En Centrafrique, quand les parasites bloquent les bâtisseurs , une leçon d’Elie Oueifio

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.
Et si le mal de la Centrafrique venait de là : des profiteurs qui paralysent les rêveurs ? Dans son livre choc, Elie Oueifio cite Ayn Rand : « Lorsque tu te rendras compte qu’il te faut l’autorisation de ceux qui ne produisent rien… »
Imaginez un pays où les idées neuves, les projets qui pourraient faire jaillir la lumière, sont étouffés avant même de prendre racine. Pas par manque de talent ou de volonté, non, mais par une armée silencieuse de profiteurs, de tireurs de ficelles qui n’ont jamais planté une graine ni taillé une pierre. C’est le tableau que dresse Elie Oueifio dans Quand la politique des mains tendues du président Touadéra soulève des interrogations et réflexions. Il y reprend une prédiction glaçante d’Ayn Rand : « Lorsque tu te rendras compte qu’il te faut l’autorisation de ceux qui ne produisent rien pour pouvoir créer ; lorsque tu verras que l’argent afflue non vers ceux qui échangent des biens, mais des faveurs ; lorsque tu comprendras que beaucoup s’enrichissent non par leur travail, mais par la corruption et les influences… alors tu pourras affirmer sans l’ombre d’un doute que ta société est condamnée ». Pour Oueifio, ces mots ne sont pas une vieille maxime philosophique : ils sont le miroir brutal de la République centrafricaine (RCA) d’aujourd’hui.
Les parasites : une ombre sur la nation
En RCA, ces « parasites » ne sont pas des figures vagues. Ce sont les hommes et les femmes tapis dans les coulisses du pouvoir, ceux que l’auteur appelle les « sirènes » ou les « manipulateurs patentés ». Ils ne labourent pas les champs, ne construisent pas les ponts, ne soignent pas les malades. Leur talent ? Susurrer à l’oreille des puissants, tisser des réseaux de faveurs, détourner les rivières d’argent qui devraient arroser le pays. Oueifio les décrit sans fard : des « eunuques du roi Pharaon », doux en paroles mais féroces en ambitions, qui transforment les rêves des bâtisseurs – paix, unité, prospérité – en cauchemars de division et de misère.
Prenez la politique des « mains tendues » de Touadéra, cette promesse d’un pays réconcilié. Elle aurait pu être une charpente solide, portée par des ministères dynamiques, des lois justes, des ponts tendus vers les exilés et les rebelles repentis. Mais les parasites ont eu raison de l’élan. Les ministères, au lieu de bâtir, se sont enkystés dans la « coterie », comme le déplore Oueifio. Les nominations ? Un jeu de chaises musicales pour les fidèles, pas pour les capables. Les fonds publics ? Un festin pour les vautours, pas un levier pour les créateurs. Et pendant ce temps, les routes restent des sentiers de boue, les écoles des coquilles vides, les champs des terrains vagues.
Les bâtisseurs entravés : un gâchis centrafricain
Les bâtisseurs, eux, sont là, mais bâillonnés. Ce sont les paysans qui voudraient semer sans craindre les pillards, les enseignants qui rêvent d’écoles pleines de rires, les entrepreneurs qui imaginent des ateliers bourdonnants. Oueifio les voit, ces anonymes qui portent l’âme du pays, mais il hurle leur tragédie : ils sont coincés sous le joug de ceux « qui ne produisent rien ». Pour planter un arbre, il faut un tampon ; pour lancer un commerce, une bénédiction d’en haut ; pour respirer, presque, une autorisation signée par un bureaucrate ventru qui n’a jamais tenu une pelle.
L’auteur pointe un exemple criant : le ministère de la Justice, qui aurait dû être un phare pour guider la réconciliation, s’est mué en marteau. Au lieu de tendre la main, il condamne à tour de bras – peines de mort, travaux forcés – ceux que Touadéra disait vouloir ramener dans le giron national. Résultat ? Les rebelles se braquent, les exilés s’éloignent, et les bâtisseurs s’épuisent. « La corruption est récompensée et l’honnêteté devient un sacrifice », écrit Oueifio, reprenant Rand, et c’est une litanie qui résonne dans chaque coin de la RCA.
Les conséquences : un pays au bord du gouffre
Quand les parasites tiennent les rênes, le pays vacille. Les chiffres ne mentent pas : des routes barrées, des villages incendiés, des enfants qui grandissent le ventre vide et le crayon loin des mains. Oueifio le dit avec une colère contenue : « Les populations ne peuvent pas librement aller au champ, à la pêche ni à la chasse ». Ce n’est pas une phrase, c’est un cri. Un cri contre un chaos où ceux qui ne produisent rien – les profiteurs, les flatteurs, les mafieux – prospèrent pendant que les créateurs s’effacent.
Et le pire ? Ce piège ronge la confiance. Les Centrafricains ne croient plus en leurs institutions, ces ministères qui devraient être des refuges mais puent la magouille. Les « brigades de mort », les « intimidations », ces monstres nés dans l’ombre des bureaux officiels, ont remplacé la main tendue par un poing fermé. Le peuple se détourne, les dirigeants s’enferment dans leurs tours dorées, et la RCA glisse vers un abîme où seuls les parasites s’épanouissent, sur les cendres d’un pays qui pourrait briller.
Briser les chaînes : un sursaut pour les bâtisseurs
Mais Oueifio n’est pas homme à baisser les bras. Il tend une échelle pour sortir du piège. D’abord, nommer les coupables : « L’identification, la dénonciation et la mise en cause des vrais auteurs des crises », martèle-t-il. Ces parasites, ces « hommes qui ne produisent rien », doivent être démasqués, chassés des couloirs du pouvoir. Ensuite, libérer les bâtisseurs : des ministères peuplés de « capables, craignant Dieu, intègres » (Exode 18:21), pas de marionnettes. Des équipes qui arpentent les provinces, qui écoutent les murmures des villages, qui construisent plutôt que de parader.
Et puis, il y a le remède ultime : le pardon. « Les seuls remèdes efficaces prescrits par Dieu », insiste Oueifio. Une RCA qui pardonne ses blessures, qui réconcilie ses fils, peut renverser la malédiction de Rand. Les ministères, alors, ne seraient plus des prisons pour les créateurs, mais des ateliers où les idées prennent vie – routes, écoles, champs verdoyants. C’est un défi, mais aussi un défi d’espoir : faire taire les parasites pour laisser chanter les bâtisseurs.
Rappelons que la RCA est à un carrefour où les parasites pourraient l’emporter, condamnant les bâtisseurs à l’oubli. Elie Oueifio, avec sa plume trempée dans l’encre de la vérité, nous conjure de voir clair : quand ceux qui ne produisent rien tiennent les clés, le chaos règne. Mais il reste une fenêtre, étroite mais réelle : rendre le pouvoir aux créateurs, à ceux qui veulent semer, construire, unir. La paix ne viendra pas des fusils ni des bureaux feutrés, mais d’un sursaut où les mains tendues deviennent des mains qui façonnent. À nous de choisir : le piège ou la liberté ?
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