Martin Ziguélé : La Centrafrique face au spectre de la recolonisation

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Martin Ziguélé : La Centrafrique face au spectre de la recolonisation

 

Martin Ziguélé : La Centrafrique face au spectre de la recolonisation

 

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.

 Lors de son passage sur TV5 Afrique, Martin Ziguélé accuse Touadéra de dictature et Wagner de piller la Centrafrique, appelant à l’alternance.

 

Dans une interview accordée à la chaine française TV5 Afrique lors du Journal Afrique du soir, Martin Ziguélé, ancien Premier ministre centrafricain, député de Bocaranga 3, et président du Mouvement de libération du peuple centrafricain (MLPC), a dressé un portrait sans concession de la situation politique et sécuritaire de son pays. À quelques mois d’une élection présidentielle sous haute tension et d’un dialogue politique annoncé par la présidence, cette figure de l’opposition a dénoncé un climat démocratique en régression et une tentative du président Faustin-Archange Touadéra de s’accrocher au pouvoir.

 

Pourquoi Touadéra ne devrait pas se représenter

 

Martin Ziguélé a vivement critiqué la possibilité que le président Touadéra brigue un nouveau mandat, rendue possible par l’adoption d’une nouvelle constitution en août 2023. Selon lui, cette démarche est « illégale » et constitue une « escroquerie politique ». Il rappelle que Touadéra, élu en 2016 et réélu en 2020 sous l’égide de la constitution de 2016, est dans la dernière année de son second et dernier mandat. Martin Ziguélé accuse le chef de l’État de manipuler les institutions, notamment en limogeant la présidente de la Cour constitutionnelle, qui s’était opposée à une révision constitutionnelle il y a trois ans.

 

« Tout le reste, c’est de la manipulation, du subterfuge », martèle-t-il, comparant les agissements de Touadéra à une volonté de présidence à vie, évoquant même un « Bokassa sans empire ». Il appelle le président à respecter sa parole et le peuple centrafricain, afin d’éviter un retour aux périodes sombres de dictature qu’a connues le pays.

 

Un dialogue qui ressemble à un piège

 

Interrogé sur l’annonce d’un dialogue avec l’opposition par le gouvernement, Ziguélé se montre sceptique, dénonçant un « jeu du chat et de la souris ». Il reproche au pouvoir de commenter publiquement les positions de l’opposition tout en demandant des thématiques pour ce dialogue, ce qui, selon lui, manque de sincérité. Il exhorte Touadéra, en tant que chef d’État, à éviter une crise politique dans un pays déjà marqué par des transitions difficiles depuis son indépendance en 1960. « Ce pays a beaucoup souffert », insiste-t-il, plaidant pour une alternance pacifique portée par une nouvelle génération.

 

La liberté d’expression en danger

 

Martin Ziguélé déplore la réduction de l’espace politique en Centrafrique, malgré la possibilité pour l’opposition de manifester, comme ce fut le cas le 4 avril à Bangui. Il rappelle que la RCA a payé un lourd tribut pour instaurer la démocratie, notamment depuis 1969, année de création du MLPC. Pour lui, les responsables politiques, notamment ceux ayant bénéficié d’une éducation, ont la responsabilité historique de faire avancer le pays, tant sur le plan démocratique que sur celui du développement. « Le but de la politique, c’est de faire en sorte que les gens vivent mieux », affirme-t-il, dénonçant les ambitions personnelles qui plongent le pays dans le chaos.

 

Ce que Touadéra a fait, et ce qu’il n’a pas fait

 

Sur le bilan de Touadéra depuis 2016, Martin Ziguélé reconnaît des avancées sécuritaires, notamment une meilleure circulation dans certaines parties du pays. Cependant, il juge la politique économique du président « illisible » et pointe du doigt un échec retentissant. Il cite des scandales autour de dons de carburant et de blé, ainsi qu’un secteur agricole en déliquescence, avec une production de coton quasi inexistante comparée aux années 1970. L’absence d’infrastructures routières, obligeant les Centrafricains à dépendre des avions des Nations unies pour se déplacer, est également un point noir majeur selon lui. « Ce n’est pas normal dans un pays qui a 65 ans d’existence », déplore-t-il.

 

Une opposition qui doit parler d’une seule voix

 

À l’approche de l’élection présidentielle prévue pour décembre 2025, Martin Ziguélé reste prudent sur sa candidature. « Je ne peux pas m’auto-proclamer candidat », déclare-t-il, soulignant que la décision reviendra à son parti et que l’opposition doit adopter une stratégie commune pour redonner espoir à la Centrafrique. Il insiste sur la nécessité d’une unité pour répondre aux attentes d’un peuple qui a « tant souffert ».

 

Wagner : un pillage qui doit cesser

 

Enfin, interrogé sur les contrats avec le groupe paramilitaire russe Wagner, Martin Ziguélé est catégorique : il les supprimerait s’il était élu président. Il qualifie la présence de Wagner de « récolonisation » et d’« économie de traite », accusant le groupe de piller les ressources du pays, notamment l’or de Ndachima, sans contribuer au budget national. « Nous avons des richesses sous notre terre, et nous les laissons piller par ceux qui sont censés nous aider », fustige-t-il, plaidant pour une gestion souveraine des ressources centrafricaines.

 

Martin Ziguélé se positionne enfin comme un fervent défenseur de la démocratie et de l’alternance en Centrafrique. Face à un pouvoir qu’il accuse de vouloir se pérenniser illégalement, il appelle à une mobilisation collective pour éviter une nouvelle crise dans un pays déjà fragilisé. Son discours, empreint de conviction et de références historiques, résonne comme un appel à un sursaut national pour redonner espoir et dignité au peuple centrafricain….

 

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