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CENTRAFRIQUE LA GUERRE DE L’EAU

CENTRAFRIQUE  LA GUERRE DE LEAU 

 

 

Lac Tchad

 

 

 

Bangui, le 31 décembre 2017.

Par : Joseph Akouissonne, CNC.

 

LE  M’BOMOU ET LE LAC TCHAD

      

On n’évoque jamais – ou rarement – la problématique de l’eau dans le désastre centrafricain. Pour être convaincu de son importance capitale, il suffit de considérer ce qu’est devenu le lac Tchad.

          Hier majestueux, aujourd’hui squelettique et boueux. Or, il s’agit d’une réserve d’eau vitale, pour le Tchad d’abord, mais aussi pour un certain nombre de pays sahéliens. C’est un facteur indéniable de développement. L’assèchement du lac serait un énorme handicap pour tous ses riverains. Les agriculteurs seraient pénalisés au premier chef, les cultures ne seraient plus suffisamment irriguées et tout le système hydraulique du Tchad en pâtirait.

          On a évoqué, à une certaine époque, une dérivation des eaux de l’Oubangui pour alimenter le lac Tchad.  Mais on a rapidement compris que des pays comme le Soudan et la République Démocratique du Congo, qui dépendent aussi des eaux de l’Oubangui, n’accepteraient jamais que l’on prélève les eaux du fleuve, au risque de restreindre le débit du Congo dont il est l’affluent majeur.

          Des conflits à propos du contrôle de l’eau risquent donc de surgir dans la sous-région si on ne trouve pas rapidement des solutions. On comprend mieux, maintenant, l’acharnement du Nigérien Ali Darassa et de sa bande, à proclamer une République autonome pour livrer l’Oubangui à son propre pays, le Niger, et au Tchad qui le financent.

         La menace est extrêmement grave. Ce ne sont pas seulement les mines qui intéressent les prédateurs, ce sont aussi les eaux de la Centrafrique. Le pays devra-t-il se préparer à une guerre de l’eau ?

          Déjà aujourd’hui, des Tchadiens possesseurs de puits s’enrichissent en vendant de l’eau aux bergers peuhls qui font transhumer leurs troupeaux. L’énorme problème des pâturages alimente aussi les affrontements entre Peuhls et paysans sédentaires de la RCA, que le terroriste Nigérien Darassa ne cesse d’attiser dans les provinces qu’il occupe : il réquisitionne les champs appartenant à des Centrafricains pour les louer aux bergers peuhls comme pâturages. Mais, étant donné que les Antibalakas défendent les autochtones, les conflits se multiplient, à Bambari, à Bangassou, à Ippy et ailleurs

 

L’OUBANGUI, FLEUVE DE TOUTES LES CONVOITISES

          Dans le drame centrafricain, l’eau a donc sa part. On saisit mieux d’où vient l’acharnement d’Idriss Deby Itno, président du Tchad, à contrôler la République Centrafricaine. Aux multiples problèmes qui l’assaillent dans son pays, il doit ajouter cette difficulté majeure : trouver le moyen d’endiguer l’assèchement du lac et, pour cela, utiliser les ressources de la Centrafrique.

         Une autre solution consisterait à planter des milliers d’arbres tout autour pour favoriser les pluies. Peut-être est-ce l’une de celles qu’il adoptera.

          Mais il faut faire vite, le temps presse, car beaucoup de pays de la sous-région sont tributaires des eaux de l’Oubangui – le bassin du Congo en premier lieu.

          Ces convoitises autour du projet de déviation des eaux de l’Oubangui s’aiguisent dans l’ombre des chancelleries. Les autorités centrafricaines devraient impérativement les prendre en compte comme facteurs aggravants du chaos.

          Quand la stabilité et la paix (SIRIRI) reviendront, le problème des eaux du lac Tchad persisteront. Il appartiendra à tous les États de l’Afrique Centrale de se concerter pour trouver des solutions pacifiques, sous peine d’aboutir à des conflits meurtriers inutiles. Le drame centrafricain est une calamité qui peut s’étendre à tout le centre de l’Afrique si l’on n’y prend garde.

          C’est pourquoi  – nous nous devons d’y insister – le refus arrogant qu’oppose l’ex-Séléka à la main tendue du président Touadera pour un dialogue dans le cadre du DDDR est une aberration. Il faut que, dorénavant, tous les efforts tendent vers le retour de la paix et de la réconciliation.

          Si on n’y parvient pas par la négociation, il faudra l’imposer par la force.

                                                                 

 

JOSEPH AKOUISSONNE

 

Monsieur Joseph Akouissonne, l’auteur de l’article.
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