Bangui (République centrafricaine) – Une cinquantaine des jeunes victimes du crime organisé ont été arrêtées et écrouées ce vendredi 3 janvier à la compagnie nationale de sécurité (CNS) à Bangui pour nécessité d’enquête.
Du jamais vu !C’est une histoire rocambolesque et inédite dans l’histoire du crime organisé en République centrafricaine.
Selon les témoins de la scène, tout a commencé dans la journée du vendredi 3 janvier 2020 quand une cinquantaine des jeunes, majoritairement enthousiastes, crânes rasés et accompagnés pour certains par leur famille, arrivent avec leurs bagages à l’aéroport international de Bangui Mpoko dans l’espoir de quitter la République centrafricaine à bord d’un avion militaire spécialement affrété par le président Kagamé pour une formation des commandos d’élite dans son pays.
Cependant, le commissaire de l’aéroport, Cédric, surpris d’apprendre auprès de ces jeunes qu’ils vont quitter le pays pour une formation au Rwanda, contacte très rapidement à son tour la présidence de la République pour plus d’information sur le vol qui pourrait les embarquer tous.
Contre toute attente, son interlocuteur, à la présidence, lui apprend qu’aucun entourage du chef de l’État serait au courant de cette histoire de formation militaire au Rwanda cette année. Ceci dit, ces jeunes pourraient être des victimes d’une vaste série d’escroquerie du jamais vue en Centrafrique.
Afin d’avoir le cœur net, le commissaire de l’aéroport appelle son collègue Directeur de la compagnie nationale de sécurité (CNS), le colonel Sim Joaki Danigoumandji, qui ordonne à son tour la mise en garde à vue de ces jeunes « nouvelles recrues » pour nécessité d’enquête.
Finalement, après trois jours d’audition et de garde à vue, la thèse d’une escroquerie de masse est privilégiée, et les victimes ont été toutes libérées ce lundi matin.
Contactés par CNC, cinq des victimes expliquent avoir versé environ une somme de 100 000 francs CFA (152 euros) par personne à leurs mystérieux recruteurs QI sont encore non identifiés par le service de police.
Selon quelques éléments d’informations recueillies par les enquêteurs, les victimes racontent d’avoir été contactées par des rabatteurs, parmi lesquels se trouvent certains membres de l’armée.
Comme dit un adage populaire, « il n’y a pas de fumée sans feu ». D’après certains observateurs nationaux, si aujourd’hui les arnaqueurs profitent abusivement de certains jeunes c’est parce que la seule porte de sortie du chômage dans le pays c’est d’être incorporé dans l’armée. Là encore, pour être incorporé, il faut débourser d’importante somme d’argent au titre de pot de vin. À défaut, il faut nécessairement faire partie du clan au pouvoir afin d’espérer quelque chose. Et les escrocs, qui connaissent très bien comment fonctionne le système, en ont profité pour abuser financièrement les jeunes.
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