Centrafrique: « Nous avons un président qui n’a jamais manifesté une volonté politique pour mettre un terme à ce désordre généralisé » Axime Césaire Oronindji
Bangui 9 novembre 2017, CNC.
Interview exclusive :
La détérioration de la situation sécuritaire et humanitaire en Centrafrique attire l’attention des leaders d’opinions, de la société civile dans le pays et à travers le monde. Dans une interview exclusive à notre rédaction (Corbeau News Centrafrique), le leader d’opinion politique Centrafricain, Axime Césaire Oronindji, n’est pas passé par quatre chemin pour fustiger le Chef de l’Etat centrafricain, Faustin Archange Touadera, et son premier ministre Mathieu Simplice Sarandji, pour leur gestion inadaptable à la situation réelle du pays. La question de l’opérationnalisation des FACA avec l’embargo, l’inefficacité de la Minusca, et de la mise en place d’une structure de la communauté centrafricaine de France entre autres sont les sujets abordés sans langue de bois avec le leader d’opinion politique.
Corbeau News Centrafrique (CNC) : Bonjour, Axime Césaire Oronindji
Axime Césaire Oronindji (ACO) : Bonjour
CNC : la Centrafrique continue de faire face à la détérioration de la situation sécuritaire avec des conséquences humanitaires. Comment analyser cette situation ?
ACO : La situation dans notre pays est alarmante et dramatique nous assistons clairement à une somalisation, plus d’un million de nos familles se sont réfugiées à l’extérieur comme à l’intérieur . Tout ceci se résulte par des fractions des différentes groupes armés qui contrôlent 97% de notre territoire se livrant à des exactions sans précèdent de nos paisibles concitoyens sans défense abandonnés par un pouvoir de Bangui qui n’existe que de nom.
Aujourd’hui nous avons en face de nous un président le Professeur Faustin Archange Touadera qui a reçu mandat d’un peuple a la quête assoiffé de la stabilité et de vivre ensemble, investi depuis 19 mois mais qui n’a jamais manifesté une volonté politique pour mettre un terme à ce désordre généralisé en faisant preuve d’un manque cruel d’autorité.
il s’est doté d’un pouvoir exécutif qui n’a aucune feuille de route capable d’apporter des réponses claires à cette crise qui n’a que trop duré , nous avons sur notre territoire une présence des forces ONUSIENNES pour le maintien de la Paix la MINUSCA composé de 12500 hommes qui n’a visiblement pas su réduire les violences pour la simple raison d’une absence de pouvoir Central pour un gouvernement qui n’incarne en rien le sens de management et de coopération et qui préfère plutôt des voyages entre 4 avions au lieu d’assumer ses responsabilités ….
CNC : Vous avez été invité de l’émission « Polititia » de la télévision panafricaine Africa24 où vous vous êtes montré très dur avec le pouvoir de Bangui. Vous avez déclaré je cite « Nous avons un premier ministre qui est incompatible ». Qu’est-ce qui vous faire dire cela ?
Écoutez, n’importe qui a Bangui vous le dira. Ce n’est un secret pour personne que nous avons un premier ministre qui est incompatible , la preuve , lui et la plupart des membres de son gouvernement ne regardent plus dans la même direction , trop de croc en jambes entre eux , nonobstant certains ministres ne sont pas aguerris et d’autres manque de personnalité, sa structure ne réponde pas aux attentes du peuple , la corruption , détournement de denier public , l’inertie , le refus à des convocations parlementaires , sont le sport favori de ce gouvernement , toujours opposé à la société civile en les privilégiant de remplir son devoir .
Voici un adage : ” On dit que la mangue qui tombe sur le toit la nuit fait peur aux enfants. C’est vrai ! Je m’explique, lorsque le central syndical veut organiser une marche Pacifique et quand des leaders politiques font des observations objectives pour les aider à faire mieux, Eux, ne voient que coup d’État partout. En ce moment, Ils obligent la population à ne pas juger leurs actions, sic ! Une dictature ! Lorsqu’on a un premier ministre chef du gouvernement d’un pays en déliquescence qui n’a pas n’a pas de lisibilité, ça sera du pilotage à vue ! La Centrafrique a besoin d’un nouveau premier ministre un souhait tant attendu de l’opinion national et international mais notre professeur de mathématique refuse délibérément d’accepter cette réalité.
CNC : Comment appréciez-vous le travail de la Minusca sur le terrain
La force de la minusca est très vite arrivée. La crise Centrafricaine devrait être gérée par des forces relevant d’une relation bilatérale et après peut venir la force onusienne pour assurer la pérennisation de la paix. Vous conviendrez avec moi que c’est une force de maintien de la paix et non une force de combat ni d’attaque selon sa vocation conformément à la configuration de ce conflit chez nous. La plus ressente et heureuse histoire est que quand la Centrafrique avait gérée la crise au départ avec la France dans un cadre bilatérale, nous avions tous vu les résultats en quelques semaines.
Aujourd’hui il est question de recadrer les actions de la Minusca car cette force a fait un grand fisco connu de tout le monde, aujourd’hui elle fait l’objet de critique et de défiance, plusieurs fois accusés passivité et de partialité. Et si recadrage y est, cela ne peut que se faire sur la demande du Président Faustin Archange Touadera et son équipe gouvernementale malheureusement que leurs têtes ne sont pas bien disposées pour des bonnes œuvres. C’est plutôt ailleurs, dans l’affairisme avec comme slogan ” C’est notre tour, taisez-vous et souffrez “. Pathétique !
CNC : La République Centrafricaine est sous embargo du Conseil de Sécurité de l’ONU. Ce qui a fait que les FACA sont dépourvues de moyens de fonctionnements. Mais lors de votre débat sur Africa24, vous avez soutenu que le président Touadera n’a pas la volonté de réarmer les forces nationales. Alors, sur quoi, vous fondez vos arguments ?
Ce qu’il faut relever c’est que quand un pays est en crise militaire, on met ce pays sous l’embargo. Ce sont des dispositifs sécuritaires pour empécher les belligérants de mauvaises fois à se procurer illicitement des armes. Et non interdit à une armée légale de fonctionner. Cela explique que ce fameux embargo ne concerne pas l’armée nationale mais plutôt les actes d’achat et autre trafics relatifs aux matériels de guèrre dont en procure l’État. J’entends dire souvent que la Centrafrique n’a pas d’armée mais pourquoi payé les soldes des militaires chaque mois ? Sachant que ce corps ne travaille pas et que ce corps est déclaré opérationnellement non grata ?
Ceci est devenue une supercherie conjointement entretenue depuis entre MINUSCA et Mme Catherine Samba Panza et aujourd’hui avec Faustin Archange Touadera pour dire aux centrafricains que l’embargo concerne aussi les Forces Armées Centrafricaines en abrégé F.A.C A, ce qui est archi faux ! Pour eux armer nos F.A.C.A c’est donné l’occasion à certains officier favorables aux anciens régimes bien connus pour des raisons ethnique et pourtant ce sont des Centrafricains, il y’a urgence et que certaines limites doivent être dépassé en faisant preuve d’une ferme volonté politique et de courage.
CNC : Le week-end dernier, la diaspora centrafricaine de France a mis en place une organisation pour s’engager au relèvement du pays. Quelle lecture faites-vous sur l’engagement des Centrafricains de France ?
Rectificatif, cette réunion du 04 Novembre n’est pas l’émanation de toute la communauté Centrafricaine résidente en France dite DIASPORA en d’autre terme. Il faut se le dire que ce jour à été la naissance d’une nouvelle association comme tout autre puisque la loi 1901 l’autorise. Pour ma part je ne peux que saluer cette initiative en leur demandant du sérieux. Et comme c’est un engagement pour participer au relèvement du pays, il est important de définir dans quels cadres sont ces engagements ? Financiers ? Soutiens politiques ? Force de proposition? Aides de matériel médical ou éducatif…?
Ensuite il faudra mettre en place un organe composé des personnes intègres, honnêtes et dévouées pour la cause afin de prendre en charge la gestion de tout cela, de faire le suivi, les comptes rendu…
Car pour que tout fonctionne bien il faut absolument une bonne organisation et c’est ce que nous Centrafricains faisons très mal. En attendant, je vais les observer pour voir ce dont ils seront capables de produire. J’en ajoute qu’ils ont encore du chemin à suivre, des démarches auprès de la préfecture pour l’obtention d’un récépissé qui dépend de quelques mois d’une enquête de moralité pour tous les membres de ladite nouvelle association.
CNC : Quel est votre vision aujourd’hui pour le meilleur de la RCA
Ma vision est celle d’interpeller tous les Centrafricains quel que soit son milieu social, sa religion , son ethnie, son âge son sexe de s’entendre en mettant de côté leurs différents sur toutes les formes en disant non aux violences , aux massacres tous azimuts , à la destruction gratuite de nos biens, nos infrastructures nos valeurs. Car les valeurs et compétences nous en avons assez capable pour relever ce beau pays qui est le nôtre. La Centrafrique pays de l’hospitalité et des gentlemens.
CNC : Avez-vous quelle que choses à ajouter sur tout ce que vous avons abordé ?
Je suis optimiste car avec cette crise lancinante qu’a subi cette nation, une nouvelle génération clairvoyante et courageuse a pris conscience de l’ampleur de la gravité que compose son débordement, cette génération est en train de se mobiliser dans un esprit de rassemblement avec perspicacité afin de prendre le destin de la République Centrafricaine dans un avenir proche. Oui, j’en suis convaincu.
Interview réalisée par Eric NGABA