L’existence de Boko Haram en Centrafrique?

Publié le 29 octobre 2014 , 6:37
Mis à jour le: 30 octobre 2014 10:42 am

La Minusca dans la ville de Bouar. photo UNMINUSCA

L’existence de Boko Haram en Centrafrique

Corbeau News Centrafrique (CNC), 29-10-2014 – 23h28: Je l’avais annoncé, et lors d’un entretien avec un ancien ministre de la Centrafrique, influent de la sécurité publique qui était en poste sous le régime Bozizé, je lui avais dit dans son bureau ministériel que le pays est en danger pour ne pas dire toute l’Afrique, il faut que le gouvernement centrafricain prenne des dispositions sécuritaires dès maintenant avant qu’il ne soit tard. Bizarrement dans ce pays de paradoxe, les informations sensibles comme celles-là sont souvent négligées par les autorités du pays. Souvenez-vous aussi comment le feu président Ange-Félix PATASSE a perdu le pouvoir. Les professionnels des médias avaient annoncé que les rebelles de BOZIZE sont à quelques kilomètres de Bangui. Le gouvernement centrafricain avait simplifié et négligé l’information. Le ministre de la Sécurité publique de l’époque, Jacquesson MAZETTE n’avait pas fait son travail pour protéger Bangui et le régime du MLPC. Bref ! Même si nous ne partageons pas directement une frontière avec ce grand pays d’Afrique trop peuplé (plus de 155 millions ha) et qui a une forte colonie chez nous depuis 1970, car émigrés soient-ils et très dynamiques dans le commerce des boissons et vente des pièces détachées, les nigérians en Centrafrique vivaient très en proximité des musulmans du quartier Km5 à Bangui. Ce quartier populaire qui n’est qu’une poudrière, continue de faire parler de lui depuis que l’ex-séléka s’était emparé du pouvoir le 24 mars 2013 par les armes. Et pourquoi ce quartier où circule beaucoup d’armes de guerre n’est jamais désarmé alors que toutes forces du monde sont là dans le pays y compris Sangaris? On peut dire que c’est un état-major intégriste au centre de la capitale centrafricaine qui ne dit pas son nom. D’ailleurs, le Nigéria ami à la Centrafrique est un pays laïc comme le nôtre et beaucoup de ses Etats dans le nord que j’ai eu à visiter pendant plusieurs années sont pour la plupart des Etats fédéraux à majorité musulmane vivant ensemble avec les chrétiens.

Je me souviens d’une interview de l’ancien ministre de la Défense nationale, Jean Francis BOZIZE accordée à RFI sur la situation sécuritaire du pays. Ce dernier dans ses réponses, a montré les faiblesses de notre armée, en déclarant que notre territoire est vaste et manque des moyens logistiques et matériels, et qu’on n’arrive pas à contrôler l’ensemble du territoire national pour faire face à d’éventuelles attaques des ennemis. Et comment Jean Bedel BOKASSA ou André KOLINGBA faisaient à l’époque pour que le pays soit bien sécurisé ??? Je me posais la question. Je crois que beaucoup de compatriotes qui suivaient bien les actualités brûlantes du pays n’ont pas manqué l’écoute de cette déclaration si grave de ce membre du gouvernement et non le moindre durant le régime de son père, François BOZIZE, destitué par Michel DJOTODIA, l’autre chef de guerre qui, n’occupe plus le fauteuil présidentiel mais continue de faire un clin d’œil aux centrafricains pour revenir au pouvoir. Et quel pouvoir encore ? On en reparlera plus tard si la persistance Djotodiane ne lâche pas prise. Cela confirme bien entendu, la porosité de nos frontières partagées avec six (6) pays dont la plupart a vécu également des conflits politico-militaires tels que le Congo-Brazza, le Congo Démocratique (en continue), les deux Soudan en perpétuel conflit pétrolier et le Tchad où beaucoup de rébellion ont émergé dont les nôtres. C’est avec beaucoup de regret que je puisse le dire ainsi. Il y a rien de plus laid, destructif et cynique que la rébellion que si on veut parler du développement et de l’émergence.

En effet, lors des Premiers Etats Généraux des Médias Centrafricains (PEGMC) en 2008, tenus dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale, je me suis inscrit parmi les intervenants en plénière pour interpeller les membres du Haut Conseil de la Communication (HCC) qui avait délivré l’autorisation à la radio islamique dénommée radio de la « paix », situé sur l’Avenue des martyrs non loin du quartier Miskine, projet financé par une ONG d’un Etat islamique de Moyen-Orient. Il va sans dire que beaucoup d’infrastructures ont été financées par ces ONG des Etats islamiques en Afrique et chez nous tels que le lycée Ben RACHID (qualifié BEN LADDEN) construit en face du stade 20000 places voisin direct de SACATEL Bangui Sica et un autre centre scolaire moderne très bien équipés que les établissements publics sur la route de Boali. Un bus scolaire tout neuf est mis à la disposition de l’établissement pour le transport des élèves.

Selon le Dr BAKARY SAMBE d’origine sénégalaise, professeur à l’Université de Saint-Louis au Sénégal, qui a révélé lors du lancement  de l’Institut africain de géopolitique en présence d’éminents professeurs et officiers des armées, que les terroristes et extrémistes de l’islam ont profité des politiques d’ajustement structurel d’alors pour tenter de s’implanter et véhiculer leurs idéologies en Afrique à travers des Organisations non gouvernementales (Ong). Le thème du conférencier était : « la communauté internationale face au terrorisme mondialisé des jihadistes autoproclamés de Daech : quelle doit être la contribution des musulmans d’Afrique ? ». Selon lui, une stratégie a donné le couple Irafa et Dahwa. Dahwa signifie la prédication et Irafa, le secours humanitaire. En plus, ces extrémistes que le conférencier qualifie de marchands d’illusions surfent sur la misère de la population et d’une jeunesse désœuvrée qui a plus besoin de perspectives économiques de développement que d’idéologies importées et nuisibles à la cohésion sociale. Pour preuve, en Centrafrique, la jeunesse est instrumentalisée par ces marchands d’illusions. Le cas de l’ex-coalition séléka qui n’a pas réussi à son projet machiavélique d’islamisation de la république centrafricaine est illustratif. Michel DJOTODIA en mettant le cap sur Bangui pour destituer le régime de François BOZIZE a enrôlé la jeunesse centrafricaine et les désœuvrés qui ont abandonné la culture agricole espérant voir leur condition de vie s’améliorée avec un régime plus sanguinaire que celui de BOZIZE. Ironie du sort ! Et si des écoles islamiques radicales sont développées dans la zone de Nana-Mambéré principalement à Bouar et que cela est relevé par certains compatriotes. Il est normal puisque l’islam commercial s’est d’abord installé pendant de nombreuses années, bien développé dans le nord du pays et la montée de Boko Haram au nord du Nigéria a facilité l’extension aux marchands d’idéologies surtout que nous avions des frontières bien perméables avec le Tchad et le nord Cameroun où les régions sont quasiment musulmanes. Avec la chute du régime de Mouhammar KADHAFI, les choses ont vite développé. Les éléments de cette secte islamique Boko Haram et les extrémistes n’auront pas de difficulté pour infiltrer la région. La crise du Mali qui est encore loin à son terme en dit plus puisque très difficile à résoudre. Les jihadistes d’Aqmi continuent de tenir le langage d’autodétermination après la répartition rejetée par le gouvernement malien dans les négociations alors que la population malienne aspire à un Mali indivisible et un seul.

Il y a un autre projet qui est peut-être avorté, lequel avait charmé le gouvernement centrafricain de l’époque tombé dans le piège des islamistes. A savoir la construction de l’Université arabe dans la région d’Am ndafock à l’extrême nord du pays proche à la frontière avec le Soudan. C’était d’ailleurs soutenu par le Rectorat centrafricain. Un autre danger pour la Centrafrique si la mise en œuvre était effective. L’on peut dire que c’est la plus forte stratégie des islamistes pour dérouter la culture et l’éducation centrafricaine francophone. Le gouvernement centrafricain naïf qu’il est, ne comprenait rien des stratégies islamiques serait comptée parmi les Etats formateurs des terroristes par les Etats-Unis de Barack OBAMA et l’Europe qui ont engagé la guerre contre les Etats islamiques. Dieu merci, on a échappé à ce projet diabolique. Mais rien n’est fini puisqu’on est encore dans le bourbier. Les sources de financement étaient prévues par les pays arabes (Arabie Saoudite, Qatar) d’intelligence avec le Soudan. Puisque la convention serait signée entre le gouvernement de BOZIZE déchu et son homologue soudanais.
Face au danger de l’intégrisme islamique en Afrique, le collègue de Dr BAKARI, le sénégalais ABDOU Latif Aidara, expert conférencier au Centre d’Etudes Diplomatiques et Stratégiques (Ceds), préconise le renforcement par l’Etat des confréries sénégalaises puisque les écoles coraniques au Sénégal sont aussi nombreuses que les établissements publics et privés. Selon lui, c’est une manière d’échapper aux jihadistes et extrémistes. Vous êtes sans ignorer que le Sénégal est un pays laïc comme la Centrafrique mais avec des pourcentages des religions renversés. Le Sénégal est constitué de 85% des musulmans et 15% des chrétiens. Un pays de paix exemplaire en Afrique qui vit en parfaite symbiose entre les communautés. Alors que la RCA devrait être bien citée en exemple comme le pays de Teranga qui accueille bientôt le XVème sommet de la francophonie du 29 au 30 novembre 2014 où plusieurs maux qui retardent le développement de l’Afrique seront débattus, notamment la pauvreté, les emplois pour la jeunesse francophone  et la sécurité. Interviewé à propos des jihadistes et extrémistes, le président en exercice qui va passer le flambeau à son successeur qui sera élu, ABDOU DIOUF a déclaré, « les jihadistes sont les hommes du diable ». Alors, en Centrafrique, il faut faire attention aux hommes du diable comme au Sénégal et dans les autres pays de la planète qui aspirent à la paix et à la sécurité. Tout porte à croire que la crise centrafricaine est bel et bien entretenue par les hommes du diable, alors que c’est le pays du Christ (chrétiens qui ne doivent pas verser le sang de son prochain) et des musulmans non extrémistes et non radicaux.

journaliste politique et culturel
journaliste politique et culturel

Pierre INZA

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