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Rassemblement et coordination des forces : l’appel du général François Bozizé pour une lutte militaire unifiée en Centrafrique

Rassemblement et coordination des forces : l’appel du général François Bozizé pour une lutte militaire unifiée en Centrafrique

 

L'ancien Président centrafricain François Bozizé
L’ancien Président centrafricain François Bozizé

 

 

Bangui, 08 juin 2023 (CNC) —  Dans une entrevue exclusive accordée à CNC, le général François Bozizé, ancien chef de l’État centrafricain et actuel leader de la Coalition des Patriotes pour le Changement (CPC), s’exprime sur la crise politique qui secoue la République centrafricaine. Il aborde les raisons qui l’ont poussé à reprendre les armes, la tyrannie du président Touadera et les violations de la constitution. Le général Bozizé rappelle que le silence est aussi un langage.

” Tant que vous ne parlez pas il est difficile de savoir ce que vous pensez et allez faire”. Dixit le Général. Et d’ajouter que ceux qui justifient leur décision de se lancer dans la lutte armée par son silence se trompent eux-mêmes. Qu’il est, par conséquent, important de rassembler les forces pour mettre fin à la nouvelle colonisation sauvage qui frappe le pays. En d’autre terme, c’est une manière de dire que la CPC, avec les moyens dont elle dispose, reste ouverte à l’adhésion de tous les autres mouvements armés dans le pays dont l’objectif est de chasser le président Touadera et les mercenaires de la société terroriste Wagner de Centrafrique.   

Ci-dessous, l’interview exclusive :

 

CNC : General François Bozizé, bonjour

 

General François Bozizé : Bonjour

 

CNC : Merci d’avoir accepté, pour la première fois, de répondre à nos questions, deux ou trois, mon général. Vous êtes beaucoup plus connu comme Général que l’ancien chef de l’Etat centrafricain et c’est à ce titre, à notre avis, que vous aviez réussi à rassembler certains mouvements rebelles sous votre coordination dans la CPC, et qui vous a permis d’arriver aux portes de la capitale, Bangui, en janvier 2021. Depuis lors, la CPC est dans la guérilla et vous, après un accord à l’issue Angola, Tchad et RCA, vous vous êtes retrouvé en Guinée-Bissau depuis le 3 mars. Racontez à nos lecteurs, pourquoi vous aviez accepté de reprendre les armes et pourquoi vous vous pliez à la volonté de Touadera de quitter Ndjamena ?

 

General François Bozizé : Dès mon retour en 2019 après sept ans d’exil en Ouganda, j’avais cru reprendre ma place dans l’arène politique pour œuvrer au renforcement de la démocratie nationale depuis ma formation politique, KNK. Mais Monsieur TOUADÉRA a décidé de m’écarter de la compétition politique.

Mon exclusion par TOUADÉRA  de la liste des candidats comme il l’a fait pour certains était si flagrante qu’il fallait donner une réponse vigoureuse à ses dérives autoritaires.

Mais notre entente avec les instances de la CEEAC suite à leur volonté d’obtenir de TOUADÉRA la convocation d’un dialogue national inclusif nous a amené à arrêter les hostilités et à accepter l’exil à N’Djamena.

Notre départ en Guinée Bissau est le résultat des négociations entre TOUADÉRA et les autorités américaines suite à quoi il aurait pris des engagements pour le retour de la paix en Centrafrique. Mais je sais qu’il n’en sera rien.

CNC : Vous dites que vous vous êtes levé pour combattre la tyrannie de Touadera et de Wagner. Je ne sais pas, si c’est par ce que vous connaissez très bien votre ancien Premier ministre Touadera sinon, mon général, vous êtes vraiment un visionnaire. Ces derniers jours, la tyrannie de Touadera et Wagner est activée. Toutes les ressources, terres agricoles de vos concitoyens seront vendues sur internet, vos compatriotes sont convoqués pour voter une nouvelle Constitution qui lui permettra de rester à vie au pouvoir jusqu’à ce que son fils devient majeur et prend sa place. Aucune réaction de la CPC. Pourquoi un tel silence mon général ?  

 

General François Bozizé : La CPC n’a pas choisi de combattre le pouvoir de TOUADÉRA par des discours. Nous savons comment il fonctionne. Nous n’avions pas été compris lorsque nous avions décidé d’utiliser la voie armée contre le pouvoir de TOUADÉRA. Aujourd’hui presque tout le monde nous donne raison et est convaincu que seul l’opposition armée fera plier ce pouvoir criminel et terroriste.

J’ai toujours été un homme silencieux ; je ne prends la parole que lorsque c’est vraiment nécessaire. Je préfère l’action à la parole car nous sommes dans une dynamique de rapport de force.

Pour avoir fait 10 ans à la magistrature suprême de l’État et servi l’Etat, avant cela, auprès des grands hommes d’État de ce pays, on entrevoit avec aisance les ruses des hommes politiques.

 

CNC : Depuis l’annonce de ce referendum constitutionnel, les leaders des partis politiques crient à un coup d’Etat constitutionnel dans le pays. Armel Nigatoloum Sayo, ancien chef rebelle, Ferdinand Nguendet, ancien chef d’Etat de Transition, demandent la démission du président Touadera et se disent prêts à prendre ou à reprendre les armes sou peu. Ce n’est pas votre silence, l’inaction de la CPC qui les poussent à reprendre le lead ? mon général. Même l’appel au secours de Jean Serge Wafio à votre endroit, est resté sans réponse. Pourquoi ? Pourtant vos compatriotes comptent sur vous pour chasser celui que vous l’aviez fait roi dans ce pays. Ou bien, c’est par ce que y’a un adage africain dit que « le chien qui mord n’aboie pas ? »

 

 General François Bozizé : Plusieurs personnes me reprochent d’avoir fait de TOUADÉRA un bourreau de la nation. Mais non ! J’ai fait confiance à TOUADÉRA comme je pouvais le faire à n’importe quel autre compatriote. Je ne suis pas Dieu pour connaître les pensées d’un homme.

A propos de moi, vous avez tout dit ; ma voie est celle du silence et de l’action. Le silence est aussi un langage. Tant que vous ne parlez pas il est difficile de savoir ce que vous pensez et allez faire. Certains ont choisi la parole pour combattre l’autoritarisme, mais moi, le silence et l’action.

Ceux qui justifient leur décision de se lancer dans la lutte par mon silence se trompent eux-mêmes mais pas le peuple. Il y a tellement d’actes posés par le régime de TOUADÉRA qui devaient justifier leur décision. Évitons cette manière qui consiste à contourner les autres au lieu d’aller à leur rencontre.

Lorsque vous n’êtes pas sur le terrain de l’action et au faîte des manœuvres des hommes dont les intérêts s’entrechoquent avec leur devoir, vous ne comprendrez jamais pourquoi l’histoire ne se déploie pas comme vous l’attendez.

Mon rapport au peuple est un rapport toujours emprunt de confiance et de franchise. C’est pourquoi ce peuple me fait toujours confiance, car il sait que je ne l’abandonnerai pas lorsque je prends un engagement pour lui.

 

CNC : Votre dernier mot, mon général. Et croyez-moi que l’ordre constitutionnel est volé en éclat et cherche à reprendre la direction de la tyrannie si rien n’est fait d’ici le 30 juillet 2023. Le peuple centrafricain peut encore compter sur vous ou pas ? mon général François Bozizé.

 

General François Bozizé : Personne n’a respecté la constitution depuis toujours. C’est cette même violation qui m’a fait partir du pouvoir. Après moi et depuis que je suis de retour nous vivons la violation continue de la constitution.

La violation qu’en fait TOUADÉRA de la constitution dépasse l’entendement. Nous sommes dans un régime hors constitution ; c’est l’anarchie, l’autoritarisme tyrannique que vit le peuple.

Au peuple centrafricain je continue de faire confiance et en retour je lui demande de continuer de me faire confiance. Je me suis engagé à ne pas le trahir, et si Dieu le veut, je le sortirai de cette souffrance comme je l’avais fait en 2003 par la grâce de Dieu.

A tous mes compatriotes je voudrai enfin dire que le temps n’est pas à des actions séparées et éparses. L’heure est au rassemblement des forces aussi, la Coalition des Patriotes pour le Changement, CPC, reste ouverte à toutes initiatives favorables à des concertations nécessaires à une coordination unique des combattants, gage de succès dans notre lutte de libération de notre pays d’une nouvelle colonisation sauvage.

 

CNC : General François Bozizé, nous vous remercions.

 

General François Bozizé : C’est moi qui vous remercie.

 

Propos recueillis par Gisèle MOLOMA

 

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