Monsieur le Président, où sont vos psychologues pour les victimes du lycée Boganda  ?

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Monsieur le Président, où sont vos psychologues pour les victimes du lycée Boganda  ?

 

Monsieur le Président, où sont vos psychologues pour les victimes du lycée Boganda  ?
Une dizaine des évanouis du drame du lycée Boganda de Bangui déposés directement à la morgue de l’hôpital communautaire

 

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.

 Le gouvernement centrafricain a multiplié les annonces médiatiques après le drame du lycée Barthélémy-Boganda. Conseil des ministres, conférences de presse, déclarations officielles : tout a été dit, sauf la vérité.

 

Alors que les autorités affirmaient avoir mobilisé des services d’aide psychologique, aucune structure étatique n’a pris le relais après la seule intervention d’urgence, menée par l’Association des femmes juristes et financée par un partenaire international. Irène Moussa-Kembé, présidente de l’association, dénonce un abandon total. Les élèves traumatisés, censés reprendre les examens dans la foulée du drame, ont été sacrifiés au profit d’une communication politique mensongère.

 

Le contraste est agressif. D’un côté, le gouvernement affirme « avoir tout mis en place ». De l’autre, les faits révèlent une absence totale de suivi. Après l’intervention d’urgence coordonnée du 28 juin au 7 juillet par l’Association des femmes juristes de Centrafrique (AFJC), plus rien. Aucun relais étatique, aucun soutien prolongé, aucune cellule psychologique mise en place par les ministères concernés. Le soutien apporté à 730 personnes – élèves, enseignants, parents – n’a tenu que dix jours. Une aide indispensable, financée par ONUFAM, mais restée isolée.

 

Irène Moussa-Kembé, juriste et militante, qualifie cette absence d’accompagnement de « démission pure et simple de l’État ». Selon elle, le gouvernement a sciemment laissé les victimes livrées à elles-mêmes, se contentant de discours creux et de formules sans lendemain. L’écart entre les annonces officielles et la réalité du terrain est tel qu’il ne peut être attribué à une négligence : il s’agit d’un choix politique.

 

Une population traumatisée, abandonnée dès le 8 juillet À l’issue des dix jours d’intervention, le constat est clair : les victimes présentent des symptômes graves et persistants. Stress, crises d’angoisse, perte de mémoire, cauchemars, insomnies, vertiges, troubles du comportement. Aucun de ces signes ne peut être traité en quelques jours. Les psychologues mobilisés ont recommandé un suivi minimal de trois à six mois, notamment pour les élèves encore en âge scolaire. Mais dès le 8 juillet, le projet a pris fin – et le gouvernement, informé par des rapports détaillés, n’a rien prévu pour la suite.

 

Cette inaction volontaire intervient alors même que les examens ont repris immédiatement après. Des adolescents traumatisés, incapables de dormir ou de se concentrer, ont été renvoyés en salle d’examen sans préparation, ni soutien, ni aménagement. « C’est une maltraitance institutionnelle », affirme Irène Moussa-Kembé. Une preuve, selon elle, que les autorités ont sacrifié la santé mentale des jeunes pour préserver l’image d’un calendrier scolaire soi-disant maîtrisé.

 

Une communication massive pour dissimuler le vide

 

La machine gouvernementale s’est pourtant emballée. Porte-parole du gouvernement, membres du cabinet, communiqués officiels : tous affirmaient que des cellules d’écoute avaient été déployées, que les services sociaux étaient mobilisés, que tout avait été prévu. En réalité, aucun service public n’a pris en charge les victimes. Aucun psychologue de l’Éducation nationale, aucun agent du ministère de la Santé n’a été vu sur le terrain après le départ de l’AFJC.

 

Cette stratégie de communication, organisée pour masquer l’absence d’action réelle, a provoqué une colère grandissante parmi les familles. Nombre de parents affirment n’avoir jamais vu l’ombre d’un agent de l’État sur les lieux. À la souffrance s’ajoute un sentiment d’humiliation : celui d’être instrumentalisés par une propagande officielle qui nie leur détresse.

 

Les conséquences immédiates sont graves. Plusieurs élèves ont interrompu leur scolarité. Certains ont fui Bangui pour rejoindre des proches en province, incapables de rester dans un environnement devenu anxiogène. D’autres témoignent de pertes de mémoire en pleine épreuve, de tremblements incontrôlables, d’absences prolongées. Pour ces jeunes, la rentrée scolaire s’annonce sous le signe de l’incertitude et de la peur.

 

Irène Moussa-Kembé insiste : « Ils n’ont même pas envisagé de repousser les examens ou de créer des sessions spéciales pour les élèves touchés. » Aucun aménagement, aucune exception. Le système scolaire, rigide, a poursuivi son calendrier comme si rien ne s’était passé. Une décision qui a détruit la confiance entre les élèves et leurs encadreurs. « On nous traite comme si on n’était rien », a résumé une élève interrogée à la sortie d’un examen.

 

La crise n’a pas touché que les élèves. Les parents, traumatisés par ce qu’ont vécu leurs enfants, n’ont bénéficié d’aucune forme d’accompagnement. Plusieurs d’entre eux ont exprimé leur désarroi face aux crises répétées de leurs enfants, sans savoir à qui s’adresser. Les enseignants aussi ont été oubliés. Certains ont assisté au drame, d’autres ont accueilli des élèves en pleurs dans leurs classes. Aucun n’a été soutenu, formé ou même consulté par les autorités éducatives.

 

« On leur demande d’enseigner à des jeunes brisés sans leur donner les outils pour le faire », résume Moussa-Kembé. Selon elle, l’ensemble du corps enseignant aurait dû être encadré après le drame pour assurer une reprise pédagogique adaptée. Là encore, le gouvernement a fait le choix de l’inaction.

 

Les psychologues de l’AFJC n’ont pas seulement accompagné les victimes. Ils ont aussi produit des rapports clairs, structurés, avec des données exploitables sur l’état psychologique des élèves, leurs besoins, et les risques encourus en l’absence de suivi. Ces documents ont été transmis aux autorités compétentes : ministère de l’Éducation nationale, ministère de la Santé, présidence. Aucune suite. Aucun appel. Aucun retour. Les données ont été classées sans suite.

 

Ce silence, selon Irène Moussa-Kembé, traduit un mépris total pour le travail de terrain et pour les professionnels qui tentent de combler les lacunes de l’État. « On aurait pu adapter les politiques publiques. On aurait pu au moins ralentir le rythme scolaire. Ils ont préféré faire comme si rien ne s’était passé. »

 

Pour les observateurs du système éducatif centrafricain, cette crise n’est pas une surprise. Chaque incident grave – qu’il soit sécuritaire, sanitaire ou scolaire,  révèle le même mécanisme : absence de prévention, improvisation dans l’urgence, récupération politique, puis abandon des victimes. L’affaire du lycée Barthélémy-Boganda ne fait que confirmer ce cycle d’irresponsabilité.

 

Ce que dénonce Irène Moussa-Kembé, c’est un mécanisme rodé de communication mensongère. « Ils n’ont rien fait, mais ils font croire qu’ils ont tout fait. Et dans le vacarme des médias d’État, on perd de vue la vérité : les élèves sont seuls, les parents sont seuls, les enseignants sont seuls. »….

 

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