L’insécurité alimentaire en Centrafrique

Publié le 19 octobre 2017 , 4:27
Mis à jour le: 19 octobre 2017 4:27 pm

L’insécurité alimentaire en Centrafrique

 

FAO Bambari. Credit photo : Fred Krock, copyrightCNC.

 

 

Nairobi, le 19 octobre 2017.

Par : un contributeur centrafricain du CNC depuis Nairobi.

 

Aperçu

La République Centrafricaine fait aujourd’hui partie des pays les plus pauvres du monde. Car depuis mars 2013, le pays traverse l’une des pires crises socio politiques de son histoire entrainant des conflits armés et exactions intercommunautaires sans précédent. Cette crise socio politique constitue jusque-là une grande barrière pour le développement du pays et a des conséquences humanitaires considérables. Car il faut reconnaitre que l’insécurité permanente sur presque toute l’étendue du territoire, l’instabilité politique, les contraintes logistiques  et la baisse des financements freinent l’accès humanitaire et explique les difficultés à répondre aux besoins des innocents et plus vulnérables citoyens centrafricains. Il  faut donc rappeler que l’insécurité alimentaire est devenue un problème majeur touchant la plupart de la population,  en raison de la production insuffisante des denrées agricoles, de l’impact négatif du changement climatique sur la production alimentaire et des prix élevés des denrées alimentaires à Bangui et ses environs. Pour la majorité des ménages centrafricains, l’insécurité alimentaire est très sévère, limitant leur capacité d’assurer les besoins alimentaires et de garantir une alimentation équilibrée pour les membres les plus vulnérables. De ce fait, dans le souci de promouvoir le développement et le bien-être du peuple centrafricain, j’ai jugé utile voire nécessaire de porter un regard critique sur le sujet de l’insécurité alimentaire qui constitue jusque-là un défi majeur pour le peuple centrafricain en général. Ceci étant, quelles sont aujourd’hui les causes fondamentales de l’insécurité alimentaire en Centrafrique ? Pourquoi le peuple Centrafricain manque d’une alimentation équilibrée alors que le pays est doté de beaucoup de richesses naturelles ? A la lumière de ces questions, je m’intéresserais plus particulièrement à la cause de cette insécurité alimentaire que vivent les centrafricains aujourd’hui, avant de donner quelques pistes de solutions pour la sortie de cette crise alimentaire.

  • Causes de l’insécurité alimentaire en Centrafrique

Portant un regard critique sur les défis de l’insécurité alimentaire que rencontrent les centrafricains aujourd’hui, et selon mes analyses, il faut sans doute avouer que les causes sont tout d’abord politique due aux chocs sécuritaires qui ont des impacts économiques et environnementaux. Nous pouvons à cet effet citer le faible accès aux intrants agricoles, le risque de déplacement, le pillage des récoltes par les bandes armées, la faible capacité d’écoulement des débouchées du fait de la dégradation des routes. Notons aussi que la crise politique cause ainsi les tensions intercommunautaires entre agriculteurs et éleveurs dans les zones de concentration du bétail. S’ajoute à cela, l’insécurité qui amène les éleveurs et agriculteurs à délaisser leurs activités. Ceci conduit inévitablement aux manques de denrées alimentaires sur le marché. Ainsi, la production agricole reste extrêmement fragile et ne suffit toujours pas à la consommation nationale. On assiste alors à une dégradation d’insécurité alimentaire généralisée ; et coïncide avec un nombre important de déplacés et d’incidents sécuritaires qui se trouvent dans des sites des déplacés communément appelés « Ledger ». Voilà pourquoi, la population la plus affectée par la crise politique a sans doute des déficits alimentaires extrêmes et subit une perte extrême des avoirs relatifs aux moyens d’existence entraînant des déficits de consommation alimentaire à court terme, et/ou connait des taux de malnutrition aiguë très élevés ou une mortalité excessive. Précisons aussi que l’instabilité socio politique et les déplacements de la population continuent de perturber l’agriculture et limitent considérablement l’accès des populations à la nourriture au moment où les habitants sont confrontés à la fois aux conséquences de plusieurs mauvaises récoltes, à des perturbations sur les marchés et à une flambée des prix des aliments de base. Et selon une analyse de FAO, les meurtres et les pillages ont réduit de près de moitié le nombre de bovins par rapport aux niveaux d’avant la crise alors que le nombre de chèvres et de moutons a reculé de près de 57%. Et l’insécurité et les dégâts causés aux infrastructures ont limité les activités de pêche, ce qui a entraîné une baisse des captures de 40% en 2015 par rapport à 2012.

Par ailleurs, dans plusieurs régions aujourd’hui en Centrafrique, la majorité de la population est confrontée à des défis humanitaires et alimentaires extrêmes. Cette population à moins de ressources humaines, matérielles et financières pour surmonter les obstacles structurels créés par une pauvreté de longue durée et par le chômage qui ont été exacerbés par la crise politique depuis 2013. Notons aussi que l’insécurité sur toute l’étendue du territoire fait en telle sorte que la population à peur de vaquer à ses occupations agricoles et commerciales afin de garantir une sécurité alimentaire équilibrée. Cette insécurité liée à la crise socio politique freine inévitablement l’accès de la population aux ressources naturelles, aux systèmes et moyens de production et d’acheminement des denrées agricoles sur le marché. L’impact des groupes armés sur le territoire notamment dans les provinces se fait sans doute ressentir sur le développement économique du fait du ralentissement des échanges commerciaux. Ceci provoque de véritables séquelles sur les moyens d’existence et par voie de conséquences sur la sécurité alimentaire. Ainsi, la persistance de l’insécurité alimentaire est devenue un mécanisme récurrent dans plusieurs régions et voir même sur la quasi-totalité du territoire.

Suite à cette analyse, il ressort donc clairement que la République Centrafricaine traverse une crise profonde et complexe aux conséquences humanitaires et alimentaires considérables. Ainsi, la quasi-totalité du territoire présente une situation de crise ou d’urgence alimentaire. A cet effet, quelles sont les voies de solutions qui pourront éventuellement rassurer une sécurité alimentaire équilibrée en Centrafrique ?

  • Quelques voies de solutions

Nous devons d’abord reconnaitre que la raison fondamentale de l’insécurité alimentaire aujourd’hui en Centrafrique  est sans aucun doute la crise socio politique qui le pays a connu et continue de connaitre. Cette crise a des impacts sur le plan économique, social et environnemental. A ce point de vue, l’insécurité devient un problème majeur pour une bonne transaction des produits alimentaires pour garantir la survie de la population. Ainsi, je pense que la première chose à faire est d’interpeller le gouvernement à prendre ses responsabilités afin d’assurer la sécurité du territoire en décrivant les contraintes sécuritaires. L’Etat doit user de ses pouvoirs pour arrêter les exactions causées par les groupes armés sur la paisible population qui a peur d’exercer ses activités agricoles. Car nous savons que l’agriculture constitue un grand atout pour le développement de la Centrafrique. Donc je pense que si les groupes armés ne sont pas disponible pour établir le dialogue avec l’Etat, ce dernier n’a pas un autre choix que d’utiliser ses pouvoirs pour ramener les rebelles à la raison. Car nombreux sont des gens qui meurent à cause de la rébellion. L’Etat ou du moins le gouvernement ne peut que collaborer avec ceux qui aiment le dialogue. A ce stade je salue l’effort que le président de la République est entrain de consentir pour promouvoir le dialogue avec les groupe armés. Cependant, je pense que si ces groupes armés ne manifestent pas le désire de collaboration, il faut finalement les ramener sur le droit chemin car ils constituent déjà un danger pour la sécurité sociale. La preuve en est que nombreux sont les éleveurs et agriculteurs qui délaissent aujourd’hui leurs activités tout simplement par peur des exactions des groupes armés.

Une autre voie de sortie de cette crise alimentaire serait le renforcement de la production, du stockage et de la commercialisation qui pourra corriger durablement les indicateurs de la sécurité alimentaire, renforcer leur résilience et favoriser un relèvement rapide.

Le gouvernement doit aussi adopter une bonne stratégie pour relancer le secteur agricole et de l’élevage afin de faciliter la réintégration des personnes vulnérables par la crise socio politique en aidant les jeunes et les exploitations familiales à améliorer leur capacité à produire. Et fournir une aide alimentaire aux personnes dans les situations d’urgence et travaillant aux côtés des communautés locales pour améliorer la nutrition et renforcer la résilience.

Le gouvernement doit sans doute s’engager pour atténuer les effets négatifs de la crise sur la production agricole et la sécurité alimentaire.

Pour mettre un terme à notre analyse, rappelant qu’en Centrafrique aujourd’hui la moitié de la population est en insécurité alimentaire. La crise politique a poussé les paysans loin des champs et les éleveurs loin de leurs bétails. Les récoltes sont mauvaises, les prix flambent et la situation s’aggrave. Ceci exige une réaction d’urgence du gouvernement centrafricain et de certaines organisations internationales qui sont habilité à intervenir sur le plan alimentaire.

 

 

 

 

 

Aucun article à afficher