doivent répondre de leurs actes – et non devant la Cour Criminelle de Bangui. Le caractère international de la Cour Pénale spéciale de Bangui est une garantie de probité. Les procès doivent être diffusés en direct si possible, sur les antennes de la radio et de la télévision. Les Centrafricains veulent et doivent savoir.

 

UN GOUVERNEMENT A LA HAUTEUR DES DÉFIS ?

          Les luttes minables pour conserver les prébendes empêchent les politiciens de relever les défis d’une bonne gouvernance. Les terribles problèmes de la Centrafrique depuis son indépendance proviennent en grande partie de la cupidité et du clanisme de ses dirigeants. Ajoutez à cela un certain mépris du peuple, considéré comme analphabète et ignorant.

          Mais attention ! Les politiciens centrafricains doivent savoir que, désormais, le citoyen centrafricain a mûri politiquement. Il sait ce que veulent dire République et Démocratie. Si le président Touadera veut sauver son quinquennat, il doit trancher dans le vif pour retrouver la popularité du début de mandat : rompre avec un passé calamiteux, appliquer avec détermination la bonne gouvernance promise au peuple, lutter contre les impunités et les injustices sociales, donner la priorité à la population et à sa jeunesse, qui assurera l’avenir du pays.

          Aujourd’hui, les aides internationales affluent et redonnent espoir. Mais il faudra faire attention, car les Centrafricains voudront savoir précisément à quels projets elles seront affectées. La corruption, le détournement de fonds par certains membres du gouvernement et hauts fonctionnaires ne seront pas tolérés. Etant donné l’état de délabrement du pays, cela équivaudrait à commettre des crimes contre l’humanité.

          La gestion des aides internationales doit donc être rigoureusement transparente. Or, on a l’impression que le gouvernement ne communique pas assez sur leur destination. Une gestion opaque est insupportable dans un pays qui a déjà été victime à plusieurs reprises de détournements de fonds publics. En Centrafrique, leurs auteurs ne se retrouvent jamais devant les tribunaux. C’est plutôt le contraire qui se produit ! Ces affameurs et voleurs des biens mal acquis étalent cyniquement leurs richesses à côté d’une population affamée, qui ne survit que grâce à l’aumône internationale. La suffisance alimentaire de jadis a disparu, livrant le territoire à une famine menaçante. Cette situation ne peut plus durer.

 

UN PREMIER MINISTRE ISSU DE LOPPOSITION ?

          Quand un pays est blessé et bloqué, il faut dépasser les antagonismes partisans. La sortie de la fin du chaos ne surgira jamais sans la contribution de tous les Centrafricains. Une décision politique courageuse doit être prise par le président Touadera qui dispose encore de la confiance du peuple.    

          Mais cette confiance commence à s’effriter. C’est pourquoi il faudrait envisager désormais un gouvernement d’union nationale et nommer un premier Ministre venu de l’opposition. Cette double option constituerait alors un rempart contre les rebelles, qui seraient obligés de déposer les armes.

ALLA GBOU NI NGANGOU, ALLA ZIA NI A TI PEPE !

(Tenez bon, ne laissez pas tomber !)

                                                                  

JOSEPH AKOUISSONNE DE KITIKI 

(4 mars 2018)

 

Monsieur Akouissonne de Kitiki, l’auteur de l’article. Photo de courtoisie.

 

 

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