Bambari : le MRPC exige la libération de son chef Hamed Adam et menace de reprendre les hostilités

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.
La tension monte à Bambari : le MRPC demande la libération immédiate de son chef, Hamed Adam, détenu à Ngaragba, sous peine d’escalade armée.
Depuis quelques semaines, une crise majeure se profile à Bambari, chef-lieu de la préfecture de la Ouaka, où le Mouvement de révolution du Peuple Centrafricain (MRPC) exige la libération immédiate de son chef, Hamed Adam, emprisonné à la prison centrale de Ngaragba à Bangui depuis 2021. Le groupe menace de reprendre les armes si ses demandes ne sont pas satisfaites, ce qui pourrait compromettre la stabilité fragile de Bambari et des environs.
Hamed Adam, originaire de Bambari, a fondé le MRPC le 15 mars 2018, devenant rapidement une figure clé dans le paysage politique et sécuritaire de la Ouaka. Contrairement à de nombreux groupes armés en République centrafricaine (RCA), le MRPC a choisi la voie de la paix en signant un accord avec le gouvernement du président Faustin-Archange Touadéra. Adam a désarmé ses combattants et s’est rallié au parti au pouvoir, le Mouvement Cœurs Unis (MCU), où il a occupé le poste de vice-président du bureau sous-fédéral à Bambari. Ses efforts ont permis des avancées notables, comme la célébration paisible de la fête de Moissan, la JMA-2020, un événement marquant pour une ville longtemps troublée par les conflits.
Mais le parcours d’Adam a été bouleversé par des rivalités internes et des intrigues politiques. En 2020, Hassan Bouba, alors membre influent de l’Unité pour la Paix en Centrafrique (UPC), dirigée par Ali Darassa, a instrumenté son arrestation. Bouba, aujourd’hui ministre de l’Élevage, a attiré Adam à Bokolobo, une base de l’UPC située à 60 kilomètres de Bambari, où il a été retenu. Les combattants loyaux d’Adam ont alors lancé une opération audacieuse, affrontant les éléments de l’UPC pour libérer leur chef. C’est d’ailleurs ce qui a été fait. Le premier ministre de l’époque, Simplice Mathieu Sarandji, a organisé son transfert à Bangui pour des soins médicaux, ce qui lui a permis de retourner à Bambari et de reprendre ses activités.
Ce répit fut de courte durée. Le 31 janvier 2021, Adam a été arrêté à nouveau sur décision d’une coalition d’autorités, incluant l’ancienne ministre de la Défense Marie-Noëlle Koyara, Hassan Bouba et Bienvenu Zokoué, directeur général de la police. Transféré à la prison de Ngaragba, il a été accusé d’appartenir à la Coalition des Patriotes pour le Changement (CPC), une alliance rebelle opposée au gouvernement de Touadéra. Le MRPC rejette fermement ces accusations, soulignant qu’Adam a prouvé sa loyauté envers le gouvernement par son désarmement, son soutien au MCU – y compris des contributions financières personnelles – et son rôle dans la reconstruction de Bambari, aujourd’hui surnommée « la ville verte » pour son calme relatif et son développement.
Les griefs du MRPC sont aggravés par l’état de santé alarmant d’Adam à Ngaragba, où les conditions de détention sont notoirement déplorables. Surpopulation, manque de soins médicaux et installations inadéquates mettent sa vie en danger. « La santé de notre chef se dégrade, et le silence du gouvernement est une trahison », a déclaré un porte-parole du MRPC, qui a requis l’anonymat pour des raisons de sécurité. « Hamed Adam a abandonné les armes, investi dans la paix et reconstruit Bambari. L’accuser de rébellion est une injustice. »
La frustration du groupe atteint un point critique. Les membres du MRPC, nombreux à Bambari et dans la préfecture de la Ouaka, menacent de retourner dans le maquis et de reprendre les hostilités si Adam n’est pas libéré immédiatement. Cette menace est prise au sérieux, car le MRPC dispose d’une influence significative dans la région, ce qui pourrait déstabiliser non seulement Bambari, mais aussi les zones environnantes de la Ouaka.
Le MRPC a lancé un appel aux organisations internationales, notamment les Nations Unies, l’Union africaine et l’Union européenne, pour qu’elles interviennent et obtiennent la libération d’Adam. Le groupe estime que sa détention fragilise le processus de paix et risque de raviver le conflit dans un pays où des groupes armés contrôlent encore de vastes territoires. L’Accord politique pour la paix et la réconciliation de 2019, signé entre le gouvernement et 14 groupes armés, visait à intégrer les anciens rebelles dans la vie politique et civile, mais des incidents comme l’arrestation d’Adam montrent les obstacles à sa mise en œuvre.
Les observateurs craignent une escalade. « Bambari a progressé, mais elle reste fragile », a confié un leader communautaire de la Ouaka. « Si le MRPC se sent trahi, la violence pourrait éclater à nouveau, anéantissant des années d’efforts ». Le gouvernement n’a pas encore répondu publiquement aux demandes du MRPC, mais l’implication de figures comme Hassan Bouba, désormais ministre, complique la situation. Son rôle dans la première arrestation d’Adam alimente les soupçons d’agendas personnels ou factionnels.
Face à cette montée des tensions, la communauté internationale est sous pression pour agir. La Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA), qui soutient les efforts de désarmement à Bambari, pourrait devoir jouer un rôle de médiateur pour éviter une escalade. Pendant ce temps, l’appel à la justice du MRPC trouve un écho auprès de nombreux habitants de Bambari, qui voient en Adam une figure ayant tenté de concilier rébellion et réconciliation, seulement pour être piégée par le système qu’il cherchait à soutenir.
Pour l’heure, tous les regards se tournent vers Bangui et la prison de Ngaragba, où le sort d’Hamed Adam pourrait déterminer si Bambari reste un symbole d’espoir ou retombe dans le cycle de violence qui a longtemps marqué la République centrafricaine….
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