vendredi, novembre 15, 2024
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Le néocolonialisme culturel de la Russie en Centrafrique.

Lycée Barthelemy Boganda de Bangui. Credit photo : Mickael Kossi/CNC.

 

Bangui (CNC) – Les élèves du Lycée Barthélémy Boganda ont eu la surprise, le 05 avril dernier, de voir surgir dans leur établissment une délégation russe venue troubler la quiétude de leurs études. Dans quel but ? Un docte professeur d’histoire leur a vanté les beautés de la langue russe que les fils et les filles de Centrafrique pourrait bientôt apprendre dans tout le pays, aux dires de cet étrange trublion de la Volga. Sans oublier les bourses pour étudier en Russie qu’il s’est vanté de répandre à profusion.

 

Il ne leur a sans doute pas dit comment les rares étudiants africains étaient accueillis dans ce pays glacial où le racisme est monnaie courante. Combien de jeunes africains exilés agressés ou discriminés alors qu’ils croyaient venir dans une nation amie pour enrichir leur esprit et accroître leur savoir ? En réalité, les boursiers africains ne profitent guère de l’accueil d’un pays qui les rejette. Les jeunes centrafricains ne s’y trompent pas d’ailleurs et, lorsqu’ils en ont la possibilité, préfèrent toujours faire leurs études en Europe ou aux Etats-Unis.

 

Bien sûr, il est souhaitable que des jeunes centrafricains apprennent le russe, car la Russie est une grande puissance. Il nous faut des diplomates capables de traiter, en nation souveraine et indépendante, avec leurs homologues russes. Mais pourquoi privilégier spécialement cette langue ? Pourquoi pas le chinois ou l’arabe ?

 

Les jeunes centrafricains ont l’habitude, dès l’enfance, de penser, parler, s’exprimer tour à tour en deux langues, le français et le sango. Ils ont donc l’esprit particulièrement agile et apte à apprendre les langues étrangères. Mais le sango reste la langue de nos pères. Le français est un atout supplémentaire. Chacun sait que l’anglais est la langue des affaires, partout dans le monde. Quel est donc l’intérêt de d’orienter la jeunesse centrafricaine vers le russe ? L’auguste professeur moscovite nous donne la réponse. Les russes ont prévu de s’installer massivement dans notre pays. Ils n’ont pas l’intention d’apprendre notre culture, de connaître nos langues et craignent de manquer d’interprète pour communiquer avec les centrafricains. Ils pensent que c’est à nous de s’adapter à leur présence, comme si nous étions chez eux.

 

On a déjà raconté le traitement horrible que les mercenaires russes infligent aux soldats des Forces armées centrafricaines qui commettent le crime de parler leur langue maternelle, au camp de Berengo. Les russe en profitent aussi pour soudoyer des journalistes serviles et entretiennent à grands frais une radio Lengo Songo pour mieux prêcher leur bonne parole. Mais le centrafricain est un drôle de paroissien qui ne se laisse pas faire !

 

En fait, ce plan d’imposer sa culture à un peuple que l’on souhaite soumettre porte un nom que l’Afrique connaît trop bien : le néocolonialisme.

 

Du contrôle de la sécurité nationale au pillage des ressources minières sous couvert d’entreprises mafieuses bien connues, en passant par le projet d’imposer leur culture, les russes se dispersent tous azimuthes. « Qui trop embrasse, mal étreint », dit l’adage, et les intentions néocolonialistes de nos soi-disant amis russes commencent vraiment à se voir.

Qui vivra, verra.

 

 

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