Bangui (République centrafricaine ) – Depuis quelques jours, l’affaire opposant Ali Darassa, chef d’État major de l’UPC, à monsieur Hassan Bouba, conseiller politique de l’UPC défraye la chronique à Bangui comme en province. Le chef de l’État, Faustin Archange TOUADERA, et son Premier ministre, Firmin NGRÉBADA, qui se sont ralliés derrière Ali Darassa dans ce bras de fer inédit, enfoncent le clou. Tandis que Hassan Bouba, qui tente difficilement de relever ses gants, s’active dans l’ombre pour se défendre. Que s’est-il réellement passé ? Enquête spéciale et inédite du CNC.
Dans une correspondance adressée au Premier ministre Firmin NGRÉBADA, et intitulée « lettre de proposition » en date de 20 avril 2020, le chef d’État major de l’UPC, l’autoproclamé général d’armée 5 étoiles Ali Darassa propose le nommé Mahamat Ibrahim, un autre sujet tchadien, au poste du ministre conseiller du Premier ministre, au Remplacement de Monsieur Hassan Bouba, aux prises avec lui depuis près d’un mois, alors que quelques jours plutôt, à Bangui, la nomination de Hassan Bouba à la tête du ministère de l’élevage faisait l’objet de discussion entre le chef rebelle, Ali Darassa, et le Président de la République, Faustin Archange TOUADERA, par l’entremise du Premier ministre Firmin NGRÉBADA. Finalement, la nomination de Hassan Bouba au gouvernement a été abrogée par le chef de l’État, qui demande par ailleurs au chef rebelle de lui propose un autre nom pour ce poste ministériel qui revient d’office à l’UPC.
Mais pourquoi Ali Darassa s’acharne-t-il contre son ami et conseiller politique de l’UPC Hassan Bouba ?
Les Russes à la manœuvre
Selon les premiers éléments d’information recueillis par le bureau d’enquête et d’analyse de Corbeaunews (BEAC), tout avait commencé à la fin du mois dernier par une affaire d’exploitation aurifère dans la commune de Ndassima, dans les environs de Bakala, préfecture de la Ouaka, au centre de la République centrafricaine.
Ce site minier, attribué récemment et frauduleusement à une société russe par le gouvernement, est situé dans des localités sous contrôle militaire des rebelles de l’UPC (Unité pour la paix en Centrafrique ) du chef rebelle Ali Darassa. Une somme de 100 000 dollars américains, soit environ 65 millions de francs CFA lui avaient été versés par la société russe, et les travaux devraient commencer d’un moment à l’autre.
Cependant, les Russes, avant de commencer les travaux d’extraction minière dans la zone, sollicitent l’appui du chef rebelle Ali Darassa. Ils demandent à celui-ci l’affectation de 50 de ses hommes lourdement armés pour sécuriser les chantiers. Et ce n’est pas tout, ils sollicitent aussi au chef rebelle de leur proposer la liste de 100 hommes, rebelles ou pas, qui seront employés comme artisans miniers sur les chantiers. Aussi, sur chaque homme affecté sur ce chantier, le chef rebelle Ali Darassa va percevoir un pourcentage sur leur salaire. Un business dans le business.
Contrat minier menacé par Hassan Bouba
Cet accord, bien scellé et coordonné par Valery Zakharov, conseiller russe du chef de l’État en matière de sécurité, semble être menacé par le sulfureux Hassan Bouba, pourtant ami direct de ce dernier.
Contre toute attente, les Russes, qui voient le diable partout, écartent monsieur Hassan Bouba de ce business. Ils l’ont soupçonné de faire le jeu des Français dans cette affaire de mine de Ndassima, attribuée initialement dans la règle du jeu à une société canadienne, puis réattribuée frauduleusement à une société russe. Cette affaire, qui fait l’objet d’une plainte devant la justice internationale, est à l’origine de la colère des Russes, mais également du chef de l’État Faustin Archange TOUADERA contre le tchadien Hassan Bouba, conseiller politique de l’UPC.
Le chef rebelle Ali Darassa, qui a perçu une importante somme d’argent dans cette affaire, semble emboîter les pas des Russes en écartant immédiatement Hassan Bouba, soupçonné de collaborer avec le service de renseignement français pour déstabiliser l’UPC dans la Ouaka.
Ainsi, sur l’ordre des Russes, Hassan Bouba est écarté de tout : sa nomination au gouvernement est abrogée, il est limogé aussi de son poste du conseiller du Premier ministre, mais également de son poste au sein de l’UPC.
Un bras de fer inédit qui fait réagit ce dernier qui est sorti de ses gants. Selon des informations du CNC, celui-ci voudrait rendre la monnaie de singe à son ex-patron Ali Darassa. Mais pour l’heure, il se dit réservé quant à la réponse face à cette affaire.
Affaire à suivre…
Gisèle MOLOMA
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