Bangui, République centrafricaine, mercredi, 9 décembre 2020, 05:08:46 ( Corbeaunews-Centrafrique ). Avant la crise politique, économique et sécuritaire de 2013, derrière l’agriculture et l’exploitation forestière, les ressources minières constituaient l’une des principales sources de richesse du Pays. Cependant, ces ressources profitent aujourd’hui davantage aux nouveaux investisseurs qu’à la population centrafricaine.
En Centrafrique, 80% des diamants sont de qualité gemme, c’est-à-dire d’une pureté et d’une clarté certifiée. La qualité de ces pierres classe le pays au cinquième rang mondial en matière de gemmes. En 2010, l’exportation des diamants représentait 11% des revenus du pays. Néanmoins, malgré la mise en place du processus de Kimberley, les richesses n’ont pas profité aux Centrafricains. Selon le secrétariat du processus de Kimberley et la Banque Mondiale, une partie des revenus miniers a financé les groupes rebelles et au moins 30% des diamants récoltés quittaient la RCA illégalement.
Aujourd’hui, l’exploitation des mines de diamants se poursuit, cependant les efforts des Centrafricains qui y travaillent ne sont pas récompensés. En effet, la méthode d’extraction est malheureusement restée au stade artisanal, le pays ne disposant pas de moyens technologiques pour exploiter au mieux ses ressources. Cela a amené différentes puissances étrangères à convoiter les mines centrafricaines et à investir dans ce secteur. La Russie est à la pointe dans ce domaine, avec la société Lobaye Invest, Alrosa et le Groupe Financier international, formé à partir d’un regroupement de sociétés à capitaux russes. A cela s’ajoute un nouvel acteur russe qui se consacre à l’import et à l’export du diamant : « la société s’appelle Diamville » selon les propos du Ministre centrafricain des Mines et de la Géologie, Léopold Mboli-Fatran.
En dépit des investissements extérieurs, les conditions de travail dans ce secteur sont loin d’être exemplaires.
Effectivement, différentes problématiques sont rapportées sur les mines contrôlées par les sociétés russes, et pour cause : productivité et rentabilité priment sur les conditions de travail. La dureté des surveillants envers les mineurs est critiquée. On parle de coups de pieds, d’insultes, de menaces et d’intimidations… Et ces comportements poussent les travailleurs centrafricains à aller ailleurs. A ce rythme, les exploitations russes vont finir par faire appel à leur propre main d’œuvre en faisant venir des prisonniers russes. Ainsi, en économisant la paye des travailleurs locaux, les concessions minières deviendraient plus rentables. En effet, les prisonniers russes travaillent en moyenne 16 à 17 h par jour pour une poignée de roubles. Peu étonnant… car ce ne serait pas la première fois que des responsables russes utilisent leur population carcérale pour diminuer leurs dépenses. En 2018, sur leur propre territoire, les prisonniers ont été employés sur les chantiers engendrés par la Coupe du Monde de Football pour diminuer le coût de ceux-ci.
Dans le même temps, depuis quelques semaines, différents médias communiquent sur l’arrivée massive de Russes à Bangui. Selon Le Nouveau Centrafrique, le « 11 novembre 2020, deux convois de l’armée de l’air de la Fédération de Russie ont débarqué 500 Russes sur le tarmac de l’aéroport international de Bangui ». D’après le média, ces 500 hommes seraient venus uniquement dans l’optique de sécuriser le processus électoral à venir. Mais 500 hommes, cela ne fait-il pas beaucoup pour une élection ? Après avoir échangé avec des sources proches de la présidence désireuses de garder l’anonymat par crainte des représailles « il est envisageable que parmi ces hommes, bon nombre iront davantage sécuriser les mines et remplacer la main d’œuvre centrafricaine afin de disposer d’un contrôle total sur l’exploitation des diamants ».
Qui vivra verra…
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Par Adama Bria
Journaliste
Alain Nzilo
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